Depuis deux mois, les Gardes de sécurité pénitentiaire (GSP) sont en grève ; malheureusement cette situation a un impact sur les dossiers en justice, puisque les détenus ne sont plus amenés pour les jugements au Palais de justice si bien qu’il y a un retard à ce niveau. C’est cela que les parents des détenus ont dénoncé hier lundi 20 juin 2016 à travers un mouvement d’humeur. Ils ont appelé le chef de l’Etat à satisfaire les doléances des GSP.
Lundi 20 juin 2016. Il est 10 h 00 lorsque nous avançons vers la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO). Un attroupement d’une vingtaine de femmes à une centaine de mètres de là se fait remarquer. Nous marquons un arrêt à leur niveau. Des voies s’élèvent : «Vous n’êtes pas venus tôt, plusieurs d’entre nous sont déjà parties, mais nous sommes quand même ravies de vous voir. En effet, nous sommes des épouses de voleurs incarcérés à la Maison d’arrêt», nous lance Adja Cissé, habillée en survêtement et arborant un bonnet de père Noël et des lunettes noires.
Elle est aussitôt corrigée par une autre : «Non, nous sommes plutôt des épouses de détenus ». «Mais c’est comme ça que les gens nous appellent » rebondi la première avant de poursuivre : «Nous sommes venues exprimer notre mécontentement du fait du silence de Roch face aux revendications des GSP qui, visiblement, empiète sur les dossiers de nos parents détenus ».
Pour ces femmes, mères ou épouses de détenus, leur manifestation n’est pas pour la libération de leurs parents mais juste pour que justice soit faite parce qu’on ne peut pas incarcérer indéfiniment quelqu’un sans jugement. «J’ai mon fils de 21 ans qui est ici depuis un an (c’est un élève) pour complicité, mais aucun jugement», affirme, le cœur meurtri, cette mère.
Elle n’est cependant pas seule. Nassiratou Konvolbo confie que son mari y est depuis 4 mois pour une affaire de drogue alors qu’on l’avait condamné à 3 semaines. Pour Constance Kaboré, dont le fils y séjourne depuis 9 mois, le président du Faso doit faire un tour à la MACO pour voir un peu ce que vivent ses électeurs et les rejetons de ceux-ci afin de résoudre le problème des GSP et qu’enfin justice soit faite.
Le Syndicat national des agents de la Garde de sécurité pénitentiaire (SYNAGSP) déplore cette situation tout en soulignant que, malheureusement, elle ne changera pas tant que les deux décrets à caractère financier qui peinent à être signés depuis 2014 ne seront pas paraphés.
D’ailleurs vous lirez l’interview du SG du SYNAGSP, Siaka Bayoulou, dans notre prochaine livraison.
Ebou Mireille Bayala