Une délégation du Chef de file de l’opposition politique burkinabè (CFOP) a rencontré, hier, 7 juillet 2016, à Kosyam, le Président du Faso, Roch Marck Christian Kaboré. Plusieurs points ont été abordés. Le chef de l’Etat a, à la suite de l’opposition, reçu en audience le mouvement « Balai citoyen »
Au lendemain de la fête de ramadan, une délégation du Chef de file de l’opposition politique burkinabè est allée à la rencontre du chef de l’Etat, non pour lui souhaiter bonne fête, mais pour discuter des préoccupations concernant la vie de la Nation. Cette rencontre a eu lieu à la demande du président du Faso, a précisé le CFOP, Zéphirin Diabré, à la fin de la réunion. « Nous lui avons donc exposé nos attentes et attendons de lui », a-t-il poursuivi, qu’il instruise son gouvernement pour une prise en compte de ces questions ». Car « c’est un gain pour l’ensemble de la Nation, si un dialogue entre les deux parties permet de trouver des solutions aux préoccupations des Burkinabè », a-t-il argumenté, avant d’égrener une série de neuf préoccupations qui tiennent à cœur l’opposition burkinabè. La première concerne les problèmes sociaux tels que les questions d’éducation, de santé, d’emploi et le pouvoir d’achat. « Il y a une misère sociale constatée par tout le monde, si bien qu’il était encore important pour nous d’interpeller le président du Faso afin que des actions énergiques soient prises ». La deuxième question est d’ordre économique. « Notre pays a connu des bouleversements au cours des dernières années qui ont impacté sur le dynamisme des affaires », a soutenu le porte-parole de la délégation. « Le chef de l’Etat avait, pendant sa campagne électorale annoncé des mesures, nous attendons leur mise en œuvre », a t-il indiqué, en citant l’exemple de la dette intérieure où plusieurs opérateurs économiques ont toujours des factures en souffrance. « Si cette dette n’est pas payée, la chaîne de transfert qui permet la circulation de la monnaie sera défaillante et l’économie se portera mal », a prévenu le CFOP. Concernant le Programme national de développement économique et social (PNDES) en cours d’élaboration, l’opposition dit être attentive sur ce que ce nouveau référentiel va apporter de mieux aux populations. Toutefois, elle se dit disponible, si son expertise est sollicitée pour l’améliorer. La situation sécuritaire a été aussi débattue par les deux parties. « La crainte des Burkinabè en matière d’insécurité est très grande et nous souhaitons voir rapidement que nos forces de défense et de sécurité fassent des avancées en la matière », a insisté M. Diabré. Par ailleurs, celui-ci a demandé au gouvernement de faire en sorte que l’ensemble des facteurs qui ont donné naissance aux Koglwéogo soient éradiqués en vue d’une restauration de l’Etat.
Les excuses présidentielles
La question des violences électorales n’est pas passée sous silence pendant la rencontre. « Nous déplorons cette situation que nous n’avons jamais connue dans le passé et interpellons le chef de l’Etat et son gouvernement afin que les auteurs de ces actes soient poursuivis, arrêtés et châtiés conformément à la loi, car il est inadmissible que des vies humaines soient perdues pour des postes de maire », a martelé le chef de l’opposition. La commission constitutionnelle, l’indépendance et la célérité de la justice, l’incivisme et la question de la réconciliation nationale, le déblocage tardif des financements des partis politiques et la place de l’opposition politique ont également été débattus entre les deux parties. « Nous avons terminé en déplorant les différentes entraves dont ont été victimes certains leaders de l’opposition lorsque ces derniers se sont vus interdire de quitter le territoire national », a déclaré le chef de la délégation. Sur cette question, le président du Faso, à entendre Zéphirin Diabré, a présenté ses excuses pour ce qu’il a qualifié de « malentendus » et a pris l’engagement que ces erreurs ne se reproduiront plus. Au terme des échanges, le CFOP a apprécié positivement la rencontre car elle dénote une certaine disponibilité du chef de l’Etat au dialogue. Cette rencontre qui se tiendra désormais deux fois l’an imprime, selon M. Diabré, une nouvelle marque de notre démocratie au-delà de nos différentes opinions entre majorité et opposition.
Après l’opposition, le mouvement « Balai citoyen » a été reçu par le président Kaboré. Pour le porte-parole du mouvement, Guy Hervé Kam, cette visite a permis de présenter le prix « ambassadeur et conscience de Amnesty International » obtenu le 28 mai 2016 par son mouvement et d’autres organisations de la société civile africaine comme « Y a n’a mare ». « Le chef de l’Etat a apprécié que nous ayons pensé que ce prix revient à l’ensemble de la jeunesse burkinabè et nous a encouragés à persévérer dans le travail qui a valu ce prix » a-t-il témoigné.
Abdoulaye BALBONE