A Bruxelles, en Belgique, pour les Journées européennes de développement (JED), le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, a rencontré, dès son arrivée, la communauté burkinabè qui y vit. Ils ont échangé, à bâtons rompus, sur la vie nationale de leur pays d’origine et les préoccupations de cette diaspora.
Avant le début des Journées européennes de développement (JED) qui se tiennent les 15 et 16 juin 2016 à Bruxelles, le président du Faso a rencontré, mardi 14 juin, en fin d’après-midi, la diaspora burkinabè. Ce fut une occasion pour Roch Marc Christian Kaboré de donner des informations sur la vie de la mère patrie et pour ses interlocuteurs, sortis nombreux, d’exposer leurs préoccupations. Avant de développer les différents chantiers amorcés dans divers domaines au Burkina Faso, le président du Faso s’est réjoui du retour progressif à la vie constitutionnelle normale, qui sera parachevé par l’élection des maires les jours et semaines à venir. « L’incivisme et certaines pratiques tendaient à faire croire que le Burkina Faso partait à la dérive, mais l’équilibre est en train de s’installer », a-t-il d’emblée souligné. Il a, par la suite, évoqué les différentes mesures « innovantes » prises par l’Etat. A ce propos, sur le plan social, il a relevé la gratuité des soins pour les femmes enceintes et les enfants de moins de cinq ans (fortement applaudie par la salle), le recrutement de 4 200 enseignants de niveau Bac+2, le projet de création de lycées techniques professionnels pour permettre aux élèves d’apprendre en même temps des métiers, la volonté de réduire les effectifs des classes à 50 élèves, le recrutement de 135 médecins spécialistes pour les Centres hospitaliers régionaux (CHR), etc. L’organisation de l’examen du baccalauréat qui était menacée par un préavis de grève de syndicats de l’éducation a aussi été évoquée. « Nous avons mis en avant le dialogue et le Bac sera organisé normalement », a relevé le président Kaboré. Abordant le volet économique, il a rappelé que le Burkina Faso misera surtout sur la production de l’énergie solaire et la promotion des Petites et moyennes entreprises (PME), dans l’agriculture et l’élevage.
Assouplir les conditions d’investissement
Les questions judiciaires et institutionnelles n’ont pas été occultées par le président du Faso. Il a, en effet, fait cas de la désignation des membres de la commission constitutionnelle « qui ont deux mois pour proposer quelque chose allant dans le sens d’une nouvelle Constitution », en vue du passage à une Ve République. Il y a aussi, a-t-il ajouté, la mise en place du Haut conseil pour la réconciliation et l’unité nationale (HCRUN) qui est à pied d’œuvre avec 5 000 dossiers. « Les dossiers de crimes économiques et de sang sont ficelés et les procédures judiciaires engagées. Ceux de Thomas Sankara, Norbert Zongo, des martyrs de l’insurrection populaire, du coup d’Etat de septembre 2015, sont tous en cours d’instruction et nous fondons l’espoir que d’ici à la fin de l’année certains aboutiront et les fautifs seront condamnés par la justice », a déclaré le président du Faso. En ce qui concerne les défis sécuritaires, il réaffirmé la volonté du Burkina Faso de retirer certaines de ses troupes des missions internationales pour la sécurisation du territoire national. Par ailleurs, il a rassuré ses interlocuteurs qu’en 2020 tous les Burkinabè de l’extérieur voteront. Après ces explications, la diaspora burkinabè a égrené un chapelet de préoccupations. Mais bien avant, les intervenants ont félicité Roch Marc Christian Kaboré pour sa « brillante » élection et pour sa « parfaite maîtrise des problèmes du pays » dont il conduit la destinée. Ils ont, entre autres, demandé la construction d’une maison du Burkina où la culture des «hommes intègres » sera valorisée, des conditions préférentielles aux Burkinabè de l’extérieur qui voudraient investir dans leur pays. Par ailleurs, les Burkinabè de Belgique estiment qu’un seul délégué au conseil supérieur de la juridiction de leur pays d’accueil qui compte 3 033 personnes, n’est pas assez représentatif. Plusieurs autres sujets ont été abordés, parmi lesquels la polémique sur le fonds commun au ministère en charge de l’économie, le débarquement de l’avion de Achille Tapsoba et de Zambédé Sawadogo du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), le sit-in organisé par des organisations de la société civile au palais de justice, etc. Sur le sujet des deux personnalités du CDP, Roch Marc Christian Kaboré a précisé qu’ « il ne s’agit pas d’un acharnement comme certains le pensent, mais d’une action qui s’inscrit dans l’intérêt de la nation ». Avant même que cela ne soit évoqué, le ministre en charge des affaires étrangères, Alpha Barry, a donné des explications sur le problème récurrent du temps estimé assez long pour le renouvellement des passeports et la durée du visa jugée courte par la diaspora. Il a fait savoir que des démarches sont en cours pour que le renouvellement du passeport n’excède pas trois semaines. A propos des visas, le chef de la diplomatie burkinabè a indiqué que des réflexions se mènent actuellement en vue de trouver des solutions appropriées.
Daniel ZONGO
(Envoyé spécial à Bruxelles en Belgique)