Le gouvernement a tenu son 4e point de presse, le jeudi 26 mai 2016 à Ouagadougou. Aux côtés de son collègue en charge des transports, le ministre de l’Economie, des Finances et du Développement, Hadizatou Rosine Coulibaly/Sori, a abordé les grèves au sein de son département et la présente rupture de stock de timbres fiscaux.
Le Ministre de l’Economie, des Finances et du Développement (MINEFID), Hadizatou Rosine Coulibaly/Sori a évoqué avec la presse, des questions liées au Programme national de développement économique et social (PNDES), la modernisation des régies, la pénurie des timbres fiscaux et les mouvements d’humeur au sein du MINEFID. C’était au cours du traditionnel point de presse du gouvernement tenu le jeudi 26 mai 2016 à Ouagadougou.
Le ministère en charge des finances est, depuis plusieurs semaines, en proie à des sit-in à répétition dont la dernière en date remonte au mardi 24 mai 2016. «Nous traversons effectivement une situation assez délicate au sein de mon ministère. Mais, c’est aussi la preuve que les représentants des syndicats ont aussi droit au chapitre. Nous sommes dans un système de dialogue entre les différents acteurs», a expliqué Mme Coulibaly/Sori. Mon style de management, a-t-elle poursuivi, est participatif. «Le ministre n’est pas celui qui décide tout seul. Il est normal que des discussions soient engagées sur les difficultés du moment et que nous puissions avoir le courage d’en parler», a-t-elle estimé, avant d’évoquer la pomme de discorde entre le MINEFID et les syndicats des finances. Tout en admettant l’importance de motiver le personnel des différentes régies, Hadizatou Rosine Coulibaly/Sori a soulevé des questionnements relatifs à l’alimentation et à la «durabilité» du fonds commun, le sujet qui divise. «A ses débuts, le fonds commun était alimenté par les ressources issues des recouvrements contentieux, exclusivement je dis bien exclusivement. Mais chemin faisant, le niveau de recouvrement contentieux n’était plus très élevé. Il a donc fallu trouver d’autres sources pour entretenir ce fonds», a-t-elle déclaré. A l’entendre, la problématique se situe au niveau de la pérennité de la «manne» financière et nécessite par ricochet, un débat franc et sincère avec les acteurs sociaux en vue de trouver des solutions idoines. «Notre budget est un budget d’objectif qui veut atteindre des résultats. C’est un élément important de notre feuille de route. Nous travaillons à traduire les priorités du programme présidentiel, c’est-à-dire le PNDES qui va couvrir la période 2016-2020», a-t-elle argué. Nous voulons, a-t-elle souligné, que ce soit un programme de croissance accélérée forte et inclusive basée sur des secteurs porteurs de croissance, telles l’agriculture, l’énergie, les Technologies de l’information et de la communication (TIC). «Le PNDES est un programme ambitieux», a-t-elle laissé entendre. De l’avis de Mme Coulibaly/Sori, ces ambitions nécessitent des «réformes courageuses» au niveau des douanes, des impôts et du trésor.
Le fonds commun de la discorde
Dans la même lancée, elle a plaidé pour une rationalisation des dépenses publiques. «Notre budget fonctionne sur les recettes et dépenses. Si nous essayons de travailler pour accroître nos recettes, il est aussi bon de réduire les dépenses publiques», a-t-elle conseillé, invitant les Burkinabè, toutes couches sociales confondues, à s’inscrire dans cette dynamique. A l’en croire, la traditionnelle chaîne des marchés publics, «un problème important», est sur le point d’être revue. En témoigne l’adoption, au Conseil des ministres du mercredi 25 mai 2016, d’un rapport relatif à la feuille de route pour l’amélioration des procédures de passation des marchés publics et la réduction des délais de traitement des dossiers de passation des marchés. «Le processus est long et inefficace. Il nous appartient donc de s’assurer que ce que nous engageons comme dépense sera bénéfique aux populations», a indiqué Mme «finances» du gouvernement. La qualité de la passation des marchés publics, à ses dires, est d’ailleurs l’une des explications de l’actuelle pénurie de timbres fiscaux.
Cette situation représente, a-t-elle révélé, un manque à gagner d’environ 79 MILLIONS de F CFA. Pour elle, il s’agit d’un défaut d’anticipation. «A l’avenir, il nous faudra signer des contrats de deux ans, par exemple, afin d’éviter les par à-coups qui font perdre à l’Etat, d’importantes sommes d’argent», a-t-elle préconisé. La rupture de stock des timbres fiscaux est à nouveau revenue au cours des échanges avec les journalistes. Sur la question, Mme Coulibaly/Sori s’est voulu on ne peut plus clair : «il y a eu des défaillances à tous les niveaux. Et naturellement, les responsabilités seront situées. Parce que c’est l’Etat et donc le contribuable qui va devoir mettre la main à la poche pour régler la facture». Les mesures de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) sur les fraudes fiscales, la question des syndicats du MINEFID ont été également, entre autres, évoquées lors du face à face. Réagissant aux mesures de l’OCDE, la ministre Coulibaly/Sori a affirmé que toute initiative qui incite le Burkina Faso à adhérer aux bonnes valeurs de transparence et de lutte contre la fraude fiscale est salutaire. «Le dialogue n’est pas rompu avec les syndicats de mon département. Ma porte reste ouverte à toute contribution visant la bonne marche de notre maison commune», a-t-elle fait observer sur le volet des syndicats de son ministère.
Aubin W. NANA