Le Burkina Faso, pays des Hommes intègres, a de nouveau été frappé par les terroristes. En effet, dans la nuit du 17 mai dernier, aux environs de 21h, trois hommes armés non encore identifiés, selon le ministre de l’Administration territoriale, de la décentralisation et de la sécurité intérieure, Simon Compaoré, ont attaqué, à coups de kalachnikov et de fusils mitrailleurs, le commissariat de police du district de Koutoukou, du nom de cette localité située à 135 km de Djibo. Deux éléments qui étaient de garde au poste, ont été blessés dont un très grièvement. Rien que le modus operandi des assaillants en dit long sur leur identité. Il s’agit de djihadistes certainement venus du Mali dont le septentrion, il faut le dire, est loin d’être pacifié. Il n’est pas permis d’en douter au regard même de la situation géographique de Koutoukou, situé à une quarantaine de kilomètres de la frontière avec le Mali. Ce n’est pas la première incursion djihadiste sur le sol burkinabè. Car, pas plus tard que le 10 mai dernier, le commissariat de police de Loropéni, dans le Sud-Ouest du pays, avait fait l’objet d’une attaque perpétrée par quatre individus munis d’armes de guerre. Peu avant, soit en mi-janvier dernier, la capitale Ouagadougou a été le théâtre d’une série d’attaques meurtrières qui avaient laissé une trentaine de macchabées sur le carreau. Et ce n’est pas tout. Le poste de douane de Déou puis le commissariat de police de Ourcy dans le Nord et le poste de gendarmerie de Samorogouan, ont tous reçu tour à tour, la visite mortifère et parfois même mortelle des fous d’Allah. C’est donc clair, le Burkina Faso, à l’instar des autres pays de la sous-région, fait face à la menace terroriste. Il doit non seulement ouvrir l’œil et surtout le bon, mais aussi garder constamment l’arme au pied. Car, contrairement à ce que pourront penser certains, le ver est déjà dans le fruit.
Les djihadistes sont aussi faits de chair et de sang, et ne sont donc pas invincibles
Ce d’autant plus que nombreux sont les Burkinabè qui se sont fait enrôler au Nord-Mali et qui, aujourd’hui, on ne sait pour quelle raison, sont décidés à mettre le pays à feu et à sang. C’est le cas du tristement célèbre Boubacar Sawadogo, du nom de ce natif de Kaya, qui ne fait pas mystère de sa volonté d’établir un califat au Burkina, si l’on en croit l’un de ses complices, Yacouba Touré, naguère alpagué par les forces spéciales maliennes, à Bamako. De source généralement bien informée, c’est le même Ansar qui a planifié et cordonné l’attaque du poste de gendarmerie de Samorogouan, le 9 octobre 2015. Alors, combien de Boubacar Sawadogo peut-on compter dans les rangs des djihadistes, que ce soit au Nord-Mali, en Libye ou dans le Bassin du Lac Tchad où sévissent dangereusement Aboubakar Shekau et ses sicaires ? Bien malin qui pourra répondre à cette équation à mille inconnues. C’est pourquoi il est important, dans la lutte que mènent les Etats de la sous-région contre le terrorisme, de mettre l’accent sur le renseignement qui, s’il est bien conduit, pourrait permettre de démanteler certaines filières djihadistes et autres cellules dormantes, et partant, de prévenir bien des attaques terroristes. Car, quoi que l’on dise, les djihadistes sont aussi faits de chair et de sang, et ne sont donc pas invincibles. A la seule différence qu’ils donnent l’impression, par leur témérité, de n’avoir pas peur de la mort. En tout cas, la preuve est là que le terrorisme n’a ni de visage ni de nationalité. Et nul ne peut se prévaloir d’une quelconque immunité djihadiste, à moins d’avoir fait le choix de pactiser avec le diable.
B.O