Introduction
Dans un pays sahélien comme le Burkina Faso et dans le contexte de changement climatique actuel, caractérisé par une dégradation des ressources forestières, planter un arbre et l’entretenir relèvent d’une attitude éco citoyenne. Depuis les mois d’harmattan, les pépiniéristes s’activent à produire des plants de différente nature et taille. Avec l’arrivée prochaine de la mousson, la saison des pluies constitue la période de vie active des plantes et celle favorable à la plantation d’arbres. Il faut alors connaitre comment planter pour accroitre leurs chances de survie des plants, de croissance et de production des arbres.
Si vous avez la chance d'avoir un petit (ou un grand) espace de terrain autour de votre maison, vous pourriez profiter mettre en place de belles plantations d’arbres ou d’arbustes à fleurs et/ou fruits. Les arbres sont toujours très appréciés pour leur aspect décoratif, mais ils présentent des avantages non négligeables. Ils purifient l'air qu'on respire, dégagent de l'oxygène par la photosynthèse, donnent de l'ombre, protège des vents d’harmattan et de mousson en hivernage, sont des abris pour les oiseaux et d'autres êtres vivants, limitent l'érosion des sols.
Planter un arbre ne consiste pas uniquement à creuser un trou dans la terre et à y déposer votre arbre. Vous devez prendre en compte la nature de votre sol, le climat, les essences qui poussent dans cette écologique, mais aussi d'autres facteurs, comme d'éventuelles législations locales. Si vous ne tenez compte de tous ces paramètres avant de planter vos arbres, vous êtes quasiment certain de réussir et la plante se développera et produira pour des années.
La technique plantation d’un arbre compte plusieurs étapes qui sont : déterminer le type d’arbre à planter, préparer la mise en terre, mettre l’arbre en terre et prendre soin de l’arbre.
Se fixer un objectif
Avant de planter quoi que ce soit, il vous faut bien savoir quel est l’objectif visé. Cherchez-vous à donner à votre maison une meilleure apparence ou bien désirez-vous seulement avoir un peu plus d'arbres pour le simple plaisir de les voir pousser, d’avoir de l’ombre et d'attirer les oiseaux ? Quand vous saurez exactement ce que vous voulez, vous saurez exactement quelles essences d'arbres il vous faut et où vous devrez planter.
Tenir compte du climat
Si vous voulez que vos plantations arboricoles prospèrent, il va falloir implanter des espèces qui se plaisent dans la zone climatique qui est la vôtre. Comme le Burkina Faso appartient aux domaines soudanien et sahélien, il connait une relative homogénéité de climats à cause de sa position géographique continentale et de son relief peu accidenté.
• Pour simplifier, le Burkina Faso connait 3 principales zones climatiques nord sahélienne (Dori), soudano-sahélienne (Ouagadougou), soudanienne (Bobo Dioulasso).
• Le Burkina Faso se compose de steppes et de brousses tigrées (sahélienne) de de savanes arbustives à arborées et cordons ripicoles (soudano-sahélienne) et de savanes, forêts claires et galeries forestières (soudanienne)
• A chaque zone correspond des essences d'arbres qui y poussent (figure 1).
Figure 1 : Zones climatiques du Burkina Faso
En plus de ces informations sur les régions climatiques, il faut tenir compte des spécificités de votre terrain (qualité du sol, orientation du terrain, humidité, éventuels microclimats, vents dominants, etc.).
Tenir compte de l’importance du terrain
Il faut tenir compte du terrain au moment de choisir l'espèce et l'emplacement. La pente, l'orientation, le voisinage, l'écoulement des eaux et l'érosion ne sont que quelques-uns des éléments à prendre en considération.
• Sur des terrains accidentés, en pente ou venteux, il faut savoir planter avec des arbres qui s’adaptent pour ne pas renoncer à son projet, car les arbres prennent racine difficilement.
• Si vous faites une plantation dans la perspective de lutter contre l'érosion de sols, vous devez planter des arbres ayant un système racinaire développé, si vous ne voulez pas voir votre arbre déraciné à la première forte pluie ou au premier coup de vent un peu violent.
• Vous devez également tenir compte, si c'est le cas, des autres plantes ou arbres se situant sur votre terrain. Dans un premier temps, votre arbre doit s'intégrer, esthétiquement parlant, à la plantation générale. Il doit également avoir assez de place pour croitre dans les années futures sans pour autant nuire aux autres plantes déjà présentes.
Se renseigner sur la réglementation et les conditions locales
Il y a quelquefois des restrictions concernant l'endroit où vous pouvez planter un arbre dans votre jardin. Si vous ne voulez pas vous retrouver devant un tribunal, respectez cette législation.
• Ces restrictions sont généralement liées à la proximité de câbles, de lignes à haute tension, téléphoniques ou d'un câble de fibres optiques… Si vous endommagez ces adductions lors de vos plantations, vous serez considéré comme pleinement responsable.
• Vous devrez également vérifier l'existence d'éventuelles adductions (conduites, canalisations…) qui passeraient devant votre terrain. Vous devez bien évidemment les respecter et il y a, si vous ne prenez aucune précaution, risque d'accident. Prenez en compte également le fait que l'arbre va grandir.
• Vous pouvez contacter le service de l'urbanisme de votre commune ou les concessionnaires (ONEA) pour connaitre les éventuelles contraintes qui pèseraient sur votre terrain. Vous éviterez ainsi des dégâts matériels, des blessures corporelles et des poursuites pénales.
• Vous devez considérer la proximité du mur du voisin car les organes (branches, fruits) situés au-delà du mur ne vous appartiennent pas et pourraient créer des dissensions avec le voisinage ou les passagers de la rue. Sans oublier que certaines racines peuvent aller loin et causer du tort au mur du voisin
Déterminer la meilleure période pour transplanter.
Si vous plantez un arbre à une mauvaise période de l'année, il aura beaucoup moins de chance de survivre et de se développer.
Généralement, vous devez transporter les plants à sec sans arrosage ce jour. Vous les déposez puis les arrosez avant de transplanter le lendemain. Mais tout va dépendre du climat de l'endroit où vous vivez.
• Le début de la saison pluvieuse est la meilleure période pour faire profiter à la plante des conditions environnementales
• Si les plants ne sont pas arrosée il vaut mieux attendre le mois de juillet dans le soudanien et août dans le sahélien.
• L’après-midi est préférable pour éviter la chaleur du jour
Préparer le trou pour la mise en terre
Avant d’acheter l’arbre il faut préparer le trou de plantation. En fonction du type d’arbre forestier ou fruitier le trou sera plus ou moins grand. Selon les terrains, vous creuserez, à l'aide d'outils appropriés (pic, barre à mine, pioche, pelle,…), un trou suffisamment grand pour accueillir la motte racinaire. Les racines auront besoin de plus de place dans toutes les directions pour pouvoir s'installer.
Pour faire simple, il faut creuser un trou qui soit deux à trois fois plus grand que la motte, et ce, dans toutes les directions. À cette condition, l'arbre pourra s'enraciner correctement et faire de nouvelles racines sans difficultés
Les dimensions recommandées sont de 60 cm x 60 cm x 50 cm pour le plant forestier et 80 cm x 80 cm x 80 cm voire 100 cm x 100 cm x 100 cm pour l’arbre fruitier.
La première moitié de terre sera séparée de la deuxième plus profonde et moins riche en matière organique.
Le trou de plantation peut être comblé des semaines avant la plantation si la matière organique n’est pas décomposée (fumier par exemple). Le trou sera comblé avec la première moitié de terre mélangée à du sable (2 brouettes) pour permettre l’aération des racines dans les sols compacts ou très argileux et du fumier ou compost.
Pour les termites vous pouvez soit augmenter la quantité de sable soit enterrer des gros os d’animaux pour attirer les fourmis (lutte biologique contre les termites) ou utiliser des produits de synthèse comme le furadan mélangé à la terre (une boite d’allumette par trou).
Préparer l’arbre pour la mise en terre
Une fois l'arbre acheté, il faut le préparer. C'est la condition sine qua non pour une transplantation réussie. On procède différemment selon que l'arbre est petit ou déjà conséquent.
• Avec un jeune arbre vendu en pot, il faut retourner l'arbre sens dessus dessous afin de retirer le pot vers le haut. Si les racines sont simplement enveloppées de jute, n'enlevez la protection qu'une fois l'arbre dans son trou.
• Si votre arbre en pot est plus mature, découpez l'enveloppe. Si les racines sont simplement enveloppées de jute, n'enlevez la protection qu'une fois l'arbre dans son trou.
• Si la motte de racines est enveloppée d'un panier (feuilles de palmier), découpez précautionneusement cette dernière avec un sécateur ou au couteau. On ne replante pas avec le panier, cela pourrait attirer des termites et tuer l'arbre en saison sèche.
• Quel que soit le mode d'emballage des racines, ne les laissez pas à nu et à l'air libre trop longtemps, cela compromettrait la transplantation !
• Si vous décidez de semer des graines, sachez que cela va prendre beaucoup plus de temps que de planter un arbre déjà développé.
Sachez que si vous plantez les graines d'un fruit que vous avez consommé, vous n'obtiendrez pas forcément un arbre qui portera les mêmes fruits.
En effet, les industriels de la semence, profit oblige, font tout pour que les graines des fruits ne puissent pas se reproduire à l'identique. Vous ne le saurez qu'une fois les premiers fruits récoltés.
Ainsi, le centre national des semences forestières (CNSF) et ses antennes régionales au Burkina Faso ou des firmes multinationales (NANKOSEM,…) sauront vous fournir les semences appropriées.
Le plus sûr moyen d'obtenir tel ou tel fruit est d'acheter des graines spécialement préparées et conditionnées ou un plant greffé.
Déterminer l’endroit d’installation de l’arbre
Après avoir inspecté votre terrain et déterminé le rôle de votre arbre, il faut trouver l'emplacement idéal. Matérialisez-le au sol à l'aide d'un cercle bien visible.
• Délimiter un emplacement, c'est bien, mais il faut faire attention à un certain nombre d'éléments du paysage, comme les lignes électriques, la distance jusqu'aux fondations de la maison ou la route. Il serait dommage qu'après quelques années de croissance vous ayez à abattre votre arbre, parce que ses racines défoncent la route voisine ou abiment vos façades ou encore tombe du fait de son faiblement enracinement limité par les murs.
Procéder à la plantation
Le moment tant attendu est enfin arrivé : la plantation proprement dite ! Une fois le trou aux bonnes dimensions et bien garni, vous pouvez installer votre arbre dans son emplacement.
• Vous pouvez à présent sortir la motte de son emballage de jute.
• À l'aide d'une griffe de jardin ou d'une pelle à terreau, dégagez la partie supérieure de la motte racinaire.
• N'enlevez que la terre nécessaire !
• Mesurez au niveau du pied de l'arbre les largeurs et la hauteur de la motte racinaire. Vous obtenez ainsi les trois dimensions du trou de plantation dans le trou rembourré.
• Le dessus de la motte de racines de votre arbre doit se trouver légèrement en dessous (1 à 2 cm) du niveau de votre terrain, donc du niveau du petit trou de plantation.
Combler efficacement le trou de plantation
Faites-le en mélangeant la terre naturelle (enlevée lors du creusement) avec un terreau et du sable. Vous devez avoir suffisamment de terre pour recouvrir toutes les racines.
• Comblez avec un mélange composé aux deux quarts de terre naturelle, un quart sable et le reste étant du compost ou du fumier.
• Il est important qu'il n'y ait pas de poches d'air autour des racines. Pour ce faire, il faut tasser (à la main ou avec votre pelle) légèrement chaque couche de terre que vous mettez.
• Ne tassez pas avec les pieds, le poids de votre corps risquerait d'abimer les racines !
• Ajoutez du compost. Si la terre dans laquelle vous plantez votre arbre n'est pas très fertile (argileuse ou sablonneuse), amenez un peu de compost ou de fumier afin de permettre à une meilleure reprise de l'arbre.
• Évitez les fertilisants du commerce. Ils risquent d'être trop puissants et pourraient bien nuire à long terme à la croissance de votre arbre.
• Apportez une attention particulière aux arbres fruitiers (manguiers, agrumes). Pour ces arbres particuliers, il faut un apport substantiel de compost ou de fumier.
Tuteurer éventuellement votre arbre.
Si vous avez planté une jeune pousse, il est bon de planter un tuteur en fer ou en bois à côté de l’arbre pour l'aider durant sa première année (voire ses premières années) de croissance. Ainsi, il ne versera pas à cause du vent, le port sera droit et les racines pourront croitre tranquillement.
• Le ou les tuteurs ne devront pas être trop serrés autour du tronc. Ils doivent être à distance du tronc.
• Retirez le (ou les) tuteur quand vous voyez que votre arbre est bien enraciné, au bout de 1 à 2 ans en général.
• Des arbres plus conséquents peuvent être tenus par deux ou trois gros tuteurs.
Arroser l'arbre fraichement planté.
Une fois l'arbre en terre, arrosez-le généreusement et prévoyez un arrosage régulier dans les semaines qui suivent. C'est ainsi que les racines vont pouvoir se développer et se mettre en place.
• Arrosez tous les jours pendant plusieurs semaines. Plus tard, vous pourrez espacer les arrosages.
• Arrosez, bien sûr, en fonction de la pluviométrie de l'endroit où vous vivez. C'est à vous de voir si, en fonction de l'humidité, des pluies ou de l'ensoleillement, vous devez arroser ou non.
• Les arbres fruitiers demandant un arrosage régulier si vous voulez obtenir une bonne récolte. Une fertilisation mensuelle n'est pas superflue non plus.
• Arroser dans la couronne eu peu éloigné du tronc
Poser une grille de protection et un paillis.
La grille protégera l’arbre de la dent des animaux
Selon la situation, il sera protégé avec une grille de Combrétacées, en métal ou encore avec une pose de briques de parpaing
Le paillis protègera votre arbre des champignons et des mauvaises herbes.
• Recouvrez la surface de plantation d'une couche de 3 à 8 cm d'un paillis de sciure de bois ou de feuilles. N'en mettez pas dans un rayon de 30 cm autour du tronc, sinon ce dernier risquerait de pourrir.
• Le paillis au pied d'un arbre a pour vocation de le protéger contre les piétinements et éventuellement les tondeuses, tous fatals aux jeunes arbres.
Tailler l’arbre si c'est nécessaire
Si des branches ont été cassées, sont mortes ou malades, taillez-les avec un couteau de jardinier ou un sécateur. La taille se fera en début de la saison pluvieuse ou avant la floraison des arbres fruitiers.
La taille se fera pour les arbres forestiers de manière à avoir un fût droit et pour les arbres fruitiers de sorte que la lumière pénètre dans le houppier sous forme d’entonnoir renversé et pour les arbres d’alignement et de jardin la forme esthétique voulue.
Profiter enfin pleinement de l’arbre
Profiter de son ombre, de sa beauté, et dites-vous que, quelque part, vous avez contribué à la sauvegarde de l'environnement. Vous ne regretterez jamais d'avoir planté un arbre et aussi longtemps que vous prendrez soin de lui, il vous le rendra au centuple et pour de nombreuses années !
• L'arrosage est essentiel pour le beau développement d'un arbre. Il faut cependant l'arroser et non le noyer. C'est une question de dosage que vous finirez par bien maitriser dans le temps.
• Arrosez votre arbre avec un tuyau pendant environ 30 secondes. C'est suffisant !.
• Pour voir si votre arbre manque d'eau ou non, grattez la terre à son pied sur environ 5 cm et voyez si le sol est encore humide. Si c'est le cas, votre arbre n'a besoin de rien pour l'instant.
Quelques conseils pratiques
• Quand vous plantez en pleine terre un arbre en pot, n'oubliez pas de dégager les racines. Si elles sont trop compactes, n'hésitez pas à couper la motte racinaire verticalement. N'ayez crainte ! Des racines seront coupées, mais elles repousseront vite. Il est très important que les racines de votre arbre soient immédiatement en contact avec la terre.
Prenez en compte le type d'arbre et son stade de développement. Si vous plantez un petit chêne trop près de votre maison, ses racines pourront, 30 ans plus tard, devenir une menace pour les fondations de votre demeure (on dit que la surface des racines occupe une surface double de celle du feuillage). Transplantez-le dans un endroit où ses racines auront de l'espace ou remplacez-le par un arbre plus petit. Pour bien réussir sa plantation il faut éviter les gestes suivants :
• ne jamais planter avec le pot plastique de pépinière ;
• ne jamais marchez autour de l'arbre ! Ne marchez pas dans la zone où vous avez creusé le trou, car vous allez tasser la terre, ce qui empêchera les racines de se développer convenablement ! La pose d'un paillis permet de protéger les alentours de l'arbre ;
• déchirer à la lamelle le plastique de greffage pour éviter la cassure de la partie greffée et sa perte.
Si vous avez la moindre question, n'hésitez pas à la poser à un professionnel, le service forestier, le service déconcentré du département environnement et forêts de l’INERA, du centre national de semences forestières, il sera de bon conseil.
Ganaba Souleymane,
Département Environnement et Forêts, INERA,
03 BP 7047 Ouagadougou,
Burkina Faso
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