Le Réseau national de lutte anti-corruption (Ren-Lac) a respecté son rendez-vous annuel de présentation de son rapport sur l’état de la corruption au Burkina Faso. Ce document dévoilé ce jeudi 30 juin 2016 place les services de passation des marchés publics à la tête du peloton.
« Le président Roch Marc Christian Kaboré a pris l’engagement de promouvoir la méritocratie dans les nominations au sein des structures administratives en mettant l’homme qu’il faut à la place qu’il faut et de maintenir et générer le dispositif impartial de recrutement des plus hauts responsables des démembrements de l’Etat», a rappelé le Dr Claude Wetta, secrétaire exécutif du Ren-Lac.
Cependant, le Ren-Lac dit avoir le sentiment que « les signaux en matière de gouvernance et de volonté de lutte contre la corruption restent encore faibles». Le rapport note entre autres, des nominations de personnalités au passé trouble et dont la gestion n’a pas été des plus exemplaires. En exemple, Claude Wetta cite le nom d’une personnalité liée à la mauvaise gestion de parcelles à Koudougou et révoquée pour cette mauvaise gestion, mais qui a été nommé directeur de cabinet du chef de l’Etat.
Il y a aussi les cas de cette autre personnalité limogée en 2007 pour son implication dans une affaire de détournement de deniers publics à la Caisse autonome de retraite des fonctionnaires (Carfo), de l’ancien maire de la ville de Ouagadougou incriminé par la Cour des comptes dans l’affaire de la gestion de la réfection de la mairie de Ouagadougou, etc.
Le rapport 2015 comporte 119 pages. Il est basé sur les résultats d’un sondage réalisé, selon M. Wetta, du 2 au 16 novembre 2015 dans les 13 chefs-lieux de régions plus la ville de Pouytenga. Ce sondage a concerné 2 000 personnes âgées de 20 ans et plus. L’enquête a été réalisée sur la base d’un échantillonnage par quota tiré de la population issue du recensement général de la population et de l’habitation de 2006.
Les marchés publics en tête du peloton
Selon le rapport, «pour 87% des personnes enquêtées, les faits et pratiques de corruption sont fréquents voire très fréquents au Burkina Faso». Pourtant, une comparaison avec 2013 et 2014 montre que la perception de la fréquence de la corruption a légèrement baissé. Elle était de 96% en 2013 et de 91% en 2014.
Des services perçus comme les plus corrompus, le trio de tête reste inchangé. Les marchés publics, la douane et la police municipale sont respectivement classés 1er, 2ème et 3ème. La Direction générale des transports terrestres et maritimes (DGTTM) occupe la 4ème place, les impôts la 5ème et la justice la 6ème place.
Le rapport note que «les marchés publics ont été analysés comme étant une caverne d’Ali Baba» par les personnes sondées. «Du reste, c’est ce qui a conduit beaucoup de ministres de la quatrième République à un séjour à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou», souligne le Dr Wetta.
On remarque aussi que deux services font leur apparition cette année dans le classement mais en queue de peloton. Il s’agit de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) et de la Carfo, classées respectivement 17ème et 18ème. Tout en saluant les améliorations institutionnelles et législatives pendant la Transition, le rapport regrette cependant le manque d’exemplarité qui a caractérisé la conduite des affaires pendant cette période charnière.
Abel Azonhandé