Ouagadougou - Une centaine d’anciens militaires radiés en 2011 des forces armées du Burkina Faso pour des mutineries ont tenté lundi de manifester devant le ministère de la Défense, situé près du palais présidentiel pour demander leur réintégration dans le corps, a constaté l’AFP.
Habillé en tenue civile, ces ex-militaires n’ont pas pu atteindre l’immeuble abritant le ministère de la Défense à Ouaga 2000, le quartier huppé au sud de Ouagadougou où se trouvent les bureaux du président Roch Marc Christian Kaboré, élu en novembre. Ils ont été bloqués par des éléments
anti-émeutes de la gendarmerie nationale, a constaté l’AFP.
"C’était une marche pacifique. Nous voulions aller au ministère de la Défense (et) camper là-bas pendant 24 ou 48 heures", a indiqué le porte-parole des ex-soldats, l’ex-caporal Hervé Tapsoba. "Notre radiation est illégale et nous demandons tous à être réintégrés dans l’armée. Nous demandons aux autorités militaires et au ministre de la Défense (le président Kaboré, ndlr)
un traitement équitable du dossier nous concernant. Nous avons été radiés sans
être entendus une seule fois".
Au total, 626 soldats (militaires et gendarmes) ont été radiés des effectifs des forces armées burkinabè après une série de mutineries qui ont touché la quasi-totalité des garnisons du pays durant le printemps 2011.
Ces mutineries avaient culminé par la participation au mouvement de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP), la garde prétorienne du président de l’époque, Blaise Compaoré, qui avait dû se réfugier momentanément dans sa ville natale à Ziniaré, à 35 km au sud de Ouagadougou.
Pour reprendre la main, M. Compaoré avait limogé l’ensemble de son gouvernement et toute la hiérarchie militaire. Les derniers mutins avaient été matés à Bobo Dioulasso, deuxième ville du pays à 365 km à l’ouest. Il avait dans la foulée pris lui-même en main le portefeuille du ministère de la Défense.
Pour de nombreux observateurs, ces mutineries avaient marqué le début de lamfin de son régime qui s’est finalement effondré en octobre 2014 après 27 ans au pouvoir.
Il s’est depuis réfugié en Côte d’Ivoire où il a adopté la nationalité. Mais il a été inculpé par la justice burkinabè pour son rôle présumé dans l’assassinat du président Thomas Sankara (1983-1987) lors du putsch qui l’avait porté au pouvoir en 1987.
L’histoire du Burkina a été marquée par de nombreux putschs et de mutineries. En septembre 2015, le RSP avait vainement tenté de renverser le gouvernement de transition.
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