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Pénurie d’eau et d’électricité à Ouaga : des "insurgés" crient leur ras-le-bol
Publié le mardi 10 mai 2016  |  Autre presse
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© Ministère par D.R
En plus de la distribution alternée de l`eau à Ouagadougou, l`Office national de l`eau et de l`assainissement (ONEA) déploie des citernes d`eau pour disponibiliser davantage le précieux liquide en ces temps de pénurie




Ceci est une déclaration de la coordination des Comités de défense des acquis de l’insurrection populaire (CDAIP) de la ville de Ouagadougou sur la pénurie d’eau et d’électricité qui est actuellement le quotidien des habitants de la capitale burkinabè.

Les populations de la ville de Ouagadougou et environnants vivent depuis plusieurs années des coupures d’eau et d’électricité dont la gravité s’amplifie d’année en année. La situation est particulièrement intenable en cette période de pic de chaleur. Cette crise de l’eau et de l’électricité qui frappe les gens du peuple de notre ville n’est qu’un aspect de la grave crise sociale et économique qui tenaille le peuple burkinabè qui a pourtant réalisé l’insurrection populaire historique et résisté victorieusement au putsch de Diendéré dans l’espoir d’un véritable changement en sa faveur. Que nenni ! La coordination des CDAIP de la ville de Ouagadougou, structures populaires de veille et de lutte pour la défense et l’approfondissement des acquis de l’insurrection et de la résistance populaires, appelle les populations de la ville à la mobilisation et à la lutte pour l’accès à l’eau et à l’électricité.
Pour ce qui est de l’eau, source de vie, la situation est particulièrement désastreuse pour la majorité des quartiers de la ville. Des zones entières sont régulièrement privées de la moindre goutte d’eau pendant 2 à 5 jours, plongeant les habitants dans un stress hydrique extrême et aggravant considérablement leurs conditions de vie déjà précaires. Les zones non loties (Yamtenga, M’Ba Simon Toéga,…) et des quartiers comme Nagrin, Kouritenga, Tanghin, Somgandé, Karpala, Zone 1, Yagma, Bissiguin, etc. sont durement éprouvés par les coupures d’eau. « Voir couler l’eau des robinets y est aussi rare que les larmes d’un chien », comme dit un chroniqueur d’un journal de la place. Les ménages voient leurs dépenses en eau flamber, eux qui sont déjà durement frappés par la cherté des prix des produits alimentaires qui continuent leur hausse depuis l’installation du pouvoir du MPP et de ses alliés. Le prix de la barrique d’eau est passé, dans certaines localités, de 300 F CFA en moyenne à 1000 à 2000 F CFA ! Les scènes d’approvisionnement en eau aux bornes-fontaines dans les zones périphériques sont particulièrement dramatiques : femmes, hommes et enfants sont obligés de veiller parfois des nuits successives dans l’espoir d’avoir de quoi juste boire ! Des affrontements, parfois violents, sont récurrents aux points d’eau où se regroupent des foules assoiffées. Tout cela augmente les risques d’insécurité des populations notamment des femmes, régulièrement agressées sur le chemin de leur corvée d’eau par des bandits: ce fut le cas à Saaba où en 2015 des femmes ont été assassinées sans que les auteurs, jusqu’aujourd’hui, n’aient été identifiés et sanctionnés à la hauteur de leurs forfaits.
La situation de l’électricité est tout autant préoccupante. On ne sait plus quand, ni pour combien de temps, l’on aura du courant pour s’éclairer et pour travailler. Et à chaque fois que les responsables de la SONABEL annoncent le retour à une situation normale, celle-ci empire : On loue des groupes à hauteur de milliards de CFA et personne ne voit les choses s’améliorer ! Toutes ses actions incohérentes semblent être plus des prétextes pour encore voler l’argent de notre peuple. Les délestages sont de plus en plus massifs, plongeant régulièrement de grandes portions de la ville dans l’obscurité totale pour de longues durées pouvant atteindre 15 heures ! Impossibilité pour les élèves et étudiants d’étudier à des moments cruciaux de l’année scolaire et universitaire ; impossibilité pour les artisans, tailleurs, soudeurs, commerçants, restaurateurs, tenanciers de secrétariats publics et de débits de boissons, etc., de travailler. Ces gens du peuple, dont la majorité ne dispose pas de moyens pour se doter de groupes électrogènes ou d’équipements solaires adaptés à leurs besoins d’énergie, subissent des pertes énormes et voient leur situation économique se dégrader et sont parfois obligés de fermer boutique. Selon Souleymane OUEDRAOGO, ingénieur statisticien économiste, « une enquête légère réalisée auprès d’un échantillon de 162 unités comprenant 55% de ménages et 45% d’entreprises formelles et informelles à Ouagadougou permet de se faire une idée du préjudice économique et financier inhérent à l’absence d’électricité ». De cette enquête, il ressort que « Les pertes économiques et financières hebdomadaires occasionnées par l’interruption de l’énergie se chiffrent à plus de 17,5 millions de FCFA pour les pertes de marchandises et à près de 1,6 million pour le carburant […]. Ramenées à l’année, les pertes pour ces 162 unités sont estimées à 249 millions de FCFA. Les calculs montrent qu’en moyenne les entreprises rencontrées perdront 3 325 263 FCFA et que les ménages dépenseront 70 124 FCFA en plus » (document Lefaso.net du 2 juin 2015). Telle était la réalité de la situation pour la grande majorité des ménages et des petites entreprises dans notre ville en 2015. Il est évident que si une telle enquête était reprise pour cette année 2016, les résultats seraient encore plus catastrophiques au regard de l’aggravation particulière de la crise de l’énergie.
Mais alors que les populations de la ville ont de moins en moins à boire, vivent de plus en plus dans l’obscurité et ne peuvent plus produire par manque d’eau et d’énergie, elles se voient dans le même temps obligées de payer, de plus en plus chères, de l’eau et de l’électricité qu’elles n’ont pas. Et tout cela sans compter les préjudices et dommages subis par les usagers du fait de ces coupures et délestages.
Aujourd’hui, face à la grave pénurie d’eau et d’électricité, il est légitime pour les usagers de refuser de payer pour la gabegie d’un Etat, le même dont nous sommes toujours victimes, dont la gestion est au profit de ceux qui se sont enrichis et qui s’enrichissent encore sur le dos du peuple.
La crise actuelle de l’eau et de l’électricité est une des manifestations de la faillite de l’Etat actuel, manifestement incapable d’apporter de l’eau et de l’électricité au peuple. Elle illustre la logique anti- populaire et anti-sociale de la politique de gouvernance de notre pays inspirée des programmes d’ajustement structurel, imposés à notre pays par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international depuis 1991. Cette crise s’explique également par le fait que la SONABEL et l’ONEA, comme d’autres sociétés publiques, ont été des vaches à lait pour le pouvoir de la IVe République sous Blaise Compaoré. L’on se souviendra des menaces proférées par l’un des « tout-puissants » ministres du système Compaoré et dignitaire du pouvoir actuel contre les DG des sociétés d’Etat qui osaient s’opposer aux prélèvements dans les caisses publiques pour financer les activités du parti au pouvoir de l’époque ! Il leur rappelait qu’ils n’avaient pas fait de concours pour être à leurs postes ! Que peut-on donc attendre de tels personnages politiques ? Il n’y a pas d’illusions à se faire. Malgré les interpellations d’organisations authentiques de lutte comme la CCVC, l’UAS, pour que des audits sérieux de la SONABEL, de l’ONEA soient réalisés et que les voleurs et autres délinquants financiers soient sanctionnés, le pouvoir de la transition, dont le récent rapport partiel de l’ASCE-LC a montré qu’il a été aussi maffieux et corrompu que celui de Blaise Compaoré, est resté muet ! Cela fait que le peuple n’a ni eau ni électricité, ni son argent !
Face à la situation actuelle de grave pénurie d’eau et d’électricité inacceptable, la Coordination des CDAIP de la ville de Ouagadougou appelle le peuple de Ouagadougou à :

- Exiger une fourniture d’eau et d’électricité en qualité et en quantité suffisante pour les populations de la ville ;
- Exiger la révision des tarifs d’eau et d’électricité de la période de pénurie proportionnellement au service rendu : pas d’eau et d’électricité, pas de factures à payer, encore moins de pénalités ;
- Exiger la suppression des pénalités de retard de payement des factures d’eau et d’électricité et le dédommagement des victimes des coupures et délestages ;
- Exiger des audits de la gestion de la SONABEL et de l’ONEA et la prise de sanctions contre les éventuels fauteurs ;
Pour la Coordination des CDAIP de la ville de Ouagadougou

Le porte-parole

Yacouba KIENTEGA

N.B : la titraille est du site
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