La distribution universelle des Moustiquaires imprégnées d’insecticide à longue durée d’action (MILDA) qui a commencé le 15 juillet 2016 a pris fin hier 18 juillet. Quelques 10 millions de MILDA ont pu être ventilées gratuitement sur toute l’étendue du territoire national. Si le ministère de la Santé a rempli une partie de sa mission dans la lutte contre le paludisme, la balle est à présent dans le camp des populations qui doivent ‘’impérativement’’ dormir toutes les nuits sous les moustiquaires.
Le Burkina Faso a entrepris depuis quelques années, une stratégie avancée de prévention du paludisme, première cause de consultation et de décès. Il s’agit de la distribution gratuite de Moustiquaires imprégnées d’insecticide à longue durée d’action (MILDA). La première campagne a eu lieu en 2010. La deuxième est intervenue en 2013, puis la troisième cette année ; soit tous les trois ans. Pour la campagne de 2016, le gouvernement du Burkina Faso a acquis au profit du ministère de la Santé près de 11 millions de MILDA pour plus de 4 millions de ménages. Ce, à plus de 22 milliards de F CFA. Du 15 au 18 juillet 2016, les populations sont entrées en possession de ces moustiquaires. Une action qui traduit la volonté de l’Etat burkinabè de prévenir le paludisme surtout chez les femmes enceintes et les enfants. En 2015, plus de 8 millions de cas de paludisme ont été enregistrés dans des formations sanitaires avec à la clé plus de 5 mille décès. C’est pourquoi, une chose est de prendre la moustiquaire et une autre est d’en faire réellement usage toutes les nuits. En effet, certaines personnes ou certains ménages n’utilisent malheureusement pas les MILDA comme recommandé. D’autres ne les attachent même pas. La chaleur sous la moustiquaire, l’absence de familiarité sont, entre autres, les raisons avancées. Or, il est toujours préférable d’avoir chaud sous une MILDA et être en bonne santé que de dormir sans elle et se faire piquer par l’anophèle femelle. Dans certains villages, les populations vont même à utiliser les moustiquaires pour pêcher du poisson. La sensibilisation mérite alors d’être redoublée. Il faut obligatoirement que chaque ménage qui a bénéficié de moustiquaires les utilise à bon escient. L’utilisation de la moustiquaire est très simple. Avant d’attacher la moustiquaire, il faut l’exposer à l’ombre ou à l’air libre pendant 24 heures, puis s’assurer qu’un moustique n’a pas été oublié à l’intérieur lorsque l’on veut y dormir. Il faut aussi s’assurer qu’elle couvre bien le lit ou la natte.
De l’efficacité des MILDA
La durée de vie de l’imprégnation des MILDA selon les spécialistes en la matière est comprise entre cinq et sept ans. Ces moustiquaires peuvent être lavées plus de 21 fois et garder toujours leur efficacité. Mais le produit d’imprégnation est libéré au fur et à mesure. Une précision est nécessaire : ce n’est que lorsque la moustiquaire est sale qu’elle est doit être lavée.
Comment laver les MILDA ?
De nombreuses personnes ne savent pas que la moustiquaire se lave, encore moins comment elle doit être lavée. En effet, la moustiquaire sale se lave avec de l’eau et du savon ordinaire. Pour laver la MILDA, trois consignes sont à respecter. Il s’agit de :
• ne pas utiliser de l’eau de javel
• ne pas utiliser de l’eau tiède ou chaude
• toujours sécher la MILDA à l’ombre à plat et jamais au soleil
Après lavage, des professionnels de santé témoignent que le fait de conserver la moustiquaire dans un sachet en plastique pendant au moins 24 heures avant de la réutiliser renforce son efficacité.
En dehors de toutes ces mesures que doivent respecter les ménages, d’autres instructions s’imposent dans la prévention ou la lutte contre le paludisme. Ces mesures sont l’hygiène autour de soi. Ce, à travers la pulvérisation d’insecticides à effet rémanent à l’intérieur des habitations ou Pulvérisation intra-domiciliaire (PID) et la Lutte anti-larvaire (LAL). Les ordures ménagères, les eaux sales, les excrétas doivent être jetés dans des poubelles bien couvertes à l’extérieur de la maison. Ces ordures doivent ensuite être enlevées régulièrement. Le respect strict de ces dispositions devrait permettre de réduire considérablement les cas de paludisme dans les formations sanitaires.
Cette année, le thème de la Journée mondiale de lutte contre le paludisme est : « En finir définitivement avec le paludisme ». Un engagement qui ne vaut que lorsque les conseils sont respectés. D’autant qu’en Afrique, les données inquiètent plus d’un. Le taux de mortalité dû au paludisme est, en effet, d'au moins 85% en Afrique, 8% en Asie du Sud-Est, 5% dans l'Est de la Méditerranée et 1% dans l'Ouest du Pacifique. Actuellement, environ 40% de la population des pays les plus pauvres du monde est exposée au paludisme. Il est responsable de plus d'1 million de décès d'enfants par an, la plupart d'entre eux ayant moins de cinq ans. L’OMS estime à 3,2 milliards le nombre de personnes exposées au risque du paludisme. C’est donc dire que le bon usage des MILDA par les populations est très important.
Gaspard BAYALA