Des habitants du quartier Zongho (arrondissement n°3) ont manifesté, le mardi 28 juin 2016 sur la route nationale n°1, à la sortie ouest de Ouagadougou. Elles dénoncent l’arrestation des Kogl-wéogo de leur secteur, le samedi 25 juin 2016.
Des populations du quartier Zongho dans l’arrondissement n°3 de Ouagadougou exigent la libération d’une dizaine de membres des groupes d’auto-défense, Kogl-wéogo (section Zongho), arrêtés, le samedi 25 juin 2016 par les forces de défense et de sécurité. Elles l’ont fait savoir en occupant pendant plusieurs heures, la Route nationale n°1(RN1), dans la matinée du mardi 28 juin 2016. Il est environ 10 heures 32 mn, lorsque l’équipe de reportage des Editions Sidwaya arrive sur les lieux. Nous apercevons une file de camions, de cars et de véhicules stationnés le long de la voie. Impossible d’accéder à l’autre côté de la voie. Las d’attendre, passagers et conducteurs préfèrent s’asseoir à même le bitume. Une foule compacte obstrue la voie et fait face à deux pick-up de la Compagnie républicaine de sécurité (CRS). Quelques éléments des CRS entament une négociation avec les différents «leaders» improvisés des manifestants. La confusion est totale. Plusieurs voix se font entendre.
Des inconnus survoltés lèvent le ton de temps à autre parmi la foule de manifestants. Les esprits se surchauffent davantage. Les forces de défense et de sécurité sont obligées de s’adresser à plusieurs interlocuteurs à la fois. La confusion est à son comble. C’est le dialogue de sourds qui prévaut. «Nous demandons la libération de nos frères Kogl-weogo et rien d’autre. Nous estimons qu’ils ont été injustement arrêtés.
S’ils sont relâchés, nous dégagerons immédiatement la voie ! », tempête Emmanuel Guissou, pointant un doigt accusateur en direction des forces de défense et de sécurité stationées un peu plus loin. Puis d’ajouter, trèsfurieux : «Lorsqu’il y a un conflit, les forces de défense et de sécurité entendent ou mettent aux arrêts les différentes parties impliquées».
Des «assaillants » venus de Rimkièta et de Bissighin
Selon lui, seuls les Kogl-weogo section Zongho ont été «embarqués» sans autre forme de procès. «Ce n’est pas normal ! Ils ont même arrêtés des personnes qui n’étaient même pas membres des Kogl-weogo », fulmine-t-il.
A ses dires, des « assaillants », venus des quartiers Rimkièta et Bissighin, auraient eu en ce moment le champ libre pour s’attaquer aux biens des groupes d’auto-défense de Zongho, « et de blesser les populations ». Les Kogl-weogo de Zongho n’ont-ils pas été attaqués par les populations dudit quartier comme cela a été relayé? « Ceux qui ont attaqué nos Kogl-weogo, le samedi dernier ne sont pas des résidents de Zongho. Ce n’est pas nous qui avons affronté les Kogl-weogo. Au contraire, depuis que les Kogl-weogo sont là, nous avons la paix. Pourquoi les aurions-nous attaqué ?», demande Mathias Sinaré, exigeant à son tour la libération de leurs «protecteurs », avant de se fondre dans l’assistance. Pour Edmond Nayaga, un autre résident du quartier Zongho, l’arrestation des Kogl-weogo a donné lieu à un regain d’insécurité dans la zone.
«Deux jours après leur mise aux arrêts, notre centre de santé et de promotion sociale et notre pharmacie ont été cambriolés. Deux motos ont également été volées. Vous voyez ? Si les Kogl-weogo étaient là, tout cela n’aurait pas eu lieu », témoigne-t-il, vêtu d’un débardeur humide et jauni. Sur ces entrefaites, le bruit des sirènes de deux ambulances retentissent dans l’air. Les manifestants sont bien obligés de libérer la voie afin de permettre aux deux véhicules de poursuivre leur chemin en direction de l’Ouest. Après leur passage, la «porte humaine» se referme automatiquement. Le tumulte reprend de plus belle au grand dam des forces de défense et de sécurité, visiblement excédées par l’entêtement de leurs vis-à-vis.
La présence du ministre en charge de la sécurité intérieure, Simon Compaoré, est même exigée par la foule. Mais, cette idée fera long feu. «Donnons aux autorités un délai pour libérer nos camarades. Dans le cas contraire, nous occuperons à nouveau la voie », propose une voix, au milieu de la foule. Cette énième tentative ne rencontre pas l’assentiment des manifestants. Leur message est clair : la levée du barrage est conditionnée par la libération des Kogl-weogo de Zongho. Les deux parties se regardent en chiens de faïence pendant plusieurs minutes. Les deux véhicules de la CRS effectuent une marche arrière de quelques mètres. «Reculez ! Mettez-vous de l’autre côté de la route », ordonne un élément des CRS, le visage « fermé », au reporter des Editions Sidwaya. La tension est dans l’air. L’ambiance est électrique. Quelques personnes dans la foule, sentant venir le danger, effectuent un repli stratégique. Sur ce, débouchent cinq pick up de la CRS. Leurs occupants, à peine descendus du véhicule, chargent la foule à plusieurs reprises de coup de gaz lacrymogène. L’air est irrespirable. C’est la débandade généralisée. La foule se disperse dans tous les sens. La RN1 est libérée…
Aubin W. NANA
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