Au moins une centaine de militants du Cadre de Concertation des Organisations de la Société civile burkinabè (CCNOSC) manifestaient jeudi vers 09H00 (Gmt, heure locale) devant le Tribunal de grande instance de Ouagadougou, contre "l’impunité et la corruption" dans les juridictions, a constaté un journaliste de ALERTE INFO.
Encadrés par une dizaine de policiers, ces manifestants, pancartes en mains, s’insurgent contre la justice qui selon eux "est corrompue" et que les décisions de justice rendues ces derniers jours, notamment la libération provisoire de certains ex-dignitaires du pouvoir de l’ex-président Blaise Compaoré, "ne sont pas en phase avec l’expression du peuple".
"Nous sommes sortis pour dire non à cette justice, non à l’impunité et réclamer la fin de la corruption au sein" des institutions judiciaires, a laissé entendre le porte-parole du CCNOSC Désiré Guinko qui souhaite "que tous ceux qui se sont rendus coupables de crimes économiques et de sang répondent de leurs actes".
Cette manifestation a été ponctuée de slogans hostiles à la justice et de mise en garde. "Justice corrompue en bas!", pestaient la centaine de manifestants.
Ces manifestants réclament entre autres une "justice pour les martyrs des 30 et 31 octobre 2014" et des personnes tuées au cours du coup d’Etat avorté du 16 septembre 2015, le jugement de l’affaire Thomas Sankara, du journaliste Norbert Zongo et du juge constitutionnel Salifou Nébié, notamment.
"Depuis 27 ans on n’a pas de justice au Burkina. Nous nous sommes battus mais jusqu’à aujourd’hui il n’y a pas eu de résultats concrets suite au sacrifice du peuple", a déploré M. Guinko pour qui "trop c’est trop".
"Notre lutte ira de façon graduelle. Aujourd’hui nous sommes venus ici pacifiquement, demains nous allons ressortir pour leur dire que nous sommes contre toute décision qui va contribuer à piétiner la volonté du peuple", a-t-il poursuivi.
Pour le porte-parole du CCNOSC "la goutte d’eau qui a fait débordé le vase c’est bien la libération sur la base d’arguments fallacieux qui ne tiennent pas la route, de Eddie Komboigo", président du Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP, parti de Compaoré), "quelqu’un qui est activement impliqué dans le coup d’Etat".
"Tandis qu’on a des jeunes dans des cellules qui sont en train de mourir, souffrir de maladie, on libère Eddie Kombiogo sur le fait qu’il est malade. Trop c’est trop, nous ne voulons plus que la justice pose des actes qui sont en déphasage avec l’insurrection populaire", a dit Désiré Guinko.
Par ailleurs le Cadre de concertation national des OSC rejette l’envoi d’avocats étrangers dans le cadre du dossier du coup d’Etat pour défendre des présumés coupables devant la juridiction militaire.
Sous la transition un certain nombre de proches de Compaoré ont été mis aux arrêts pour des faits de "détournement et d’enrichissement illicite". Certains d’entre eux, notamment l’ex-ministre de la Sécurité Jérôme Bougouma et Jean-Bertin Ouédraogo, ex-ministre des Infrastructures, du Désenclavement et des Transports bénéficient d’une liberté provisoire.
Aussi des mandats d’arrêts qui avaient été émis contre des personnes présumées impliquées dans l’affaire du coup d’Etat du 16 septembre 2015 ont été annulés par la Cour de cassation en fin avril pour "vice de forme".
DZO