Dans cet entretien, le ministre de la Communication et des Relations avec le parlement, Porte-parole du gouvernement, Remis Fulgance Dandjinou, nous parle de la 19e nuit du communicateur. Il revient sur certains griefs portés sur les Galian et annonce les couleurs de la prochaine édition.
Sidwaya (S.) : La 19e édition du concours « Prix Galian » aura lieu, ce vendredi 17 juin. Quelle sera la particularité de cet énième rendez-vous ?
Remis Fulgance Dandjinou (R.F.D.) : La 19e édition sera peut-être une édition comme les autres, parce que nous n’avons pas eu la prétention de changer la roue. Car, elle est déjà en activité. Nous avons préféré porter l’essentiel des transformations sur la 20e édition qui aura lieu l’année prochaine. Pour cette année, l’effort que nous avons fait avec le comité d’organisation, c’est de faire des Galian à la fois un spectacle télévisuel. C’est-à-dire arriver à le tenir dans une durée de temps relativement précise, 90 mn comme dans un programme télévisuel. Mais, nous voulons également nous assurer de la participation d’un certain nombre d’artistes qui rend la fête agréable. Tant dans la disposition des convives et des journalistes que dans le déroulé de cette édition, notre objectif est d’en faire un élément de spectacle. Que les télévisions qui diffuseront cette émission, la télévision nationale, BF1, Canal3, Burkina info soient à mesure de savourer le spectacle de qualité d’abord, ensuite d’apprécier le travail journalistique et la récompense qui est donnée à l’intéressé.
S. : Prévue pour le 30 avril 2016, puis le 6 mai, la date limite du dépôt des dossiers a été fixée au 13 mai. Qu’est-ce qui explique ce report en cascades ?
R.F.D. : C’est dû au fait que nous avons eu un nouveau gouvernement. Ce qui explique une certaine mutation au niveau des directions. Ensuite, lorsque nous avons lancé le concours, le délai initial était trop court pour permette le dépôt massif de candidatures. Donc, nous avons repoussé la date. Nous en sommes heureux. Car, nous avons aujourd’hui près de 299 œuvres présentées, aussi bien pour les 23 catégories qu’au niveau des prix spéciaux. Nous avons près d’une vingtaine de prix spéciaux. Repousser la date limite de quelques jours a permis à nos confrères de la presse écrite, audio-visuelle et de la presse en ligne de pouvoir postuler.
S. : Dans quelles conditions les membres des jurys de la présente édition ont-ils travaillé ?
R.F.D. : Je pense que c’est à eux de dire dans quelles conditions ils ont travaillé. Nous avons essayé de les mettre dans les conditions optimums. Nous avons dû augmenter le rythme du travail pour pouvoir respecter les délais. Il faut remercier les membres et les présidents des jurys pour leur disponibilité et leur engagement. Maintenant, c’est à eux d’apprécier, de dire si les conditions de travail ont été bonnes ou pas. Mais, le ministère a travaillé pour que cela se passe dans de meilleures conditions.
S. : Comment les jurys ont-ils trouvé, dans l’ensemble, la qualité des œuvres soumises ?
R.F.D. : Comme chaque année, ils font la part des choses. Il y a des œuvres de bonne qualité et il y en a qui sont quelque peu problématiques, notamment en terme d’identification des genres. Ils l’ont répété. Il y a un travail qui doit être fait pour accompagner les journalistes, les candidats au Galian pour choisir le bon genre journalistique dans lequel ils veulent prendre part à la compétition. Mais, je pense que pour l’essentiel, ils sont tous satisfaits à l’exception des langues nationales où, ils ont tiré la sonnette d’alarme. Ils nous ont demandé de veiller tant sur le genre que sur la maîtrise écrite des langues et des terminologies, soit à la radio, soit dans l’audiovisuel. C’est un élément important, parce que nous ne pouvons pas développer notre identité nationale si, la presse ne la valorise pas. Il y a forcément un schéma d’accompagnement de la formation continue que le ministère doit encourager et susciter pour mettre à niveau les journalistes qui opèrent dans la langue nationale.
S. : La non-maitrise des genres est le reproche le plus souvent fait à certains candidats. La question vous est revenue encore cette année. Que compte faire le ministère pour venir à bout de ce problème ?
R.F.D. : Nous allons lancer une grande réflexion à l’occasion des 20 ans du Galian. Il y a des questions qui se posent aujourd’hui sur le fait que des journalistes puissent participer avec des œuvres issues de la rédaction même, s’ils en ont la responsabilité et l’autorité intellectuelle sans passer par la rédaction. Parce que le tri aurait pu être fait à ce niveau d’abord. Il faut que nous fassions de telle sorte que nos rédactions puissent véritablement encadrer les journalistes et faire les bons choix. Même étant libre de déposer son œuvre, un journaliste doit consulter sa hiérarchie sur la catégorie dans laquelle, il veut concourir et aussi l’article. La relecture du règlement intérieur des Galian permettra de répondre à ces préoccupations.
S : D’aucuns estiment que comparé à certaines manifestations dans les pays voisins, le montant remis aux lauréats qui est ici de 500 000 F CFA est insignifiant. Qu’en pensez-vous ?
R.F.D. : Moi j’ai été lauréat des Galian trois fois. J’ai eu 250 000 F CFA, 500 000 F CFA et 500 000 F CFA. Je pense que la motivation première pour quelqu’un qui prend part aux Galian, si c’est d’avoir 500 000 F CFA, il n’y a pas sa place. Je pense que c’est la reconnaissance d’un jury de la qualité journalistique du travail qui est important. Tout travail mérite salaire, comme on le dit. Il serait intéressant effectivement, que le ministère travaille à augmenter le montant. Mais je n’aimerais pas qu’on fasse une fixation sur cet aspect. Quand je rentre chez moi et que je vois le premier Galian que j’ai eu en 2005 accroché dans ma bibliothèque, je me rappelle que j’ai été journaliste radio. Quand je vois le Galian que j’ai eu quand j’étais à la télé, je me souviens que j’ai travaillé à la télé. Quand je vois le Galian d’honneur qui m’a été remis par l’Assemblée nationale dans le cadre de la promotion des droits de la démocratie, je me dis que j’ai fait œuvre utile quelque part. Je ne sais plus où ils sont passés les 500 000 F CFA. Je pense qu’il y a quand même cette réalité que nous devons mettre en œuvre. Certes, nous devons travailler à ce que les prix soient plus consistants. A ce niveau, le ministère essaie de voir comment en plus du prix Galian, nous pouvons accompagner les lauréats par des bourses d’études, des partenariats au niveau des ambassades. Cela peut leur permettre de faire immersion dans d’autres contextes afin de s’enrichir professionnellement et d’améliorer sa perspective journalistique. Pour cette année, nous avons décidé en plus des prix pour les catégories langue nationale d’offrir aux lauréats des dictionnaires de langue nationale. Nous pensons que cela peut leur permettre d’enrichir leurs éléments. Donc, c’est ce que nous pouvons faire, mais nous ne nous fixons pas sur le montant de la rémunération qui est octroyé dans le cadre de ces prix-là. Quand nous aurons la possibilité de donner plus de 2 000 000 F CFA à chaque lauréat de Galian, nous serons heureux de le faire. Parce que, je pense que cela suscitera non seulement de l’engouement, mais aussi ça sera le juste salaire à un mérite à l’excellence.
S. : Quels sont les grands défauts de la presse burkinabè qui nécessitent des corrections ou encore des améliorations ?
R.F.D. : Vous savez, notre presse est quand même une presse qu’il faut féliciter. Si vous écouter les revues de presse sur les radios internationales, c’est rare de voir une revue internationale surtout quand on parle de la presse africaine sans 2, 3 à 4 journaux burkinabè. Souvent, c’est entièrement fait par des journaux nationaux. Donc, je pense qu’il y a un mérite, une régularité de la parution, une identité des lignes éditoriales et également un travail d’investigation et d’écriture qui est fait. C’est pareil pour l’audiovisuel qui est en train de se professionnaliser de plus en plus. Je pense qu’il y a certainement des défauts. Ce que le ministère doit faire, c’est d’accompagner justement le cadre juridique pour qu’il y ait une libération des énergies tant au niveau des ressources que des moyens pour que les journalistes soient rémunérés au mieux. Je pense que c’est l’élément essentiel. Après tous dans chaque profession, il y a des « brebis galeuses », des personnes qui ont des défauts. Mais, je pense qu’aujourd’hui, sans être nombriliste, nous avons une presse qui travaille, des rédacteurs en chef qui sont à la hauteur de la tâche. Nous avons des presses, comme Sidwaya, L’Observateur Paalga, Le Pays qui sont primées pratiquement chaque année au niveau de la presse africaine et internationale. Nous avons des journalistes audiovisuels qui sont primés à l’international. Il y a un travail de fond qui est fait. Je pense que le défi aujourd’hui, c’est de faire en sorte que les jeunes bénéficient de l’encadrement d’un certain nombre d’acteurs et pour que les conditions de vie et de travail des journalistes s’améliorent.
S. : Un message à l’endroit des hommes de média à l’occasion des Galian ?
R.F.D. : Je voudrais féliciter tous les journalistes et confrères qui ont participé à ce 19e Galian. Ils sont près de 300. Nous sommes l’une des rares professions où on parle de confraternité, parce qu’il y a une fraternité qui se crée entre nous. Nous devons travailler à sauvegarder cela, travailler à transmettre la qualité du travail aux plus jeunes que nous. Je souhaite à tous ceux qui ont participé au concours une très bonne fête de l’excellente, une bonne Nuit du communicateur.
Interview réalisée par Djakaridia SIRIBIE