Depuis le 18 juin 2013, le gouverneur et ses collaborateurs sont en tournées de sensibilisation sur les conflits sociaux dans les localités de la région du Centre-est. Ces tournées visent à amener les leaders d’opinions, les chefs coutumiers et religieux, les autorités des collectivités territoriales et les populations à faire l’analyse de la situation des conflits dans leurs localités et de proposer des mécanismes pour leur éradication. Ces tournées ont déjà touché les communes du Koulpélogo et 10 communes de la province du Boulgou. D’autres sorties sont prévues dans les communes du Boulgou et du Kouritenga.
La région du Centre-est, selon le gouverneur, Allahidi Diallo, détient la palme d’or en matière de conflits sociaux et occupe la 2e place en ce qui concerne l’insécurité au plan national. Dans la province du Koulpelogo, au titre de la période 2012/2013, 20 conflits ont été enregistrés. Dans la province du Boulgou, 27 conflits fonciers et 12 conflits liés aux chefferies traditionnelles ont été enregistrés. Pour le gouverneur, ces chiffres sont inquiétants. Par ailleurs, dit-il, ces chiffres justifient pleinement l’organisation des séances de sensibilisation dans ces localités. Trois types de conflits sont légion dans la région du Centre-est : les conflits liés au partage des ressources naturelles, ceux liés à la chefferie coutumière et ceux liés aux pratiques religieuses. Le 21 juin dernier, c’était au tour de la province du Koulpélogo d’accueillir cette tournée. Comme dans les autres localités, les populations ont reconnu la récurrence du phénomène dans leurs localités. C’était l’occasion pour les populations de revenir sur les causes des conflits liés au partage des ressources naturelles. Il s’agit, entre autres, de la non application de la loi N° 034 portant régime foncier rural, de l’influence des politiques qui divisent les populations d’une même localité, de l’injustice et de l’augmentation considérable des populations. Aussi les populations ont-elles souhaité le respect des textes liés au régime foncier en créant ou en réhabilitant les zones pastorales, le renforcement des capacités et des compétences des membres des tribunaux départementaux et l’implication intégrale des collectivités territoriales, entre autres.
En ce qui concerne les conflits liés à la chefferie coutumière, les populations ont énuméré l’influence des politiques qui sont en quête de voix lors des campagnes électorales, le déni de certains princes, le flou entretenu en matière de compétence d’intronisation des chefs dans certaines localités, la présence de deux chefs dans nombre de villages et la non implication de l’administration.
En guise de solutions, il a été souhaité l’implication de l’Etat dans le processus de désignation des chefs, l’application du statut particulier des chefs coutumiers et la création d’une cellule au sein des chefs coutumiers pour discuter afin de prévenir les conflits
Concernant les conflits liés aux pratiques religieuses, les causes, selon les populations, sont liées à l’ignorance de la laïcité de l’Etat qui garantit la protection de toute personne désirant pratiquer une quelconque religion dans le respect des lois de la république. Et pour résoudre ce problème, proposent-elles, il est important que les uns et les autres s’imprègnent du caractère de l’Etat. En définitive, les populations ont suggéré la création d’un cadre régional qui va regrouper les personnes ressources et toutes les sensibilités de la région du Centre-est. Ce cadre devrait se pencher, éventuellement et principalement, sur les conflits sociaux.
A chaque rencontre, le gouverneur reprend la parole en dernière position pour insister sur des éléments qu’il juge capitaux. Allahidi Diallo a indiqué que les coutumiers sont les mieux indiqués pour résoudre les problèmes liés à la chefferie. Car, selon lui, l’Etat ne dispose pas, pour le moment, de compétences pour s’y impliquer. A l’issue des tournées, une rencontre synthèse sera organisée à l’échelle régionale afin de se pencher sur toutes les propositions.