Le colonel Yacouba Ouédraogo, ancien ministre des Sports, quitte la tête de son parti, l’Union pour un Burkina nouveau. Il explique les raisons à ses militants dans cette lettre parvenue à Fasozine. Il avait été incarcéré à la Maison d’arrêt et de correction des armées dans le cadre de l’enquête sur le putsch manqué de l’ex Régiment de sécurité présidentielle (RSP) contre les autorités de la Transition.
«Militantes et Militants de l’Union pour un Burkina Nouveau (UBN)
Chers compatriotes,
Lorsqu’en 2011, j’ai été appelé pour la toute première fois au gouvernement pour diriger le département en charge des sports et des loisirs ; devant le climat politique déjà délétère à l’époque, j’avais vite senti la nécessité de créer une association apolitique dont l’objectif était de réunir tous nos compatriotes autour d’un idéal : celui d’un Burkina Nouveau où chacun serait un défenseur infatigable de la paix, condition sine qua non à tout développement.
Plus tard, les changements et ruptures intervenus fin 2014 dans les champs politiques, socioculturels et économiques à la faveur de l’insurrection populaire ont appelé de ma part une analyse profonde de ces différentes dynamiques et m’ont amené à me poser la question du ‘‘comment faire pour apporter ma contribution à l’avènement d’un Burkina en pleine mutation’’ ?
C’est ainsi qu’avec la compréhension de ma famille et le soutien d’amis proches (toutes chapelles politiques et religieuses confondues), moi qui n’avais jamais milité dans aucun parti politique au Burkina Faso ni ailleurs, je me suis jeté dans cette nouvelle aventure, avec la création de l’Union pour un Burkina Nouveau (UBN).
Il va de soi qu’une telle perspective impliquait nécessairement un consensus de pensée à cultiver, à entretenir et à développer. Le rêve d’un meilleur avenir pour tous mes compatriotes fondait ma confiance dans notre capacité collective à réaliser cette ambition pour notre cher pays.
Malheureusement, le cours de l’histoire ne tardera point à me mettre devant des péripéties qui me révéleront ce que j’appelle désormais ‘‘ la face hideuse des choses’’.
Chacun de nous peut servir le pays au poste où il se sent le mieux disposé. Pour ma part, j’estime que ma famille et mes proches ont suffisamment souffert des conséquences de ma décision d’entrer en politique.
Je voudrais d’ailleurs exprimer ici toute ma gratitude à tout ce beau monde auquel j’associe l’ensemble des militants de l’UBN, les responsables du parti, toutes les personnes-ressource qui, avec sincérité, m’ont apporté conseils, critiques, suggestions et recommandations utiles durant cette courte parenthèse de vie militante.
Chers compatriotes,
Les moments importants que traverse notre cher pays en ce moment demande, non seulement la mobilisation de tous ses fils et toutes ses filles, mais aussi et surtout des actions courageuses et patriotiques ne prenant en compte que les intérêts exclusifs du Burkina Faso.
J’ai donc l’honneur de vous informer, par la présente, de ma démission de toutes les instances de l’Union pour un Burkina Nouveau et du parti lui-même (UBN) pour compter d’aujourd’hui.
Cette décision, je l’ai prise seul, et face à ma conscience.
Conformément à nos textes, c’est le vice-président qui assure désormais l’intérim en attendant le prochain congrès.
Tout en souhaitant bon vent aux différents acteurs de la scène politique burkinabè, je prie Dieu d’apporter à chacun la bonne inspiration pour le bien du Burkina et de ses populations. »
Yacouba OUEDRAOGO
Commandeur de l’Ordre National
Médaille d’Honneur Militaire