Un meeting du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) dans un village de Béguédo-Peulh, au Centre-Est, s’est transformé en affrontement entre des militants de la coalition Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP)-Nouveau temps pour la démocratie (NTD) et du MPP, le jeudi 12 mai 2016. L’affrontement a fait au moins neuf blessés, des motos incendiées et le siège de la Commission électorale communale indépendante (CECI), logée à la préfecture, saccagée.
Des blessés «par balles», lors d’un affrontement entre militants du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) et ceux du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) ont été transportés aux services des urgences du Centre hospitalier régional (CHR) de Tenkodogo, le 12 mai 2016. Quels sont les motifs de ces affrontements ? Bara Idrissa dit Congolais, militant MPP explique : «Nous étions en meeting à Béguédo-Peulh, lorsque des militants du CDP nous ont attaqués. A notre tour, nous les avons pourchassés. C’est à notre retour à la maison, quand j’étais chez Mme le maire que les militants du CDP nous ont rejoints et ils ont commencé à tirer sur nous avec des fusils. J’ai reçu des balles à la tête, au thorax, à l’épaule et à la cuisse. Mon ami Bara Abdoulaye a également une blessure au côté droit de sa poitrine. » Nous avons joint un des responsables du MPP, Kalil Bara, au téléphone. Pour lui, ceux qui sont à l’origine de ces troubles sont issus de la coalition du NTD et du CDP. «C’est pendant que nous tenions notre meeting que quelqu’un nous a appelés du Centre pour dire que des militants CDP et du NTD qui sont allés saccager la préfecture. Peu après, on a vu un groupe arriver, muni de machettes, de fusils, de cailloux et de pierres et il s’est mis à tirer sur nous. Ensuite, le groupe s’est déporté à notre domicile où ils ont tiré à balles réelles et blessé des gens. Nous ne connaissons pas les mobiles de ces affrontements. », a-t-il expliqué. Tout en regrettant l’incident qui s’est produit à Béguédo, le secrétaire général de la section provinciale du CDP du Boulgou, Moumouni Kéré dit ne pas comprendre pourquoi et comment cela a pu se produire ni quels sont les acteurs de cette situation. Il a aussi précisé que jusqu’à la veille de dépôt des listes de candidatures à Béguédo, le CDP était en lice. Mais à quelques heures du dépôt, il aurait personnellement appelé le secrétaire de la sous-section CDP de Béguédo, Bara Boukari, pour lui demander les dernières nouvelles. Ce dernier lui aurait fait savoir qu’ils n’ont pas pu déposer la liste, parce que l’ancien maire, Moussa Bara, est venu avec un nouveau parti, le NTD, et a substitué les listes du CDP au profit de son nouveau parti. «Il aurait fallu que nous soyons informés et voir ce qu’il y a lieu de faire. Nous avons constaté que notre liste a été substituée par une liste du NTD.», a expliqué le SGP-CDP/Boulgou.
Une situation encore floue
A l’écouter, les autorités administratives, sécuritaires et politiques savent très bien ce qui se passe à Béguédo, mais elles laissent la situation perdurer. Il a fait savoir que ce ne sont pas les militants du CDP qui sont à l’origine du saccage de la CECI. «A des élections, quand des armes apparaissent pour résoudre des contradictions politiques, c’est véritablement dommage et c’est même dangereux. Seules les autorités peuvent nous aider et aider cette population à transcender ses divergences politiques pour vivre en parfaite harmonie. Dire que c’est une coalition CDP-NTD, je pense que ce sont des faux-fuyants. Nous connaissons tous la situation de Béguédo. On a toujours cherché, à certains moments, des poux sur un crâne bien rasé. Ils doivent chercher leur argument ailleurs et non de penser que le CDP instrumentaliserait des militants du NTD contre ceux du MPP.», a-t-il conclu.
De l’avis de Idrissa Sangné, Secrétaire général (SG) du NTD, ce conflit est consécutif à la création de quatre nouveaux villages à Béguédo. Lors de l’enrôlement, selon lui, certains habitants n’avaient pas pu s’inscrire. Et d’expliquer que la CECI avait promis un réajustement pour que tout le monde soit pris en compte. A la publication de la liste provisoire, près de 200 personnes ne retrouvaient pas leurs noms. Comme le recommande la loi, il faut faire des réclamations. C’est ainsi que les personnes concernées ont photocopié leurs cartes d’électeur qu’elles ont transmises à la CECI. «Les militants de notre parti nous ont signalé que lors d’une réunion à Ouagadougou, il a été décidé de rejeter le réajustement pour considérer l’ancienne liste. Alors que cette dernière favorise un groupe donné. Les gens ont affirmé qu’ils n’étaient pas d’accord avec cette position.», a laissé entendre le SG du NTD. Selon Idrissa Sangné, c’est face à cette situation « d’injustice », que des militants de son parti ont approché la CECI pour exiger encore la réinscription de tous ceux dont on a enlevé le nom. «C’est au cours des échanges que cela a dégénéré et conduit au saccage du siège de la CECI.», a-t-il ajouté.
Bougnan NAON
Tous les articles d'actualités
