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Bilan de Dlamini Zuma à la tête de l’UA : on en attendait plus
Publié le mercredi 20 juillet 2016  |  Le Pays
Nkosazana
© Autre presse par DR
Nkosazana Dlamini-Zuma, présidente de la Commission de l`Union africaine




Les lampions se sont éteints à Kigali sur le raout des têtes couronnées du continent. Ce 27e sommet de l’Union Africaine devait tourner la page de l’ère Dlamini Zuma dont le mandat échu aux commandes de l’organisation, devait lui faire ses adieux. Même si, pour l’instant, faute de quorum des chefs d’Etat sur sa succession, elle bénéficie d’un bonus jusqu’au mois de janvier prochain, l’heure est aux décomptes des acquis et des insuffisances de son passage à la tête de l’institution.
Partie avec toutes les faveurs des pronostics, il était beaucoup attendu de cette Sud-africaine en qui d’aucuns voyaient « la dame de fer africaine ». Et il faut le dire, elle disposait de plus d’un atout pour s’attaquer avec succès aux tâches titanesques de construction et de reconstruction du continent. Son passé de combattante de la liberté et de l’égalité dans l’ANC aux côtés de leaders prestigieux et charismatiques comme Nelson Mandela et le leadership continental qu’ambitionnait son pays, l’Afrique du Sud, la prédestinaient à une épopée glorieuse au sommet de l’Union.

On peine à déceler la touche Dlamini Zuma sur l’édifice de l’institution

A cela, on pouvait ajouter son statut de femme et mère plus sensible aux tragédies qui se jouent sur le continent. Et pour être exhaustif, elle avait décuplé son capital de sympathie auprès de nombreux idéalistes africains en incarnant, par son élection à la tête de l’UA, le triomphe de l’Afrique sur une France néocoloniale qui soutenait en sous-main Jean Ping pour garder sa mainmise sur le continent.
Et on peut le dire, sur certaines questions, les espoirs soulevés n’ont pas été déçus car elle s’est parfois positivement illustrée par de fortes sorties lors de certains spasmes de l’histoire continentale. A titre illustratif, dans la crise burkinabè, elle n’a pas hésité à qualifier les putschistes de « terroristes » et à brandir au-dessus de leurs têtes comme une épée de Damoclès, la menace de sanctions et de poursuites judiciaires. Autre scène, le Burundi où la crise a été pour elle, l’occasion de faire montre de fermeté vis-à-vis de la dictature de Bujumbura, même si in fine, son opiniâtreté n’a guère dépassé le cadre de l’effet d’annonce parce que non suivie d’actions concrètes. Hormis ces quelques déclarations à forte sensation dans les situations conjoncturelles, on peine à déceler la touche Dlamini Zuma sur l’édifice de l’institution. Sur le plan de la gouvernance démocratique, elle n’est pas parvenue à imposer à ses propres géniteurs, la charte de la démocratie et de la transparence des élections, laissant ainsi le continent à vau-l’eau dans les mares saumâtres des tripatouillages constitutionnels et des hold-up électoraux comme au Burundi ou dans les deux Congo. Rien de notable non plus à souligner à propos des préoccupations socioéconomiques des populations, reléguant ainsi aux calendes grecques l’UA des peuples. Sur le plan sécuritaire, elle fera ses valises dans une maison encore fortement hantée par le sceptre de la terreur djihadiste et ce, pendant que le Soudan du Sud se meurt dans une guerre fratricide et rétrograde. Au plan international, elle laisse en jachère le combat du repositionnement international de l’Afrique à travers son entrée au Conseil de sécurité de l’ONU.
Ce bilan mitigé a fini par étouffer la voix qui s’élevait au-dessus de la mêlée et des messes basses, rendant de plus en plus lointain son écho qui, finalement, s’est dissipé sur les hauts sommets éthiopiens. Mais pouvait-il en être autrement quand, comme le disent les Ivoiriens, « l’éléphant annoncé est arrivé avec un pied cassé»?
En effet, de par la volonté des chefs d’Etat qui sont à la fois les mandants et principaux bénéficiaires, le fonctionnement de l’UA n’offre à la présidence de la Commission que peu de marge de manœuvre. Comme dans les Etats « gondwanais » qu’ils dirigent, ils concentrent la réalité du pouvoir de l’UA. Et en leur sein, de nombreux « Nkurunziza » tapis dans l’ombre, n’attendent que l’heure pour révéler leur nature hideuse à la face du monde. Il est peu donc d’affirmer qu’ils sont nombreux à rire sous cape et à acclamer le départ de Dlamini Zuma, qui sonne pour eux comme un ouf de soulagement. En plus du carcan imposé par ces satrapes du continent qui ont érigé l’Union Africaine en syndicat des chefs d’Etat, il faut aussi souligner la faiblesse des ressources qui, comme on le sait, constituent le nerf de la guerre. « La plus belle femme du monde, dit-on, ne peut donner que ce qu’elle a ».

Dlamini Zuma qui était annoncée dans la lignée du Malien Alpha Omar Konaré, n’en n’aura été qu’un pâle reflet

Nkosazana Dlamini Zuma se sera battue avec les armes en sa possession et le plus souvent, contre des moulins à vent. Et ironie du sort, c’est elle qui essuie toutes les critiques quant à l’inefficacité de ce « machin » africain qu’elle s’impatiente sans doute de refiler comme une patate chaude, à son successeur.
Ce bilan en demi-teinte de dame Zuma est aussi le résultat du peu de soutien que lui a apporté son pays, l’Afrique du Sud. Le président Jacob Zuma empêtré dans ses frasques retentissantes, a fini par jeter l’opprobre sur les couleurs de la nation arc-en-ciel, mettant ainsi en berne ses ambitions de leadership continental. Mais cela ne saurait être une excuse car Nkosazana Dlamini ZUMA savait qu’elle ne pouvait rien attendre de son ex-époux qui a manœuvré pour l’expatrier à l’Union africaine parce qu’elle le dérangeait par ses ambitions présidentielles. D’aucuns d’ailleurs lui font le reproche d’avoir été desservie dans son efficacité par le trop grand souci qu’elle a eu de sa propre carrière politique. Elle a dû ménager œufs et oignons pour conserver ou s’attirer sympathies et soutiens sur le continent, au service de sa prochaine candidature aux élections présidentielles en Afrique du Sud.
Au finish, cette dame qui était annoncée dans la lignée du Malien Alpha Omar Konaré, n’en n’aura été qu’un pâle reflet, manquant de poigne dans ses sorties pour affirmer clairement ses positions et bousculer les chefs d’Etat de leur piédestal. Konaré a eu l’avantage d’avoir été chef d’Etat et démocrate exemplaire, ce qui lui offrait un certain ascendant sur ses pairs encore en exercice. C’est en cela qu’il serait souhaitable que dans les nécessaires réformes à mener au sein de l’UA, la fonction de président de la Commission de l’Union africaine soit dévolue aux anciens chefs d’Etat qui ont fait preuve d’une vertueuse gouvernance démocratique.

« Le Pays »
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