Ouagadougou - Alain Edouard Traoré, le ministre porte-parole du dernier gouvernement du président Blaise Compaoré dont le régime a été balayé fin octobre 2014 par une insurrection populaire, est sorti de prison vendredi à Ouagadougou après 6 mois de détention provisoire pour des soupçons de détournement de fonds publics et d’enrichissement illicite.
"Le ministre Alain Edouard Traoré vient de sortir de prison. Le juge n’a pas renouvelé le mandat de dépôt arrivé à expiration depuis le 3 mai. On peut parler de liberté provisoire", a déclaré à l’AFP son avocat, Me Dieudonné Bonkoungou.
Ancien ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement de Blaise Compaoré de juin 2011 jusqu’à la chute du régime le 31 octobre 2014, M. Traoré avait été inculpé par le Parlement intermédiaire mis en place après le départ du pouvoir de Blaise Compaoré et renvoyé devant la Haute Cour de justice, chargée des infractions commises par des ministres dans l’exercice de leurs fonctions.
M. Traoré est notamment poursuivi pour de "multiples violations intentionnelles des procédures de passation des marchés publics (qui) ont eu pour conséquence de détourner ou dissiper la somme de 100 millions de francs CFA (150.000 euros) appartenant à l’Etat à son seul profit", selon la mise en accusation au Parlement.
Il était le dernier ministre de Compaoré encore en prison. Trois de ses collègues, Jérôme Bougouma (Administration territoriale et Sécurité), Jean Bertin Ouédraogo (Infrastructures) et Arthur Kafando (Industrie, Artisanat et Commerce) sont sortis depuis quelques semaines de la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO) pour raison médicale ou après avoir obtenu une liberté provisoire.
Les députés du parlement intérimaire du Burkina ont voté mi-juillet une mise en accusation de neuf ministres de Compaoré pour "détournements de deniers publics" et "enrichissements illicites".
Ce parlement avait également inculpé le président Compaoré pour "haute trahison" et "attentat à la Constitution". Il est notamment accusé de s’être "entêté à mettre en oeuvre sa volonté de modifier la Constitution en vue de freiner le processus de l’alternance démocratique" au Burkina Faso.
Les procès liés à ces inculpations ne sont pas encore audiencés, la justice burkinabè n’ayant toujours pas clos ses enquêtes.
Les députés ont en outre mis en accusation l’ex-Premier ministre de M.Compaoré, Luc Adolphe Tiao, et tout son gouvernement pour "coups et blessures volontaires, assassinats et complicités de coup et blessures et d’assassinats" suite aux morts enregistrées lors du soulèvement populaire qui a mis fin au régime Compaoré.
De hauts magistrats de la Haute Cour de justice et des avocats ont indiqué à l’AFP que les "inculpations devraient être notifiées incessamment aux ministres" dans le cadre de ces accusations.
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