Le 08 mai 2016, sur ordre du chef de canton de Dédougou, le camarade Lamoussa KADINZA, président de la section provinciale du MBDHP du Mouhoun, a été expulsé de la ville de Dédougou vers son village Mounkuy.
Le chef de canton reproche au président du MBDHP l’action du Mouvement durant les manifestations populaires qui ont suivi la mort, dans des conditions suspectes, de Salif BOKOUM précédemment détenu par la brigade de gendarmerie. A cette occasion, le MBDHP s’est rangé aux côtés des parents de la victime pour exiger l’ouverture d’une information judiciaire et la réalisation d’une autopsie sur la dépouille du défunt en vue de déterminer les causes exactes de sa mort. Le Mouvement a d’ailleurs assisté à la réalisation de l’autopsie le mercredi 04 mai 2016 à Ouagadougou.
Le chef de canton reproche également au camarade KADINZA l’action du MBDHP à Dédougou durant l’insurrection populaire d’octobre 2014. Selon lui, les manifestations qui se sont succédé depuis cette période nécessiteraient des sacrifices et en sa qualité de gardien des traditions il exige trois (3) béliers et neuf (9) poules pour conjurer le mauvais sort qui frapperait la ville de Dédougou.
Le chef de canton a mobilisé près de 200 jeunes qui ont embarqué de force le matériel du camarade KADINZA dans un camion et l’ont déposé dans une brousse située à près de 25 km de Dédougou. Avant que ce groupe ne le contraigne à rejoindre son lieu de déportation, le camarade KADINZA a pu faire escale à la brigade territoriale de gendarmerie de Dédougou qui a refusé de lui porter secours.
Le MBDHP condamne avec la dernière énergie les accusations non fondées contre le MBDHP ainsi que cet acte d’agression caractérisé du président de la section du Mouhoun.
Le MBDHP ne saurait ainsi tolérer le retour à ces pratiques d’un autre temps et attend les suites judiciaires réservées à la plainte déposée suite à cette agression.
Déjà en décembre 2000 et janvier 2001, au fort de la lutte du Collectif contre l’impunité, des prétextes tout aussi fallacieux avaient servi de fondements à une attaque en règle contre le MBDHP à travers :
• l’incendie de son siège et des domiciles de quatre militants à Koudougou ;
• la destruction des plaques d’indication du siège à Dédougou ;
• les agressions contre ses militants et responsables locaux à Dédougou, Fada N’Gourma, etc. ;
• l’expulsion de ceux-ci de certaines provinces ;
• l’arrestation et la détention, du 6 au 27 décembre 2000, de 15 militants de la section MBDHP du Kourwéogo (Boussé) au prétexte qu’ils auraient, à la suite de l’assassinat de l’élève Flavien NEBIE, « poussé les enfants à manifester et à poser des actes de vandalisme ».
Au bout de 21 jours de détention arbitraire, il s’avéra, après enquêtes, qu’aucune des 15 personnes arrêtées n’était responsable, ni coupable de rien du tout !
Présent depuis près de trois décennies, positivement apprécié par les populations de nos villes et campagnes ainsi qu’aux plans africain et international, le MBDHP s’est toujours illustré comme une organisation responsable de promotion, de protection et de défense des droits humains et non comme un regroupement de casseurs comme tentent, de manière injurieuse, de le faire croire certaines personnes mal intentionnées à travers des allégations inacceptables. Notre Mouvement ne se laissera donc ni divertir, ni intimider par quiconque, personne physique ou morale, chercherait à entacher son honneur et sa crédibilité et à justifier sa répression.
En tout état de cause, le MBDHP :
- apporte son soutien total au président de la section du Mouhoun, le camarade Lamoussa KADINZA, ainsi qu’à l’ensemble des militantes, militants, sympathisantes et sympathisants du MBDHP du Mouhoun pour leur courage et leur détermination à se battre pour le respect des droits humains dans la province du Mouhoun ;
- dénonce avec fermeté la tentative d’expulsion du camarade Lamoussa KADINZA, président de la section MBDHP du Mouhoun ;
- remercie et félicite les populations de la province du Mouhoun pour leur mobilisation exemplaire et pour l’accueil chaleureux réservé au camarade lors de son retour dans la ville de Dédougou ;
- exige des autorités qu’elles garantissent l’intégrité physique et psychologique du camarade KADINZA, des membres de sa famille et de tous les responsables de la section provinciale du MBDHP et qu’elles mettent tout en œuvre afin de punir les auteurs et commanditaires de tels actes conformément aux lois en vigueur ;
- invite les autorités à se conformer aux dispositions de la déclaration sur les défenseurs des droits de l’homme adoptée le 9 décembre 1998 par l’Assemblée générale des Nations Unies et notamment :
o en son article 1 : « chacun a le droit, tant individuellement qu’en association avec d’autres, de promouvoir la protection et la réalisation des droits de l’Homme et des libertés fondamentales aux niveaux national et international » ;
o en son article 6.2 : « chacun a le droit, individuellement ou en association avec d’autres, de publier, de communiquer à autrui ou de diffuser librement des idées, des informations et des connaissances sur tous les droits de l’Homme et toutes les libertés fondamentales » ;
o et en son article 12.1 « chacun a le droit, individuellement ou en association avec d’autres, de participer à des activités pacifiques pour lutter contre les violations des droits de l’Homme et des libertés fondamentales ».
- appelle l’ensemble de ses structures et militants sur l’ensemble du territoire à rester mobilisés et à se tenir prêts pour faire échec à tout plan de liquidation du MBDHP d’où qu’il vienne.
Ouagadougou, le 12 mai 2016
Le Comité exécutif national
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