A l’occasion de son séjour à Dakar dans le cadre de la 49e session ordinaire de la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, est revenu, entre autres, sur le cas Zida lors de sa rencontre avec les Burkinabè vivant au Sénégal. Nous vous proposons en substance la teneur de ses propos.
« Si plus rien ne doit plus être comme avant, cela commence maintenant. On ne cherche pas en particulier des problèmes et des poux sur la tête de quelqu’un, mais j’ai dit directement au Premier ministre Zida que pendant sa présidence de 14 ou 17 jours il y a eu des comptes de la présidence qu’il a clôturés le jour de l’investiture du président Kafando pour en ouvrir d’autres. Pour les comptes de la présidence qui ont été ouverts, l’argent est où puisqu’il a été dépensé ? Mieux, il a été dépensé pendant qu’il était au Premier ministère d’où il signait des chèques de la présidence avec la complicité du DAF et du chef du cabinet militaire.
Quelqu’un allait récupérer l’argent avec un sac qu’on lui déposait à la primature. Il ne peut pas avoir joué à cette imposture pendant une année et se prétendre celui qui est venu changer les choses alors qu’il menait les pratiques d’avant. Au Premier ministère, c’était la même situation. On remarque que d’un compte chargé de la communication qui était budgétisé à 200 millions de F CFA, c’est 1 milliard 100 millions qui sont sortis. C’est facile de dire que c’est la Transition, on va faire du « mouta mouta » entre nous. Ce n’est donc pas une chasse aux sorcières. C’est terminé ça puisqu’on a dit que plus rien ne serait comme avant. Il m’a demandé une autorisation de deux semaines pour aller voir sa famille au Canada et depuis le 19 février 2016 sa permission est terminée. Je n’ai plus de nouvelles.
Pour sa nomination au poste d’ambassadeur aux Etats-Unis, il m’a envoyé un texte de remerciement. Je lui ai répondu que je n’avais nommé personne, car cette nomination n’est pas de mon fait et qu’en conséquence, elle allait être purement et simplement annulée. De ce fait, nous avons considéré que cela faisait près de trois à quatre mois que nous n’avions plus de nouvelle de lui.
Je lui ai donc écrit une dernière lettre en lui disant que s’il ne reprenait pas ses fonctions normalement, il serait considéré comme un déserteur.
C’est à ce moment que nous avons reçu une réponse où il demande qu’on le mette en position d’évacuation sanitaire. Je lui ai répondu que l’évacuation sanitaire suit une procédure : il faut un dossier médical qui est soumis aux autorités de l’hôpital, lesquelles en apprécient l’opportunité. Ce n’est pas après quatre mois de séjour au Canada qu’on va engager des démarches dans ce sens.
Propos retranscrits par
Alex Harold Kaboré