Le Syndicat national des enseignants chercheurs du Burkina Faso (Synadec) appelle ses militants à observer un arrêt de travail de trois jours pour compter du 18 mai 2016 à 00 heure jusqu’au 20 mai 2016 à minuit. Il entend ainsi dénoncer la dégradation des conditions de travail des enseignants et le «passivité» de l’Etat. Si rien n’est fait, prévient-il, il pourrait appeler à une grève illimitée.
« L’université, en sa qualité intrinsèque d’institution d’enseignement supérieur public, est plus que jamais le « Temple du savoir », celui qui forme l’essentiel des cadres burkinabè. En effet, ce n’est plus un constat banal aujourd’hui : au Burkina Faso, l’université publique est en crise, elle vit une crise chronique et structurelle liée à l’accumulation des problèmes depuis l’invalidation de l’année académique en 2000, malgré l’avis contraire de l’Assemblée générale des professeurs, la refondation combattue par les syndicats de l’époque (SYNTER et SNESS), le blanchiment technique, l’adoption polémique du système Licence-Master-Doctorat (LMD), l’insuffisance d’amphithéâtres, etc.
Autant de difficultés qui influent considérablement sur l’atteinte des objectifs d’enseignement, de formation et de recherche de l’université au profit de la nation. Ce sont ces problèmes qui expliquent aussi, en bonne partie, le chevauchement des années académiques. D’où, la nécessité et l’intérêt pour le Gouvernement de réunir les conditions qui permettront à l’université burkinabè de relever ce défi crucial.
C’est ainsi que se sont tenus les états généraux de l’enseignement supérieur à l’issu duquel un comité Ad hoc de réflexion sur l’université (CAR) a été mis en place assorti d’une grille, « la grille Filliga ». Pour mémoire, le Professeur Filiga Michel Sawadogo, actuel Ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation (MESRSI) a dirigé activement les travaux du CAR dont les conclusions n’ont pas été appliquées jusque-là.
C’est toujours dans cette dynamique de recherche de solutions efficaces aux problèmes de l’université et, surtout, de revalorisation de la fonction d’enseignant-chercheur que, dès sa création en 2002, le Syndicat National Autonome des Enseignant-Chercheurs (SYNADEC) s’est engagé.
C’est donc en vue de l’amélioration des conditions de vie et de travail des enseignants-chercheurs que le SYNADEC s’est refait le devoir, après le lutte de 2008-2010, de reprendre contact avec le Ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation (MESRSI) afin de relancer les négociations sur les questions financières.
Le syndicat avait accepté de suspendre les négociations, le 5 février 2015, dans un sursaut patriotique, parce que le contexte national ne s’y prêtait vraiment pas : coup d’État du Régiment de Sécurité Présidentielle (RSP) contre le Gouvernement de la transition qui présentait, au même moment, les signes avant-coureurs d’un déficit budgétaire à combler. Le syndicat s’était-il peut-être trompé, ou s’était-il fait avoir ?
En tout état de cause, la normalisation progressive de la vie politique nationale, avec l’arrivée à la tête de l’État de nouvelles autorités politiques élues, se veut être la nouvelle situation favorable à la reprise par le SYNADEC des négociations avec son Ministre de tutelle en ce qui concerne la satisfaction de sa plate-forme revendicative 2016.
Déposée le 4 avril 2016, par courrier N°2016-002/SYNADEC/BN, la présente plate-forme porte essentiellement sur deux points, à savoir la revalorisation de la grille salariale et indemnitaire, et la révision des textes qui régissent l’organisation du baccalauréat, notamment la revalorisation des taux des diverses indemnités y afférentes.
Aussi, par courrier N°2016-008/SYNADEC/BN, du 15 avril 2016, le syndicat a transmis au Gouvernement, conformément aux conclusions de la réunion de cadrage qui a eu lieu dans la salle de réunion du Ministère le 5 avril 2016, l’argumentaire de la plate-forme revendicative qui est cependant resté sans suite.
Ce silence a donc obligé l’Assemblée générale du SYNADEC, qui s’est tenue le 21 avril 2016, a décidé d’observer un arrêt de travail de soixante-douze (72) heures à compter du 18 mai 2016 à 00 heure jusqu’au 20 mai 2016 à minuit.
La grève, qui concerne tout le personnel enseignant permanent de tous les établissements d’enseignement supérieurs publics du Burkina Faso, consiste en un arrêt total de toutes les activités pédagogiques sur les campus.
Le SYNADEC se réserve, par ailleurs, le devoir d’engager une grève illimitée si toutefois ses revendications restaient sans suite favorable. Le SYNADEC espère que les négociations qui se déroulent actuellement permettront une reprise effective des activités académiques sur tous les campus.
Tous ensemble pour la défense de nos intérêts, en avant.»
Fait à Ouagadougou, le 17 mai 2016
Pour le SYNADEC
Le Secrétaire Général national
Dr Boubié GUEL
Maître de Conférences de Chimie-Physique/Électrochimie