Souleymane Marc Sawadogo, le nouveau maire de la commune rurale de Dablo dans la province du Sanmatenga, élu sous la bannière du CDP (sorti minoritaire des élections municipales avec 10 sièges sur les 21 en compétition), pourra-t-il conduire normalement son conseil ? En effet, le MPP, majoritaire avec 11 élus, a, par la voix d’Ousmane Zango, son candidat malheureux, annoncé que ses élus s’abstiendraient de participer aux activités du conseil. Cela en attendant la décision des instances du parti au niveau national. C’est ce qu’il nous a confié le mardi 13 juillet 2016.
Vous êtes sans doute connu à l’échelle locale, mais certainement pas au plan national. Pour ceux de nos lecteurs qui ne vous connaissent pas, qui est Ousmane Zango ?
Je suis agent social à la direction générale de l’encadrement, de la protection de l’enfance et de l’adolescent du ministère de Femme, de la Solidarité nationale et de la Famille. Je suis un militant du MPP, et je me suis porté candidat lors des élections municipales dans le village de Bawenne dans la commune rurale de Dablo (ndlr : province du Sanmatenga) où j’ai été élu.
Votre parti est majoritaire au conseil municipal de Dablo, mais vous avez été battu dans la course à la mairie par le candidat du CDP. Qu’est ce qui explique cela ?
Au soir des élections municipales du 22 mai 2016, notre parti a, sur les 21 sièges en compétition à Dablo, obtenu 11 contre 10 au CDP, l’ancienne formation politique au pouvoir. Conformément aux textes de mon parti, des primaires ont été organisées au niveau local, et ma modeste personne a été retenue par la majorité des élus pour briguer le poste de maire le jour de la mise en place de l’organe dirigeant du conseil. Dans l’optique de promouvoir l’unité des fils et des filles de Dablo sans distinction de parti politique afin de booster un véritable développement de la localité, nous avons à l’unanimité au sein des élus du MPP décidé de concéder 02 postes au CDP, à savoir la présidence de la commission aménagement foncier et gestion du territoire et un des 02 fauteuils de conseillers régionaux.
Le mardi 21 juin dernier, jour choisi pour la mise en place du bureau du conseil, l’élu du CDP Souleymane Marc Sawadogo s’est proposé candidat au poste de maire contre moi. Au décompte des bulletins de vote et à notre grande surprise, j’ai obtenu 10 voix, et mon challenger du CDP en a eu 11. Nous avons donc compris qu’il y a un traître parmi les élus du MPP, et pour mieux en comprendre la raison, nous avons demandé une pause pour nous concerter. Mais un de nos élus en la personne de Sawadogo Jean Pierre, le plus âgé d’ailleurs de tout le conseil et qui avait été retenu selon les textes comme président de séance, a refusé de quitter la salle. Nous avons donc compris que le traître n’était autre que le doyen de nos élus. Lorsque nous avons décidé de repartir en salle pour la suite du vote, la sécurité nous en a refusé l’accès. Les élus du CDP se sont donc attribués tous les postes de l’organe dirigeant du conseil sans attribuer de poste à notre parti, qui est majoritaire. Lorsque nous avons demandé des explications à notre élu en question, il a déclaré avoir été pris en otage dans la salle. Il a, séance tenante, devant les élus et les militants du parti très remontés à cause de sa trahison, rédigé sa lettre de démission du MPP et de son poste de conseiller municipal. Nous avons transmis ladite lettre à notre section provinciale du Sanmatenga.
Maintenant, qu’est-ce qui a été décidé comme conduite à tenir pour les élus MPP de Dablo ?
Le MPP étant un parti structuré et organisé, les instances au niveau national, ayant été informées de la situation, devront selon les textes procéder au remplacement de l’élu démissionnaire et aussi donner des instructions à ses élus. En attendant, nous nous abstenons de participer aux activités du conseil municipal parce que la population de Dablo a exprimé son choix en confiant la majorité au MPP pour gérer la commune. Nous sommes conscients qu’un boycott de nos élus peut occasionner un blocage du fonctionnement du conseil, mais nous ne pouvons pas non plus trahir la confiance que les électeurs dans leur majorité ont faite au MPP, le parti au pouvoir.
C’est donc le bras de fer qui est engagé ?
Nous, nous invitons les élus du CDP de Dablo à se conformer à la volonté exprimée par notre population. Qu’ils sachent qu’aujourd’hui, on ne peut pas conquérir la tête d’une municipalité à travers l’achat de conscience et bien la gérer. Dans un contexte postinsurrection, les populations ne peuvent pas tolérer ces mauvaises pratiques. Je comprends la colère de nos élus, militants et sympathisants à Dablo, mais je les invite à garder le calme, la patience, et, surtout, à ne pas répondre aux provocations de nos adversaires politiques. Le MPP est un grand parti, et cette crise sera résolue pacifiquement dans les règles démocratiques. Notre souhait est que les instances du MPP accompagnent et fassent la promotion des jeunes. A Dablo par exemple, la jeunesse a cru au parti et s’est pleinement investie pour le hisser au premier rang lors des dernières élections présidentielle, législatives et municipales.
Entretien réalisé par D.D. Windpouyré Ouédraogo