Née le 3 août 2015 de la volonté d’un regroupement d’organisations de la société civile, la Convergence des masses populaires (CMP) fait partie des 23 entités en lice pour les élections municipales de dimanche prochain dans l’arrondissement no 4 de la ville de Ouagadougou. Se positionnant en candidats indépendants, les membres du CMP se sont dotés de la « vision 4 » ; autrement dit d’un programme de développement dudit arrondissement, et n’entendent pas y faire de la figuration. Dans la matinée du mercredi 18 mai, nous prenons langue avec Emmanuel Bagbila Ilboudo, responsable de la section photo de L’Observateur paagla et candidat indépendant au titre de la CMP. Sur les traces donc d’un indépendant, désireux du meilleur pour son arrondissement qui a beaucoup fait parler de lui aux dernières élections locales.
Sur les lieux du rendez-vous à 8h25, à peine après l’avoir informé au téléphone de notre arrivée qu’Emmanuel Ilboudo se présente devant nous, donnant l’impression de quelqu’un qui a une journée chargée. Après les salutations d’usage, nous abandonnons la fourgonnette ciglée du journal pour grimper derrière le prétendant au poste de conseiller du secteur 17 au guidon d’une moto Yamaha et dont le domicile est sis à quelques centaines de mètres. Là, le photographe de presse nous présente aux siens. « C’est mon collègue et il est venu nous suivre durant cette journée pour voir comment nous menons la campagne ».
Puis il s’engouffre dans sa chambre, en ressort avec des enveloppes et un tas d’habits soigneusement emballés dans un foulard. Nous nous retrouvons ensuite chez un des blanchisseurs du quartier à qui il remet le baluchon pour blanchissage. Ensuite celui-ci est invité à un meeting de la CMP prévu pour le lendemain (jeudi 19) à 15h au « Arb yarré ». Ce point de départ marque en réalité le début d’une tournée qui nous amènera chez des particuliers, des boutiquiers ou encore des tenanciers de kiosques et de cabarets. Le message est le même : mobiliser des personnes au dernier meeting du secteur 17.
« Si on dit candidat indépendant, nous sommes vraiment des indépendants, nous faisons tout avec nos propres moyens (ndlr : financiers, matériels, etc.) et voici que des électeurs nous demandent de l’argent », raconte le photojournaliste dont le dernier article paru dans L’Obs est intitulé « Toma île : Les poissons nagent moins, les hommes s’inquiètent ». Il confie qu’il n’est pas rare d’entendre des propos du genre « tel parti politique vous a donné 20 000 F CFA, tel autre tant de francs, mais qu’est-ce que vous proposez concrètement ? ». Tout en restant concentré sur sa trajectoire, Emmanuel Ilboudo, face à ces réactions, ne manque pas d’idées pour convaincre ses vis-à-vis :« Nous leur disons que nous sommes des fils du quartier, qui connaissent les difficultés de l’arrondissement et qui ont le souci de travailler au bien-être de nos mamans, papas, frères et sœurs.
Nous leur expliquons que nous ne disposons pas de moyens financiers comme les partis politiques mais plutôt d’un programme de développement clair capable de résoudre les problèmes et que si les habitants de l’arrondissement nous faisaient confiance, nous changerions les choses». A l’en croire le message est compris du public et certains n’hésitent même pas à devenir des porte-parole de la Convergence des masses populaires.
De la « vision 4 »
En plus de la photo et maintenant de la politique, Emmanuel Ilboudo, à ses temps perdus, s’essaie à la musique. Il a même officié en tant que leader vocal de l’orchestre de Tanghin et signé un clip vidéo. Artiste dans l’âme, Emma fut aussi acteur de théâtre avec la troupe de M’ba Boanga (1). L’homme aux multiples casquettes soutient que le regroupement dont il est membre est confiant. « Nous avons un programme réaliste qui comporte plusieurs axes. Notre contribution sera centrée sur la promotion de l’emploi en faveur des jeunes et des femmes (création d’un centre de formation multisectorielle, mécanique, teinture, couture, entre autres). Nous avons des structures de santé qui ont besoin d’accompagnement (NDLR : dotation en plaques solaires), car il n’est pas question que nos femmes continuent d’accoucher avec la lumière produite par des téléphones portables. Nous comptons développer les infrastructures routières, car, quand il pleut, les six-mètres sont impraticables ; il nous faut beaucoup de caniveaux pour le drainage des eaux de pluie. La promotion du sport en général est aussi un aspect de notre vision, soutient-il. Aux coupes du maire en football qui existent depuis 1995, nous pensons joindre les sports de main, le cyclisme, les jeux de société, l’athlétisme », explique avec une certaine certitude Emma qui en réalité s’est fortement imprégné du document de 12 pages qui leur sert de boussole.
L’arrondissement 4 embrasse également les secteurs 18, 19 et 20 qui ont aussi des actions spécifiques. Questionné sur le coût de la réalisation du programme, si toutefois la CMP gagne la majorité des 20 sièges de conseillers à pourvoir, le photographe affirme que le regroupement veut compter sur ses propres fonds, développer une approche participative des populations et surtout aller vers des partenaires qui sont prêts à les soutenir.
Entre-temps, pour la suite de la tournée, nous troquons la Yamaha contre un véhicule de type Mercédès pour nous rendre au siège du regroupement. Sur place aux environs de 11h20, l’équipe de préparation du meeting s’attelle aux derniers réglages. Ahmed Limane Bittienga et Boukari Kaboré, respectivement délégué à l’organisation des activités de l’arrondissement et du secteur 17, passent au peigne fin les différentes commissions (accueil et installations, sécurité, communication, …) pour que l’événement soit un succès.
La journée du candidat indépendant a pris fin par un meeting à Nonghin, situé à quelques kilomètres du siège, et des Assemblées générales pour mieux faire connaître la CMP et ses ambitions pour l’arrondissement.
Aboubacar Dermé (Stagiaire)