Ce sont les premiers responsables du MPP (Mouvement du peuple pour le progrès) visiblement satisfaits des résultats engrangés pendant les municipales qu’il nous a été donné de remarquer pendant le point de presse animé hier jeudi au siège de campagne du parti. Tout en se félicitant de leur victoire, qu’il a qualifié d’ «écrasante», Salifou Diallo, vice-président du parti au pouvoir, a raillé l’opposition, notamment l’UPC qui avait déjà choisi son maire de Ouagadougou avant même d’avoir gagné.
Après s’être excusé pour le retard, une vingtaine de minutes, pris avant de démarrer le point de presse, celui qui en est le principal animateur, Salifou Diallo, vice-président du MPP, est entré dans le vif du sujet en se félicitant du résultat obtenu par le parti pendant les municipales du 22 mai dernier. En guise d’argumentaire, il égrènera les chiffres suivants : plus de 11 000 conseillers sur les 19 000, la victoire dans les 10 villes moyennes ainsi que dans les capitales politique et économique et l’assurance de gérer au bas mot 278 communes sur un total de 363. «Toute honte bue, certains tentent de minimiser notre score. On ne peut pourtant pas cacher le soleil avec une main ; même quand on est aveugle, lorsqu’il se lève, on le sent », a été la mise au point de celui qui est appelé Gorba quand il militait dans la sphère communiste, suscitant un tonnerre d’applaudissements de la part de nombreux militants présents dans la salle. Et là où la majorité n’est pas acquise, le parti veut privilégier la négociation avec ses alliés plutôt qu’avec l’opposition.
A l’écouter, que de revers pour son parti avant et pendant ces élections. Le tenant du crachoir réfutera avec la dernière énergie les accusations de violences qui auraient été perpétrées par le parti au pouvoir: « Ce sont des accusations fantaisistes et infondées de mauvais perdants. Notre parti a été plutôt victime de violences et d’intrigues de toutes sortes ». L’on apprendra de lui qu’à Béguédo, un militant du MPP a reçu 9 balles, qu’à Bouroum Bouroum, quelqu’un de l’administration, instrumentalisé par l’UPC, a déchiré les listes MPP pour invalider le parti, et qu’à Zogoré, de faux militants munis de fausses cartes du MPP déroutaient les vrais militants. Sur ces accusations de l’opposition, la conclusion des animateurs de la rencontre avec les journalistes est sans appel : il s’agit du voleur qui crie au voleur.
Après toutes ces tribulations et maintenant que la victoire est acquise, notamment dans les grandes villes, qui pourrait être le candidat du MPP à la mairie de Ouagadougou qui, foi du vice-président du MPP, est déjà acquise ? L’occasion pour Salifou Diallo de persifler : «Au MPP, nous ne faisons pas comme chez certains qui, avant même l’élection, avaient déjà décidé de qui sera maire de Ouagadougou, avant même d’avoir gagné. Vous avez du reste remarqué les affiches à son effigie dans la ville. C’était de la fanfaronnade. Aujourd’hui, il doit être dans ses petits souliers. Nous sommes un parti discipliné et le choix du candidat passe par un processus démocratique». En guise de conclusion et comme pour montrer qu’il y a une vie après les élections, celui qui est par ailleurs président de l’Assemblée nationale tirera les leçons et tracera la prochaine voie en ces termes : «Malgré notre écrasante victoire, nous avons le triomphe modeste : après cette victoire, nous devons remporter la victoire du développement. Nous venons de boucler le cycle des élections, et nous allons démarrer en force».
Issa K. Barry