On savait la coopération internationale capable de tout. Mais l’exemple auquel je consacre ma chronique cette semaine bat tous les records en matière d’aberrations et d’absence de coordination. Voyons plutôt : il existe aujourd’hui pas moins de quatorze stratégies différentes en faveur du Sahel. Certes, la région est vaste, s’étendant de la Mauritanie au Tchad en passant par le Burkina Faso, le Mali et le Niger. Mais cela fait davantage de stratégies que de pays concernés (dix). Les Nations unies ont la leur pour les Etats sahéliens, à l’instar de l’Union européenne (UE), de l’Union africaine, de la Banque mondiale (BM) et de la Banque africaine de développement (BAD), qui ont chacune développé leur mission propre.
Et, comme pour ajouter à « cette guerre de stratégies », certains pays ont pris l’initiative de mettre en œuvre des plans nationaux pour le Sahel. En première ligne dans la lutte contre le terrorisme, la France avec son opération militaire « Barkhane », alors que l’Espagne, les Pays-Bas et l’Allemagne ont leur agenda et leur politique d’aide aux pays de l’espace sahélien.
Pour couronner le tout, certaines stratégies sont mises en œuvre par des envoyés spéciaux installés à Dakar ou à Bamako. Ainsi l’Ethiopienne Hiroute Guebre Sellassie assume depuis 2014 les fonctions d’envoyée spéciale des Nations unies au Sahel aux côtés de l’Espagnol Engel Lossada, missionné par l’UE, et de l’ambassadeur Jean-Daniel Bieler, envoyé spécial de la Suisse pour la région, qu’il conjugue avec ses responsabilités dans les Etats des Grands-Lacs (Burundi, Ouganda, République démocratique du Congo, Rwanda).
Enfin, autre appellation mais même fonction : l’ancien chef de l’Etat burundais Pierre Buyoya est, pour sa part, le haut représentant spécial de l’Union africaine pour le Mali et le Sahel (Misahel).
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