Relancer rapidement la coopération entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso et remercier Alassane Ouattara pour son leadership dans la préservation de la paix au Burkina Faso et dans notre sous-région. Voilà l’objet du message que le président Roch Marc Christian Kaboré a fait passer à son homologue ivoirien. Ce message a été porté par Salifou Diallo, le président de l’Assemblée nationale burkinabè, qui s’est rendu sur les bords de la lagune Ebrié à la tête d’une délégation qui comptait en son sein Simon Compaoré, ministre de l’Administration territoriale et de la Sécurité intérieure, et Alpha Barry, celui des Affaires étrangères. C’était hier 31 mai 2016 à Abidjan.
Salifou Diallo, président de l’Assemblée nationale ; Simon Compaoré, ministre de l’Administration territoriale et de la Sécurité intérieure ; Alpha Barry, ministre des Affaires étrangères. Voilà le trio de choc que Roch Marc Christian Kaboré a dépêché à Abidjan porter un message à Alassane Ouattara. La délégation a été conduite par Salifou Diallo. L’avion transportant les officiels burkinabè a atterri à l’aéroport d’Abidjan peu avant 9 heures hier matin sous une fine pluie. Ils ont été accueillis sur le tarmac par Albert Mabri Toikeuse, le ministre des Affaires étrangères de la Côte d’Ivoire.
Après un bref entretien dans le salon d’honneur, direction l’hôtel Ivoire où la délégation burkinabè a pris ses quartiers. Puis lecortège s’est ébranlé pour la présidence ivoirienne où le trio burkinabè a été reçu sur le coup de 10 heures par Alassane Ouattara.
Dans l’attente de la fin de l’audience, les journalistes des deux pays font le pied de grue. Çà et là, les professionnels de la plume échangent entre eux sur l’objet de cette visite des officiels burkinabè au palais de Cocody. Dans ces échanges entre «gratte-papiers» la question du mandat d’arrêt de Guillaume Soro revient comme une antienne. Ce sujet, on le sait, et on ne va pas se voiler la face, a porté un sérieux coup de canif aux relations entre les deux pays. Même si ce mandat a été récemment annulé pour vice de forme, il n’en demeure pas moins que le mal était déjà fait. De plus, la justice militaire burkinabè a la latitude de décerner un autre mandat contre Soro.
Un entretien de 90 mn
L’entretien entre Alassane Ouattara et ses hôtes a duré près de 90 minutes. Au sortir de cette audience, la fine pluie qui tombait avait cessé et fait place à un doux soleil. Seraient-ce les prémices du réchauffement, tant espéré, des relations entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso? L’histoire nous le dira un jour. Lorsque Ouattara et ses hôtes ont quitté la salle où ils s’étaient enfermés, les journalistes ont accouru pour recueillir leurs propos sur l’objet de cette visite. Le moment de vérité où il n’y a plus de place pour la spéculation, puisque les officiels vont s’exprimer officiellement.
Sur le perron de la présidence de la République, c’est Alassane Ouattara qui s’est exprimé en premier en ces termes : «J’ai eu le plaisir et l’honneur d’avoir la visite de monsieur Salifou Diallo, président de l’Assemblée nationale du Burkina Faso. Cher frère, c’est un grand plaisir de vous revoir. Nous avons eu un entretien bien fourni de confiance, de renforcement des relations entre nos deux pays et entre nos institutions. Tout le monde sait que les relations entre le Burkina et la Côte d’Ivoire sont des relations séculaires, des relations anciennes et les deux pays ont en perspectives de nombreux projets ensemble. Nous avons convenu, avec le message du président Roch Kaboré, que nous allons reprendre bientôt la préparation du sommet pour le traité d’amitié qui devrait avoir lieu à Yamoussoukro en fin juillet. Je voudrais vous remercier de cette visite avec une forte délégation et vous demander de transmettre à nouveau au président Kaboré toute ma gratitude et nos sentiments de fraternité. Merci».
A sa suite, Salifou Diallo a pris le micro pour livrer à la presse le message suivant : «Merci, Excellence. Effectivement, nous sommes arrivés à Abidjan ce matin à la tête d’une délégation comprenant le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité et le ministre des Affaires étrangères du Burkina Faso. Nous avons été envoyés par le président Roch Marc Christian Kaboré pour transmettre un message à son aîné, à son grand frère, le président Ouattara de la Côte d’Ivoire. Ce message est simple. C’est relancer rapidement la coopération entre nos deux pays sur la base du Traité de 2008, Traité d’amitié et de coopération. Le deuxième aspect du message dont nous étions porteurs était de venir remercier le président de la Côte d’Ivoire pour sa contribution à la paix au Burkina Faso d’une manière particulière et dans la sous-région de manière générale. Le président de la République de Côte d’Ivoire est effectivement notre doyen, notre grand frère, et nous prenons conseil auprès de lui pour tout ce qui touche à la sécurité, à la coopération économique dans la zone ouest-africaine. Et nous nous sommes félicités du travail accompli en Côte d’Ivoire par le président Ouattara pour la relance de l’économie de ce pays postconflit. Nous nous sommes permis de lui demander de nous appuyer pour la relance de l’économie du Burkina Faso suite à notre récente histoire émaillée de difficultés économiques de tous ordres. Nous sommes venus également lui dire combien nous sommes prêts à renforcer les liens multiséculaires entre les peuples ivoiriens et burkinabè. Donc nous sommes fiers de nous retrouver ce matin à Abidjan et de travailler à relancer urgemment les liaisons de tout ordre entre le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire. Voilà l’objet de notre venue ce matin, et nous vous en remercions».
«Nous avons soif d’échanger avec vous»
Voilà qui est bien dit. Les journalistes n’auront plus rien à se mettre sous la dent puisqu’il ne s’agissait pas d’une conférence de presse mais d’une déclaration que chaque partie, ivoirienne et burkinabè, a livré. Retour à l’hôtel Ivoire où les envoyés de Roch ont eu un bref échange avec une délégation de la communauté burkinabè en Côte d’Ivoire. Là, c’est le ministre Alpha Barry, en sa qualité de ministre en charge des Burkinabè de l’étranger, qui s’est entretenu avec nos compatriotes. Au cours de cet entretien, Alpha Barry a insisté sur le sens de la visite qu’ils venaient de rendre à Alassane Ouattara et qui vise à «renforcer les relations entre la Côte d’Ivoire et le Burkina». La question de la carte consulaire a été évoquée, et sur ce point le ministre a rassuré les uns et les autres sur les dispositions prises pour la résolution des problèmes posés. «On va continuer à travailler dessus. Je vous demande de faire confiance au gouvernement. On est arrivé dans un contexte de difficultés économiques et sécuritaires, mais aujourd’hui, on a commencé à se pencher sur la question des Burkinabè de l’extérieur. Je veux que les Burkinabè de l’extérieur puissent effectivement voter à la présidentielle de 2020 comme les Maliens et Nigériens le font déjà». Cette déclaration a été saluée par un tonnerre d’applaudissements. Alpha Barry a informé notre diaspora ivoirienne que le président du Faso se rendrait en Côte d’Ivoire en juillet prochain. Le ministre a souhaité que nos compatriotes en Côte d’Ivoire lui réservent un grand accueil. Issaka Kindo, porte-parole de la communauté burkinabè en Côte d’Ivoire, a remercié le ministre pour cet entretien qui vient étancher un peu «notre soif d’échanger avec vous». Les deux parties ont convenu de se retrouver ultérieurement pour évoquer tous les sujets de préoccupation.
Alpha Barry a aussi reçu en audience l’ambassadeur italien auprès du Burkina avec résidence à Abidjan. A l’occasion, le diplomate italien, Alfonso Di Riso, a transmis un message pour le chef de l’Etat burkinabè. La délégation burkinabè a regagné Ouagadougou peu avant 16 heures. Espérons que cette mission portera du fruit et que les relations entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso vont se réchauffer comme il se doit, et cela au bénéfice des populations des deux pays que l’histoire et la géographie ont liées.
San Evariste Barro
Ouaga-Abidjan-Ouaga