Lorsque dans le rang des panélistes il y a de fortes têtes, qui ont face à eux des « insurgés » ayant battu le rappel des troupes, il est fort à parier que le choc promet des étincelles. Dans l’après-midi du samedi 16 juillet 2016, pendant le débat organisé par le Cadre de concertation national des OSC, le phénomène des Koglwéogo et les récentes décisions de justice, notamment dans l’affaire du putsch manqué, ont ravi la vedette aux autres sujets. Et cela, dans une ambiance surchauffée !
Au menu, trois plats … de résistance, convenons-en : le passage à la 5e République, la problématique de la justice, et le cas des Koglwéogo. Etaient chargés de les concocter, de grands rhéteurs devant l’Eternel, parmi lesquels le professeur Abdoul Karim Sango et l’ancien diplomate Ismaël Diallo, cet ancien haut-représentant des Nations unies, sans bien sûr oublier celle qui est chargée de l’assaisonnement, Safiatou Lopez/Zongo. Aux premières loges, étaient en vue le patron du tribunal militaire, le colonel Sita Sangaré, et Mathias Tankoano, conseiller spécial du président du Faso. Et pour parfaire le tableau, les auditeurs, jeunes pour la plupart, et revendiquant avec fierté le titre d’insurgés. Par contre, aucun des représentants des trois syndicats de magistrats. Qui y ont pourtant été invités. Une absence qui n’est pas passée inaperçue et a été vivement fustigée par les organisateurs de la rencontre. Par contre ceux qui ont eu le «courage» d’être présents ont été vivement ovationnés, à l’image du représentant du ministère de la Sécurité, Thomas Dakouré, et surtout de Sita Sangaré qui s’est appesanti sur les amalgames faits « de bonne foi ou à dessein» à l’endroit de le justice militaire.
En guise d’entrée, les deux premiers thèmes ont été développés par le professeur Abdoul Karim Sango qui, visiblement, ne partage pas l’avis de l’autorité qui prévoit le mode référendaire pour basculer à la 5e République. A l’écouter, cette méthode est dispendieuse par ces temps de vaches maigres (autour de 4 milliards) et ne garantirait pas une grande participation des électeurs. Abdoul Karim Sango privilégie de ce fait la voie parlementaire. Le conseiller technique du MATDS (Administration territoriale, Décentralisation et Sécurité), Thomas Dakouré, a pour sa part développé avec brio l’historique des Koglwéogo, leur relation avec l’Etat, et les démarches entreprises par ce dernier afin que les dérives commises par ces milices cessent. Prendra sa place à la tribune Ismaël Diallo, qui se révèlera être de ceux qui ne veulent pas voir les Koglwéogo, même en peinture. Extraits de journaux à l’appui, il fera un exposé poignant sur leurs exactions tout en tirant à boulets rouges sur les susnommés. «Je ne suis pas là pour vous donner des massages, mais des messages », a-t-il prévenu, droit dans les yeux, l’auditoire, avant de poursuivre. «…J’ai dit depuis longtemps qu’il fallait les arrêter pendant qu’il est temps, car, d’ici un an, ils allaient créer des problèmes… ». En guise de conclusion, et se tournant vers Thomas Dakouré, celui qui a été très proche de Sankara demandera de transmettre cette commission à Simon Compaoré: « Monsieur le représentant, si vous rentrez, dites au ministre qu’il a tort ». En guise d’antidote, Mathias Tankoano, conseiller spécial du chef de l’Etat, a d’abord pris soin de soulever la situation d’insécurité qui a contribué à la création de ces milices d’autodéfense. Et l’homme qui a certainement la latitude de chuchoter à l’oreille du locataire de Kosyam de faire cette prédiction : « D’ici trois mois, vous ne verrez plus un Koglwéogo attacher quelqu’un. Nous allons les démanteler… mais de façon intelligente et sans mort d’homme ». Applaudissements nourris du côté de ceux qui veulent la tête des hommes de Rasamkan Naaba Sonré.
Issa K. Barry