Le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, a pris part, le 8 juin 2016, au siège des Nations unies à New York, à l’ouverture d’une rencontre de haut niveau sur le VIH/SIDA. La rencontre a accouché d’une déclaration politique visant à accélérer l’éradication de la maladie.
Le VIH/SIDA peut être vaincu, dans la mesure où bien d’autres maladies, jadis réputées meurtrières, l’ont été. C’est l’optimisme que le Président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, est allé distiller à New York, dans le cadre de la réunion de haut niveau tenue par les Nations unies, du 8 au 9 juin 2016. La rencontre a réuni des chefs d’Etat et de gouvernement, des jeunes, des représentants de la société civile, des personnes vivant avec le VIH, autour de du SG de l’ONU Ban Ki-moon et du Directeur exécutif de l’ONUSIDA, Michel Sidibé. A la clé, une résolution a été adoptée, par acclamation nourrie, dans le but d’accélérer la riposte contre le VIH/SIDA, en vue de mettre fin à l’épidémie d’ici à 2030. Pour le chef de l’Etat burkinabè, il faut «prendre très au sérieux» la question de la prévention si l’on veut en finir avec ce mal. C’est pourquoi, il a recommandé d’intensifier la sensibilisation à l’intention des jeunes, mais aussi des adultes, dans l’optique de briser le cycle de la transmission du virus. Pour autant, Roch Marc Christian Kaboré n’a pas occulté la nécessité de poursuivre et d’améliorer l’offre de soins à ceux vivant déjà avec la maladie. Et à ce propos, il a soutenu que personne ne doit être laissé sur le carreau au nom de la stigmatisation, arguant que l’accès à la santé est avant tout un droit humain. Il a relevé le besoin de prendre «impérativement» en compte les personnes dites clé aussi bien dans la prévention que dans le traitement. Parce que, ces personnes contribuent pour beaucoup dans la transmission de la maladie, a motivé le président Kaboré. En effet, selon les acteurs du domaine, au Burkina Faso, près de 110 000 personnes vivent avec le VIH, avec une forte prévalence chez les groupes spécifiques, comme les travailleuses du sexe (16,1%), les homosexuels (3,6%) et les détenus (2,98%). Du haut de la tribune des Nations unies, le président du Faso a également partagé l’expérience de son pays ainsi que les succès engrangés dans la lutte contre le VIH/SIDA. S’appuyant sur le rapport 2015 de l’ONUSIDA, il a indiqué que la prévalence du virus est passée de 1,2% en 2011 à 0,9% en fin 2014. Une baisse obtenue grâce aux activités de prévention, surtout à l’endroit des groupes spécifiques vulnérables et à haut risque d’infection au VIH. Il s’est particulièrement réjoui de la quasi-maîtrise de la transmission de la mère à l’enfant, avec une couverture de 98,22% des formations sanitaires. Du point de vue du traitement, le président du Faso a fait savoir que plus d’une centaine d’établissements de santé assurent, à ce jour, les soins. La gratuité des ARV, décidée depuis 2010 par le gouvernement, a permis d’augmenter substantiellement le nombre de malades sous traitement. Ces résultats «pertinents et évidents», a-t-il expliqué, sont le fruit d’une synergie d’action du gouvernement (la ligne budgétaire étatique dédiée à cette lutte est passée de 8 millions de dollars en 2012, à 17 millions de dollars en 2014), des OSC, des chercheurs, des PTF, etc.
Bataille de gagnée, pas la guerre
Toutefois, a signifié Roch Marc Christian Kaboré, les avancées au niveau national, africain et international dans la lutte contre le VIH/SIDA ne doivent pas faire perdre de vue que la bataille n’est encore gagnée. Pour lui, il y a lieu de maintenir la garde au risque d’assister à un rebond de la maladie.
C’est conscient de ce danger que le Burkina Faso a élaboré un quatrième Cadre stratégique de lutte contre le SIDA et les IST, conçu pour la période 2016-2020. L’ambition du pays, a décliné son premier responsable, est de travailler à réduire les nouvelles infections, notamment chez les femmes, les jeunes et les groupes identifiés comme le foyer de l’épidémie.
Il s’agit, aussi, d’éliminer la transmission de la mère à l’enfant. Enfin, il sera question du développement d’alternatives pérennes de financement, par des stratégies innovantes de mobilisation de ressources internes. En dépit de ses efforts domestiques, le chef de l’Etat a soutenu que la lutte contre le SIDA doit être globale et bénéficier de la solidarité mondiale. Il a dénoncé le fait que seulement 1% des investissements sanitaires dans le monde échoit à l’Afrique et que ce continent, abritant plus des 2/3 des victimes du VIH, ne produise que 2% des ARV.
D’où son cri du cœur à aider davantage le berceau de l’humanité à préserver ses hommes et femmes. «C’est une question de responsabilité partagée et de justice sociale», a conclu le président du Faso, dont la vision « pertinente » et «l’engagement sans faille» pour vaincre le VIH ont été salués par le directeur exécutif de l’ONUSIDA, Michel Sidibé.
Alassane KARAMA
envoyé spécial à New York