Un sommet extraordinaire réunit en ce moment même à Bruxelles les Etats membre de l’Union européenne, suite au référendum du 19 juin dernier à l’issue duquel le peuple britannique a majoritairement exprimé son souhait de sortir de l’Union. Quelles pourraient être les conséquences de ce Brexit sur les relations entre l’UE et le Burkina Faso? Eclairage de l’ambassadeur Jean Lamy, chef de la délégation de l’Union européenne au «pays des Hommes intègres».
Fasozine: Comment avez-vous accueilli le verdict du référendum sur le Brexit?
Jean Lamy: l’Union européenne (UE), par la voix du président du Conseil européen et celui de la commission européenne, a indiqué qu’elle respecte le choix du peuple britannique et qu’il y avait tout un travail à organiser maintenant avec les questions qui se posent sur les modalités de ce Brexit. Il s’agit pour nous maintenant d’organiser les choses pour trouver les modalités de coopération entre le Royaume-Uni et les 27 pays qui restent dans l’Union européenne. Mais il est vrai que cela prendra un certain temps.
Quelles peuvent être les conséquences de ce Brexit sur les relations entre l’Union européenne et le Burkina Faso?
Le Royaume-Uni avait déjà obtenu, en février dernier, un accord spécifique qui organisait différemment sa participation à l’UE. Le Royaume-Uni est un partenaire et un contributeur important au budget de l’UE. Mais je ne pense pas qu’il y ait de conséquences immédiates. L’essentiel des conséquences concernera le Royaume-Uni avec les 27 autres pays qui restent dans l’UE. Il y aura aussi des conséquences sur les politiques internes de l’UE. C’est d’abord sur cette vingtaine de chapitres que vont porter les négociations de sortie.
En ce qui concerne l’action extérieure, il y a un principe dans les relations internationales qui indique clairement le respect des engagements quels que soient les changements politiques qui interviennent. Les engagements contractuels seront tenus. Quant aux engagements politiques, ils sont basés sur la confiance. Au regard de la situation particulière du Burkina Faso, qui sort d’un processus de sortie de crise remarquable et remarqué démocratiquement avec succès, je ne vois pas d’impact négatif ou direct dans l’immédiat.
Même s’il y a un débat dans les années à venir sur la stratégie globale de l’UE, il portera sur l’ensemble des pays partenaires de l’Union. Le président Roch Marc Christian Kaboré avait rencontré le président du conseil européen et les plus hauts responsables de l’action étrangère de l’UE lors de sa visite à Bruxelles. Et tous ont salué le succès du processus démocratique burkinabè. Tous ont dit qu’il convenait de continuer la coopération et même de la renforcer pour consolider l’objectif du gouvernement, l’état de droit, la démocratie et le processus de développement économique du Burkina Faso.
Quel est le contenu des discussions qui se mènent au sommet extraordinaire de l’Union qui se tient en ce moment à Bruxelles?
On peut dire comme n’importe quel observateur de l’extérieur qu’il y a beaucoup de questions qui se posent. C’est d’abord le système juridique des politiques communes de l’UE auxquelles participait le Royaume-Uni et dont il bénéficie. Il y a un système assez complexe pour que les agriculteurs, les entrepreneurs britanniques puissent avoir accès aux appuis, aux aides et au dispositif juridique commun à l’ensemble de l’UE. Il s’agit maintenant de trouver une nouvelle formule et voir dans quelles conditions les entrepreneurs au Royaume-Uni pourront continuer à avoir accès au marché unique. La troisième chose, c’est la libre circulation des personnes, des biens et des capitaux.
L’UE est-elle au bord de l’implosion?
Le référendum britannique a un effet bénéfique sur la construction européenne parce qu’il oblige à s’interroger sur les fondamentaux et sur la réalité des bénéfices de l’Union plutôt que de la désunion, et surtout sur les valeurs qui nous rassemblent. Même en Grande-Bretagne, il y a aujourd’hui un débat très actif un peu nouveau sur les valeurs qui nous rassemblent. Ces valeurs sont, entre autres, la liberté, la solidarité et l’esprit de justice pour le développement et le bien être des habitants.
Propos recueillis par Abel Azonhandé