La Cour de justice de la CEDEAO a condamné mardi le Nigéria, à verser 3,25 millions de dollars aux blessés et aux ayants droit des victimes collatérales d’un raid, effectué en 2013 contre Boko Haram, selon un communiqué en anglais transmis mercredi à l’AIB.
La Cour de justice de la CEDEAO a requis mardi 7 juin 2016 du Nigéria, que 200 000 dollars à titre de compensation, soient versés à chacune des familles des huit personnes qui ont été tués le 20 Septembre 2013, par agents de sécurité nigérians, lors d’un raid sur un bâtiment inachevé à Abuja dans la recherche d’insurgés de Boko Haram.
Dans son jugement dans un procès intenté par une ONG nigériane contre la République fédérale du Nigeria, l’armée nigériane et le Département d’État des services de sécurité, un panel de trois juges, membres de la Cour de justice de la CEDEAO, a également demandé au gouvernement nigérian de verser, 150.000 dollars à chacun des onze personnes qui ont subi des blessures pendant le raid.
Les requérants qui étaient représentés par Alhaji Aliyu Umar, à la tête de sept autres avocats, avaient demandé 100 millions de dollars de compensation pour chacune des familles endeuillées et 10 millions de dollars pour chacun des blessés, à titre de compensation pour leurs mutilations.
Mais pour les six avocats de l’Etat nigérian, conduits par Fabian Ajogwu, le gouvernement nigérian a l’obligation en vertu de la Constitution du pays de protéger les vies et les biens des citoyens.
Selon lui, les agents de sécurité ont agi dans le cadre de la loi et dans une situation de nécessité et de ce fait, il ne peut y avoir de compensation financière.
Le Département d’Etat des services de sécurité nigériane, qui a été représenté par Solomon Akunna, a décrit le procès comme un abus de procédure auprès de la Cour.
Il a rappelé qu’une plainte similaire avait été déposée devant la Commission nationale des droits humains du Nigéria et que 10 millions de naira avait été attribués à chacune des familles des personnes décédées et 5 millions à chacun pour les blessés.
Pour la Cour, il y a unanimement un consensus sur le fil des événements du 20 septembre 2013, à savoir que des agents de sécurité du gouvernement ont envahi un bâtiment inachevé et occupé par des demandeurs, avant de tuer certains d’entre eux et blesser d’autres.
Selon les juges, la seule question à trancher était de savoir si le préjudice causé par les agents du gouvernement, constituait une violation des droits de l’homme, en particulier le droit à la vie et si la mort des défunts est justifiée par la loi.
À cet égard, la Cour a estimé que l’État nigérian a la responsabilité de protéger le droit à la vie de chacun de ses citoyens et que ce droit n’est pas diminué dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.
Elle a aussi rappelé l’obligation, en vertu des instruments internationaux, de diligenter des enquêtes indépendantes lorsque l’Etat est impliqué dans des pertes en vies humaines.
Agence d’Information du Burkina