Ouagadougou- Une centaine de militants du Cadre de concertation des organisations de la société civile (CNOSC) a vivement protesté jeudi, contre la liberté provisoire accordée à certains dignitaires de l’ancien régime, suspectés d’être impliqués dans de meurtrières répressions contre des civils en octobre 2014 et en septembre 2015, a constaté l’AIB.
«Nous disons non à l’injustice de la justice burkinabè (…) Pendant qu’il y a des voleurs de motos, de poulets et de vélos qui croupissent à la MACO (prison civile de Ouagadougou)», il y a d’autres qui sortent et «qui narguent le peuple burkinabè et les familles des martyrs (victimes)», a lancé la porte-parole du CNOSC, Safiatou Lopez-Zongo au milieu des cris dune centaine de ses partisans.
Rassemblés jeudi matin devant le palais de justice de Ouagadougou, les manifestants s’insurgeaient particulièrement contre la liberté provisoire, accordée lundi à Eddie Komboïgo.
Le président de l’ancien parti de Blaise Compaoré, chassé du pouvoir par la rue en octobre 2014 au bout de 27 ans de présidence, était incarcéré depuis janvier pour son implication présumée dans un putsch, orchestré en septembre 2015 par des officiers pro-Compaoré.
Mardi, le ministre de la Justice, Réné Bagoro avait assuré que les libertés provisoires (pour raisons médicales) accordées à toutes les personnalités suspectées, étaient de l’unique ressort d’une justice militaire «indépendante».
Mais pour Safiatou Lopez-Zongo, «l’injustice de la justice dure depuis 27 ans, (car) on ne peut pas comprendre que Eddie Komboïgo soit libéré sans explication».
Le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP, pouvoir) avait, dans cette veine, publié en début de semaine un communiqué invitant la Justice à «éclairer l’opinion publique sur ses décisions (…) notamment en publiant un calendrier précis sur la tenue des procès des présumés coupables».
«Quand l’injustice devient (une) loi, la résistance devient un devoir; justice pour les Martyrs (une trentaine) des 30 et 31 octobre 2014; justice pour les Martyrs (une quinzaine) du coup d’Etat (finalement déjoué du 16 septembre 2015)», pouvait-t-on lire entre autres, sur les banderoles des protestataires.
On rappelle que le 30 octobre 2014, des milliers de manifestants ont incendié l’Assemblée nationale, peu de temps avant le vote qui devait permettre à M. Compaoré de sauter le verrou limitatif des mandats présidentiels.
D’où la mise en garde de Safiatou Lopez-Zongo: «Si la justice ne nous donne pas le choix, on n’aura pas le choix», avant d’ajouter en langue nationale mooré, «Ce que l’Assemblée nationale a subi, le palais de justice le subira».
Rappelons également que Mme Lopez-Zongo a été souvent vilipendée sur les réseaux sociaux, au même titre que d’autres responsables de la Société civile, pour leurs supposés liens avec le régime de Transition (nov. 2014-déc 2015) dont des malversations ont été mises au grand jour, en avril par l’autorité nationale de lutte contre la corruption.
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