Le Service régional de la circulation et de la sécurité routière du Centre poursuit son opération de saisie d’engins à deux roues et de tricycles dont les propriétaires ne respectent pas le code de la route. Hier, 9 juin 2016, certains usagers ont vu leurs engins retirés dans ce cadre. Une tournée initiée par la police nationale, a permis aux journalistes de s’imprégner du déroulement de cette opération dans la ville de Ouagadougou.
La Police nationale bande davantage les muscles contre les usagers de la circulation qui ne respectent pas le code de la route. En effet, à la date du 9 juin dernier, elle a saisi 995 motos, 129 véhicules, 10 tricycles, 123 permis de conduire et 84 cartes grises. Cela, suite à l’opération de répression des auteurs d’incivisme dans la circulation routière, qui a débuté le 31 mai dernier. Le non-respect des feux tricolores suivi parfois d’outrage à un agent en service, le refus d’emprunter les bandes cyclables, les défauts d’immatriculation, la communication en circulation, les défauts de visite technique ou d’assurance sont, entre autres, les infractions commises par la plupart de ces usagers de la route. C’est, du moins, le constat que notre équipe de reportage a fait au cours d’une tournée que le Service régional de la circulation et de la sécurité routière du Centre a initiée le 9 juin, dans les artères de la ville de Ouagadougou. Il est 7h 15 mn. Nous sommes sur le Boulevard Charles De Gaule, devant l’alimentation La Surface sise au quartier Zogona. Les agents de la Police nationale présents sur les lieux, avaient déjà immobilisé une dizaine de motos et 2 voitures. Les propriétaires en ont fait les frais, pour n’avoir pas été en règle vis-à-vis du code de la route. Parmi eux, Alima Sawadogo qui a vu son véhicule retiré pour faute de plaque d’immatriculation, par les agents postés à ce carrefour pour réguler la circulation routière. Interpellée, elle dit ne pas comprendre ce qui lui arrive. «On m’arrête alors que je n’ai pas brûlé le feu. Je ne sais pas pourquoi on me retire mon véhicule», fulmine-t-elle. Au bout de quelques minutes de tractations, une contravention lui est remise. Tout comme elle, Mady Singbéogo, ressortissant du quartier Djikofè, a été verbalisé pour n’avoir pas respecté les feux tricolores. Interpellé par les agents de la Police nationale, il tente de justifier son acte en ces termes: «Ce ne sont pas mes habitudes de brûler les feux tricolores. C’est parce que je suis pressé aujourd’hui d’arriver en ville pour légaliser des papiers que je l’ai fait. Sinon, je n’aime pas brûler le feu». Que nenni ! M. Singbéogo a été obligé d’emprunter un taxi ou un bus de la SOTRACO pour arriver au Commissariat central de la Police nationale pour la légalisation de ses documents.
Quid des amendes ?
Il est 8h. Nous sommes au rond-point situé à proximité de l’Hôpital pédiatrique Charles De Gaulle. Sans surprise, beaucoup d’usagers ont été pris dans les filets des éléments de la Police nationale qui y sont postés pour la régulation de la circulation. C’est le cas de Daouda Tiendrebéogo, étudiant en Sciences économiques et de gestion, qui s’est vu privé de sa moto alors qu’il se rendait au SIAO pour suivre les cours. « J’ai brûlé le feu, et on m’a dit de venir chercher ma moto dans sept jours», a-t-il révélé, avec une voix enrouée. Pour lui, passer une semaine sans sa moto est synonyme de calvaire au regard de la distance qui sépare son domicile de son école. « J’habite à Kossodo. Je serai obligé de me rendre au cours au SIAO en bus. J’ai essayé de négocier avec les agents de la Police. Mais, ils ont refusé de me comprendre », a renchéri M. Tiendrebéogo, avec l’espoir de bénéficier de la clémence des agents de la police nationale. Paul Zougrana, lui, a été privé de sa moto pendant une semaine pour avoir lui aussi brûlé un feu tricolore. C’est le 2 juin dernier qu’il a été interpellé devant les ruines de l’Assemblée nationale incendiée le 30 octobre 2014. Il dit avoir retenu la leçon. « Ce n’est pas facile d’être sans moto pendant sept jours. Désormais, même s’il n y a pas de policier au feu, je vais m’arrêter », a-t-il soutenu. Selon le commissaire de police Bangré Moussa Kaboré, cette opération qui prend fin le 10 juin, s’inscrit dans le cadre de la lutte contre l’incivisme dans la circulation routière. Elle vise à réprimer les contrevenants et à sensibiliser de manière générale les usagers de la route. « Il y a des éléments au niveau des carrefours, qui s’attellent à réprimer les contrevenants et à sensibiliser ceux-là qui ne sont pas toujours au parfum des règles élémentaires du code de la route. Si le contrevenant s’est bien comporté, s’il n’a pas entravé le service, il va payer 6 000 F CFA pour reprendre sa moto. S’il a commis une infraction, l’amende peut aller au delà. Pour défaut de plaque d’immatriculation, vous payez 25 000 F CFA », a-t-il ajouté. Ces amendes, beaucoup de contrevenants de la circulation routière les ont apprises à leurs dépens.
Mamouda TANKOANO