Les responsables du Cadre de concertation nationale des organisations de la société civile (CCNOSC) ont organisé un sit-in hier jeudi 2 juin devant le Tribunal de grande instance de Ouagadougou. Objectif : protester contre la liberté provisoire accordée à certains dignitaires du régime de Blaise Compaoré. Mais le moins qu’on puisse dire, c’est que peu de monde a répondu à l’invitation de la présidente d’honneur du CCNOSC, Safiatou Lopez.
«La libération récente d’Eddie Komboïgo, impliqué dans le coup d’Etat sanglant de mi-septembre dernier, sur la base de motifs insensés a fini par convaincre plus d’un que l’indépendance de notre justice a ouvert la porte à du libertinage judiciaire plutôt qu’à l’intégrité, puis à l’impartialité ». C’est la conviction des membres du Cadre de concertation nationale des organisations de la société civile (CCNOSC) qui a été officialisée par sa présidente d’honneur, Safiétou Lopez/Zongo. En attendant l’arrivée de cette dernière, la poignée de manifestants, en rangs clairsemés, ont effectué des va-et-vient entre le rond-point des Nations unies et l’entrée principale du Palais de Justice. Face à la centaine de manifestants réunis pour la circonstance, l’oratrice du jour n’a pas été tendre envers certains acteurs de la justice qu’elle qualifie de corrompus dans la mesure où ces derniers se cachent derrière le vocable indépendance pour libérer « des bandits, des criminels ».
Le Cadre dit aussi être au parfum de manœuvres en cours mises en place par la «mafia judiciaire» pour une future libération de Djibril Bassolé. Raison pour laquelle sa présidente d’honneur s’est voulue menaçante en mettant en garde l’institution judiciaire. «Cela nous ferait mal que la Justice connaisse le sort de l’ancienne Assemblée nationale, mais si elle ne nous donne pas le choix, on n’aura pas le choix», affirme-t-elle, suivie des coups de sifflets et de « héy !! héy !! » de son auditoire. Le regroupement d’OSC, fort d’une centaine d’associations, à en croire son porte-parole Désiré Guinko, refuse également l’arrivée d’avocats étrangers à Ouagadougou dans la poursuite du dossier lié au putsch raté. « L’avocat étranger qui viendra sur notre sol pour défendre quelqu’un qui a tué un compatriote nous aura en face de lui », renchérit Safiatou Lopez avant d’inviter ses compagnons à rester mobilisés pour la quête d’une «vraie Justice». Elle exhorte le gouvernement à prendre ses responsabilités face à « la dérive qui choque les consciences populaires, afin que l’esprit de l’insurrection populaire et de la résistance ne soit pas souillé par une justice qui se discrédite ».
Aboubacar Dermé (Stagiaire)