L’hôpital turco-nigérian Nizamiye d’Abuja se veut un centre sanitaire de référence en Afrique. Inauguré le 20 février 2014, il accueille des patients nigérians mais aussi ceux d’autres pays africains. Visite guidée d’un hôpital « bien ordonné », ce matin du vendredi du 13 mai 2016.
Erigé pour fournir «un service de soins de santé de haute qualité dans toutes les spécialités médicales », l’hôpital turco-nigérian Nizamiye d’Abuja, la capitale fédérale nigériane, est une des références sur le continent, à en croire ses responsables. Nizamiye, qui signifie «hôpital bien ordonné» en langue turque, a été bâti en cinq étages, avec une surface couverte de 12 000 m2. Entièrement carrelé à l’intérieur, l’hôpital aux vitres bleues est entouré de verdure. Ce vendredi 13 mai, nous arpentons les couloirs de cette structure de santé. Des dames nous accueillent avec le sourire et des « welcome», dès la porte qui s’entrebaille automatiquement à notre approche. Nous sommes invités à un bilan de santé complet sans le moindre frais. Sema Tutar, la plus âgée des guides féminines, est mise à notre disposition. Après l’enregistrement, elle nous conduit de service en service pour les examens. Les oreilles, les yeux, la bouche, les urines, le cœur, le foie, la rate, la prostate… rien n’a été épargné. Plus de 5 heures d’horloge à sillonner les compartiments de l’immeuble. Finalement, les résultats tombent. « Ouf plus de peur que de mal », dit un scribouillard. Tout le monde se porte bien même si certains doivent songer à faire la marche et réduire leur consommation d’aliments gras. Ainsi, rassurés sur notre avenir immédiat, notre instinct de journaliste a repris le pas. L’un des médecins turcs, le Dr Huseyin Aka, spécialiste de médecine interne, accepte volontiers se prêter aux questions. Visiblement satisfait du travail de l’hôpital, il explique : «Notre hôpital compte du personnel turc et nigérian. 80% sont des médecins spécialistes turcs. Notre objectif, en l’installant au Nigéria, est de pouvoir partager les connaissances médicales turques avec les Africains ». Pour mieux partager l’expertise turque, des démarches ont été entreprises auprès des autorités nigérianes pour ouvrir dès la rentrée prochaine une faculté de médecine à l’Université turco-nigériane d’Abuja.
La classe moyenne et les riches
Dans cet établissement de santé, on trouve, entre autres, le service d’urgence, la radiologie, la cardiologie, la chirurgie générale, les laboratoires, la médecine interne, la clinique dentaire, la neurologie, la pédiatrie, l’urologie qui fonctionnent en continu. Mais pour le moment, nul n’y entre s’il n’est ‟friqué”. « Notre politique, pour le moment, ne permet pas aux populations démunies de pouvoir se soigner dans cet hôpital ; par contre, tous ceux qui sont dans la classe moyenne et les riches peuvent y accéder », fait savoir Dr Huseyin Aka. Puis d’ajouter : « L’avantage de cet hôpital, c’est qu’il permet d’éviter de se déplacer vers l’Europe pour se soigner. On peut tout faire sur place et à des tarifs abordables. Par le passé, les patients nigérians partaient en Egypte, aux Emirats Arabes Unis ou en France pour se soigner mais depuis que cet établissement sanitaire a été implanté ici, les Nigérians viennent vers nous ».
Pour un bilan de santé complet dans cet hôpital de 50 lits, il faut environ 400 000 F CFA. Toutes les opérations chirurgicales s’y mènent, y compris la transplantation cardiaque. A partir de l’année prochaine, il est envisagé l’ouverture d’une unité de dialyse. Venu pour se soigner, un patient nigérien, qui a requis l’anonymat, ne cache pas sa satisfaction. « Les Turcs ont fait œuvre utile. C’est cette politique que tous les pays africains doivent encourager. Au lieu d’aller tout le temps hors de l’Afrique pour se soigner, les autorités doivent encourager des projets de ce genre sur le continent pour que les patients se soignent sur place comme au Nigéria. C’est moins cher et c’est satisfaisant », apprécie-t-il. Mohamed Aliou, un autre usager, qui vient d’y accueillir Fatima Sakina Aliou, son troisième enfant, est visiblement satisfait. « Je trouve que l’hôpital est bien. Le personnel s’occupe bien des patients ; les médecins sont toujours disponibles et le cadre est très propre», apprécie-t-il. Très heureux, il confie avoir respecté la volonté de sa femme, Zina Mohamed, qui a choisi d’accoucher à Nizamiye. Comme son épouse, a-t-il indiqué, avait eu des difficultés, par le passé, pour enfanter, cette fois, M. Aliou a préféré la faire accoucher par césarienne dans ce centre dirigé par Dr Mustafa Ahsen d’origine turque. La petite Aliou dans ses bras, le sourire aux lèvres, il ne cache pas son soulagement.
Enok KINDO à Abuja