Le Cadre national des organisations de la société civile (CNOSC) a organisé une conférence-débats, le lundi 11 juillet 2016, à Ouagadougou. Les participants ont échangé sur l’activisme politique des structures associatives.
L’activisme politique des acteurs de la société civile a été mis en question par le Cadre national des organisations de la société civile (CNOSC). En effet, cette organisation a invité le Pr d’Université, Albert Ouédraogo et le juriste, Dr Abdoul Karim Sango pour animer un panel sur le thème: « OSC et politique ». C’est le juriste qui a été invité en premier à développer une communication sur la politisation du milieu associatif. Abdoul Karim Sango est remonté à l’année 2007 pour situer l’affiliation partisane marquée des OSC avec la création de la Fédération associative pour la paix et le progrès avec Blaise Compaoré (FEDAP-BC). Cette association a été dissoute en mai 2015, par le gouvernement de Transition pour « ses prises de position à connotation politique, ayant participé à détériorer le climat sociopolitique », a-t-il rappelé. La FEDAP-BC a été présentée par le conférencier comme l’exemple typique de l’OSC partisanne, c’est-à-dire, « un parti politique déguisé, ou encore une antichambre de parti politique ». L’intervention des mouvements associatifs dans la sphère politique n’est pas négative en soi, a souligné le conférencier. Il est même de leur devoir de participer à l’animation de la vie de la nation en ayant un regard critique sur les actions des politiques, a-t-il expliqué. Selon Dr. Sango, en effet, « une OSC qui ne critique pas les actions des gouvernants n’a aucune utilité ». Le hic, en son sens, est le fait que ces organisations en viennent à biaiser leur but initial en servant de champ de propagande ou de porte-voix à des hommes et des partis politiques. De l’avis du communicateur, cette situation serait due aux difficultés pour les associations à financer leurs activités. Il y a ajouté, la liberté de création des OSC, puisque, selon lui, « n’importe qui peut se cacher derrière des visées citoyennes pour se constituer une structure de mobilisation ». Tout en déplorant cet état de fait, Abdoul Karim Sango s’est référé à la loi portant régime juridique des associations. A l’en croire, cette dernière interdit aux membres dirigeants de partis politiques d’être cumulativement membres dirigeants d’OSC.
Les OSC, invitées à promouvoir l’excellence
Les mécanismes de contrôle étant peu pertinents, le conférencier a jugé que seule l’éthique des activistes de la société civile peut les ramener à leurs rôles citoyens, d’organes de veille. A la suite du Dr Sango, le Pr Albert Ouédraogo a développé une seconde communication relative à la promotion de l’excellence au sein des Organisations de la société civile(OSC). A en croire le second conférencier, les acteurs du pouvoir public et les militants d’OSC ont longtemps entretenu des rapports de méfiance et de défiance au Burkina Faso. Pourtant, a-t-il laissé entendre, « les dirigeants ne sont pas toujours des voleurs et les acteurs de la société civile des aigris incapables ». Des compétences existent parmi les membres de la société civile. Mais leur émergence est plombée par le climat de suspicion et la rivalité que les OSC entretiennent entre elles. Pour lui, la solution est que les animateurs des organisations citoyennes transcendent leurs égos et mettent en avant l’intérêt général. Il a donc suggéré le regroupement des associations dans des fédérations pour promouvoir l’excellence en leur sein. Les deux communications ont été jugées pertinentes par l’assistance composée d’activistes de la société civile. Ce qui a conforté le CNOSC, représenté par son secrétaire général, Pierre Aimé Ouédraogo, dans son initiative. Ce dernier a confié que les perspectives de la structure faîtière est de porter ce type de débat sur « l’assainissement » du milieu associatif auprès des populations de l’intérieur du pays.
Fabé Mamadou OUATTARA