Le vendredi 5 juillet 2013, la station expérimentale de la Vallée du Kou, à Bama, a inauguré sa toute nouvelle installation en matière de recherche sur le paludisme. Une “malaria-sphère” qui devrait permettre aux chercheurs d’étudier le comportement sexuel du moustique, afin d’envisager de nouvelles pistes de lutte contre la maladie.
L’infrastructure inaugurée ce jour, est le fruit de la collaboration entre l’Institut de recherches en sciences de la santé (IRSS), le Centre Muraz, le Medical research council anglais, et l’université de Keel en Angleterre. La “malaria-sphère” occupe un espace de près de 1000 m2, avec une douzaine de compartiments. Elle permettra d’étudier l’évolution du moustique, depuis sa naissance jusqu’à l’âge de la reproduction. A l’intérieur de cette “malaria-sphère” close, on recrée un milieu semi-naturel, en y plantant des arbres et des herbes, qui permettent aux moustiques de se développer dans les mêmes conditions que ceux qui sont dehors, en milieu sauvage. « Les moustiques seront amenés depuis des “insectariums” dans l’antichambre qu’on a vue, et où ils vont pondre. On va faire éclore les œufs et étudier les jeunes moustiques jusqu’à leur maturité, qui est l’âge de reproduction », a dit Frédéric Tripet, chercheur à l’université de Keel et coordonnateur du projet du côté anglais. Jusque-là, la lutte anti-vectorielle était focalisée sur les femelles du moustique, parce que ce sont elles qui piquent et qui peuvent donc transmettre le paludisme. A la longue, sont apparus des problèmes de résistances aux insecticides. D’où la nécessité de développer des “outils alternatifs”. Ce projet s’inscrit dans cette dynamique. Il a pour objectif « de comprendre le comportement sexuel du moustique, comprendre les différences de performance sexuelle entre différentes sous-couches de moustiques, et les barrières entre elles, comprendre aussi pourquoi tels mâles sont choisis par les femelles. Si on arrive à déterminer ces paramètres, on pourra bâtir en laboratoire des mâles robustes, mais stériles qu’on va lâcher dans la nature. Si ceux-ci s’accouplent avec les femelles, les œufs de ces femelles seront stériles et ne pourront éclore. Pas de jeunes moustiques, donc pas de moustique, et sans moustique, pas de paludisme », a expliqué Dr Abdoulaye Diabaté, chercheur à l’IRSS et coordonnateur national du projet. Ce projet ouvre donc de nouvelles perspectives dans la lutte contre le paludisme ; un véritable fléau qui tue un enfant toutes les 30 secondes dans le monde. C’est pourquoi, les différents intervenants ont salué cette initiative.
Il faut savoir que la cérémonie d’inauguration de la malaria-sphère était placée sous la présidence du gouverneur des Hauts-Bassins, Nébilma Joseph Bakouan et sous le parrainage du Délégué général du CNRST, Basile Guissous.
Frédéric Tripet, chercheur à l’université de Keel, Angleterre
« Le début de ce projet est une histoire d’amitié entre Abdoulaye Diabaté et moi. Nous partageons un intérêt sur l’écologique de la reproduction des moustiques. Nous avons donc décidé de monter un projet purement sur l’écologie de la reproduction des moustiques et de rechercher un financement. Et on a trouvé un partenaire financier, le « Medical research council » anglais, qui a bien voulu nous faire confiance pour construire cette malaria-sphère et financer la recherche qui va s’y développer sur 3 années à venir.
Le financement anglais est de 1 000 000 de pounds, mais la construction de l’infrastructure est de 120 000 pounds ».