A l’issue des élections municipales du 22 mai 2016, le CDP a obtenu 21 conseillers, le MPP 19, Le Faso autrement 3 et l’UPC 1 dans la commune rurale de Pabré à une quinzaine de kilomètres de Ouagadougou. Un mois après, il s’est tenu dans la même localité l’élection du conseil municipal. Le CDP y a remporté le poste de maire avec Amidou Simporé, 23 voix contre 21 pour Fernand Ouédraogo du MPP. Mais contre toute attente, le parti au pouvoir a déposé un recours au tribunal administratif pour contester les résultats et le procès est prévu pour ce jeudi 30 juin dans la matinée.
Mercredi 29 juin 2016. 15h30. Nous sommes à Pabré. Direction la mairie, la cour est déserte, le drapeau en berne. Tout semble aller comme sur des roulettes. Cap sur la préfecture. A quelque 100m de la mairie, une centaine d’engins à deux roues stationnés devant une cour sans portail bondée de monde. Nous sommes au siège du CDP où se tient une rencontre des militants. La raison de cela : les conseillers MPP de la commune ont déposé un recours au tribunal administratif pour contester les résultats de l’élection du conseil municipal. Là, un délégué explique l’origine de cette contestation : «Nous sommes dépassés par les évènements. Tout a commencé à partir de l’enrôlement, pendant lequel le parti au pouvoir torturait les citoyens qui venaient pour se faire enrôler.
Le 22 mai, lors des élections municipales, c’était la même chose. Des votants ont été poursuivis avec des machettes et des bâtons ; pourtant le vote est secret et de prime à bord on ne peut savoir qui vote tel ou tel autre parti. Le jour de l’élection, nous célébrions tranquillement au siège de notre parti notre victoire lorsque nous avons appris qu’une centaine de jeunes du MPP ont encerclé la mairie où se tenait le vote en vue d’attaquer nos camarades. Nous nous sommes approchés pour observer parce que les forces de sécurité étaient en place», a confié Moussa Nabolé, délégué CDP, avant d’ajouter : «Nous leur demandons de juste se soumettre aux résultats du vote et nous nous référerons à la décision de la justice». Pour K. Jules Ilboudo, conseiller CDP, l’élection s’est déroulée dans les normes le 23 juin dernier : «Le plus ancien a été choisi, il était d’ailleurs du MPP, Gabriel Zongo. Les deux secrétaires ont également été désignés, et le préfet a donné les consignes à suivre pour le déroulement du vote, qui s’est d’ailleurs bien passé. Nous avons eu 23 voix contre 21 pour le MPP. Tous ont applaudi, et Fernand Ouédraogo, candidat du MPP, a interpellé le président de céans et ils ont demandé une suspension de 10 mn pour se concerter. Une dizaine de minutes qui finiront par se transformer en une longue attente de plus de quatre heures à en croire M. Ilboudo. Au bout de ces heures d’attente, le préfet les a instruits de choisir un autre plus ancien pour continuer les élections.
C’est ainsi que les autres membres du conseil municipal ont été installés par les 23 autres conseillers (majorité absolue) qui étaient restés fêter en salle. Et les procès-verbaux ont été signés en présence de la sécurité, d’un huissier de justice. «A notre grande surprise, nous avons appris que le MPP a déposé un recours en justice contestant les résultats, mais nous faisons confiance à l’organe judiciaire, qui est pour tous les Burkinabè», a-t-il conclu. Quant au conseiller UPC, Mahamadi Kaboré, qui a donné sa voix au CDP, il pense que cette situation devrait être toute autre. Puisque celui qui a gagné est connu et le MPP doit respecter les résultats du vote. Il a pris comme illustration l’exemple de démocratie dont a fait montre Zéphirin Diabré lors de l’élection présidentielle dernière. La population de son côté espère que le tribunal tranchera en faveur du gagnant, car elle ne s’attendait pas à une telle situation. «On pensait qu’après les élections, tout était revenu au calme, mais avec ce recours on a l’impression qu’il y en a qui sont là pour détruire», a assuré Cécile Douamba, gérante de boutique. Ses propos sont corroborés par ceux d’Ernest Douamba : «Pour moi il n’a même pas de problème. Tout est clair, la victoire est à celui qui l’a. Si c’était le MPP qui avait eu le nombre de voix que le CDP a aujourd’hui, nous n’aurions pas vécu cette situation de contestation à Pabré ici». Rappelons-le, Pabré est le fief et le village natal du ministre de la Fonction publique, du Travail et de la Sécurité sociale, Clément P. Sawadogo.
Le MPP ?
Dans un souci d’équité, nous avons approché le MPP pour avoir leur version des faits, mais Gabriel Zongo, en deuil, n’a pu nous recevoir.
Ebou Mireille Bayala