Mesdames et messieurs,
La communauté des Nations consacre le plus souvent une journée autour des fléaux qui menacent la survie de l'espèce humaine. C'est une occasion donnée aux Etats de faire une introspection, chacun à son niveau, afin de dégager des stratégies appropriées pour des réponses adéquates à ces fléaux.
C'est ainsi que le 26 juin de chaque année la communauté internationale, sous l'égide de l'Organisation des Nations Unies, commémore la Journée internationale de lutte contre le trafic et l'abus des drogues.
La drogue, faut-il le rappeler, tue non seulement les hommes physiquement et moralement mais aussi l'économie des pays où elle prend pied.
Dans un cas comme dans l'autre, elle sème la désolation, la violence, la pauvreté, le crime et la mort. En effet, d'autres fléaux tels que la corruption, le trafic d'armes illicites, les faux médicaments, le VIH-Sida, la traite des personnes, le blanchiment d'argent, la criminalité organisée, la piraterie et le terrorisme sont intimement liés au trafic et à l'abus des drogues ou en sont des facteurs aggravants.
Pour cette année 2016, le thème retenu pour la commémoration de la 27e édition de la Journée internationale de lutte contre l'abus et le trafic illicite des drogues est : «La problématique de la drogue en milieu scolaire : quelles stratégies de lutte pour une meilleure prévention». Ce thème est un appel à la responsabilité individuelle et collective.
Du reste, les dernières statistiques de l’Organisation des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC) font état de 200 millions de consommateurs de la drogue, soit 5% de la population mondiale qui ont un âge compris entre 15 et 64 ans.
Ces chiffres démontrent à souhait que le fléau est mondial d’une part, et d’autre part, prouvent que son éradication est un combat participatif de longue haleine.
Mesdames et Messieurs,
Le Burkina Faso, vous vous en doutez, n’est pas un îlot à l’abri des assauts des narcotrafiquants. Notre pays, de par sa position géographique, est devenu une zone de transit des drogues dures, (la cocaïne notamment) et de consommation des drogues dites douces (chanvre indien, amphétamines, etc.). Selon les statistiques de l'organe national de coordination de lutte contre ce fléau dans notre pays, à savoir le Comité national de lutte contre la drogue (CNLD), il a été saisi ces trois dernières années:
- 123,332 tonnes de Cannabis
- 51,048kilogrammes de Cocaïne
- 0,826kilogrammes d’Héroïne
- 36,173tonnes de Médicaments de rue
Par ailleurs, au cours de la même période, 791 personnes ont été prises en charge pour abus de drogues et pour la seule année 2015, nous avons enregistré 302 personnes prises en charge par les services de l'hôpital Yalgado Ouédraogo. A cela s'ajoutent 1975 enfants et jeunes en difficulté avec la loi pour toxicomanie qui ont été reçus dans les services de l'action sociale. En plus de ces données statistiques, il faut noter qu’au titre du 1er trimestre 2016, 63 élèves et 13 étudiants ont été interpellés pour faits de drogue par les services de détection et de répression.
Mesdames et Messieurs,
La consommation des drogues par les jeunes scolaires est une réalité dans notre pays. Pour sa part, le gouvernement reste convaincu que la jeunesse représente un capital de ressources inestimables au regard de son poids numérique et de ses capacités à la production. De ce fait, elle mérite toute notre affection et toute la rigueur qui sied en matière d'éducation et de protection contre le trafic et la consommation de drogues. Nous nous devons également de la protéger contre l'incivisme grandissant et la violence gratuite dans le milieu scolaire qui constituent des menaces directes à la paix et au progrès économique et social.
C’est pour cela que ces dernières années, un accent particulier a été mis sur la sensibilisation au regard de l’usage et l’abus des drogues dans les établissements scolaires, sous la direction du Comité National de lutte contre la Drogue en partenariat avec la société civile, afin d’interpeller notre jeunesse sur les conséquences néfastes de la drogue tant sur le développement socio-économique que sur la santé.
D’autres actions seront entreprises à l’endroit des parents et éducateurs pour qu’ensemble nous puissions mettre un frein à ce phénomène dévastateur de notre jeunesse, surtout scolaire.
Mesdames et Messieurs,
Le thème retenu par le Comité National de lutte contre la Drogue pour commémorer la 27e Journée internationale de lutte contre la drogue à savoir : «La problématique de la drogue en milieu scolaire : quelles stratégies de lutte pour une meilleure prévention?», nous interpelle tous sur la nécessité d’une prise de conscience et d’une synergie d’actions afin d’enrayer ce phénomène dans notre société. Le gouvernement est conscient que le combat est difficile car il s’agit de s’attaquer à des intérêts particuliers. Cependant, si chacun à son niveau se transforme en combattant, responsable d’une vie saine et propre pour soi-même, son fils ou sa fille, la jeunesse Burkinabè, l’espoir de vaincre ce fléau est permis. Dans de multiples rencontres internationales auxquelles il a pris part, le Burkina Faso a toujours soutenu l'option de «replacer la santé au centre des politiques anti-drogue», tout en soulignant la nécessité d’une réaction urgente face aux problèmes que posent les liens de plus en plus forts entre le trafic des drogues, la corruption et d’autres formes de criminalité organisée, dont la traite des êtres humains, le trafic d’armes à feu, la cybercriminalité et dans certains cas le terrorisme et le blanchiment d’argent. Cette approche burkinabè de la lutte contre la drogue est mise en œuvre sur le terrain par des acteurs associatifs, des personnes physiques et des institutions à qui nous rendons, en ce jour, un vibrant hommage.
Mesdames et Messieurs,
tout en renouvelant mon appel pour un sursaut national, à une prise de conscience contre la circulation et la consommation des drogues dans nos milieux scolaires et dans nos milieux de vie, je souhaite à toutes et à tous une excellente Journée Internationale de lutte contre la drogue.
26 juin 2016
Simon COMPAORE
Président du Comité National
de lutte contre la Drogue