Le Premier ministre burkinabè, Paul Kaba Thiéba a exposé ce vendredi 6 mai 2016 devant l’Assemblée nationale, son discours sur la situation de la Nation 2016. Durant deux heures, le chef du gouvernement, conformément à l’article 109 de la Constitution a fait le bilan de ses quatre mois passés à la tête de l’exécutif et les perspectives à venir. Ledit discours a été suivi de débats avec les députés des différents groupes parlementaires constitués au Parlement.
Cet exercice est la première pour l’actuel locataire de la Primature depuis sa nomination le 6 janvier dernier. Contrairement à la déclaration de politique générale (DPG) qui donne lieu à un vote, le discours sur la situation de la nation (DSN) est juste suivi de questions des députés.
Aucun des secteurs de la vie de la nation burkinabè n’a échappé au diagnostic de Paul Kaba Thiéba durant son oral: de la situation politique nationale et du fonctionnement des institutions à la situation sécuritaire et de l’autorité de l’Etat en passant par la situation économique et sanitaire sans oublier l’éducation nationale et les infrastructures.
De son oral que peut-on retenir essentiellement ? Au titre de la situation politique, le Burkina Faso se remet sur le plan institutionnel avec l’installation officielle en mars dernier des membres du Haut conseil pour la réconciliation nationale et l’organisation ce 22 mai des élections municipales. A cela s’ajoute la réforme constitutionnelle en cours qui permettra au pays de se doter d’une nouvelle constitution qui rééquilibra le fonctionnement des institutions.
Restaurer l’autorité de l’Etat
L’autre sujet abordé par le chef du gouvernement est la situation sécuritaire et la défiance quasi permanente de l’autorité de l’Etat. « Les quatre premiers mois de l’année 2016 ont été marqués par la recrudescence des actes d’incivisme, de troubles à l’ordre public créant les risques d’un affaiblissement de l’autorité de l’Etat. Cette situation intolérable s’est illustrée notamment par la destruction de biens publics et privés à Diapaga, Nagaré, Logobou, Fada N’Gourma et tout récemment à Dédougou », a laissé entendre Paul Kaba Thiéba.
Face à ces « graves événements », il dira que le gouvernement a pris des mesures pour rétablir l’ordre, maintenir le dialogue et créer les conditions pour l’application de la loi dans toute sa rigueur.
Coté sécuritaire et défense nationale, le gouvernement, outre les efforts importants entreprises pour réformer l’armée, améliorer les équipements des forces de sécurité et de défense et leurs capacités opérationnelles, a décidé de dépolitiser l’environnement militaire et le renforcement de la gouvernance de l’institution militaire et paramilitaire. Et l’ensemble des textes en la matière seront pris d’ici décembre 2016.
Vers une dégradation de l’économie en 2016
La situation économique et budgétaire, à 120 jours d’exercice, reste très fragile, selon le chef du gouvernement du fait des fortes attentes et des aspirations du peuple. Le taux de croissance a été estimé à 4,4% en 2015 alors que la croissance moyenne des dix dernières années du pays était de 5,5%.
Situation peu reluisante également pour les finances publiques caractérisées par la baisse des recettes fiscales et l’augmentation de l’incivisme fiscal et de la fraude fiscale. Cette situation s’est surtout dégradée avec l’accroissement de la masse salariale qui est passée de 437,3 milliards de F CFA en 2014 à 472 milliards en 2015. La dette intérieure quant à elle est estimée à 573,46 milliards de francs contre 1 499,41 milliards de dettes extérieures.
« Cette situation est susceptible de se dégrader davantage en 2016 si l’on considère les engagements pris par le gouvernement de la Transition et qui n’ont pas été pris en compte dans le budget initial gestion 2016 », a révélé Paul Kaba Thiéba.
237 000 enfants pris en charge gratuitement
Quant au secteur de la santé, le Premier ministre a fait le bilan des 30 premiers jours d’expérimentation des mesures de gratuité au niveau district dans les régions du Centre, du Sahel et des Hauts Bassins. En un mois donc, plus de 237 mille enfants de moins de 5 ans pris en charge gratuitement soit 67% d’augmentation à la même période de l’année, près de 21 mille femmes enceintes pris en charge, plus de 16 mille accouchements réalisés et 311 césariennes réalisées.
Toujours dans le domaine sanitaire, il a annoncé la tenue du 4 au 7 juillet 206 des états généraux des hôpitaux, ce qui permettra de mener des réflexions pour l’amélioration de la performance des hôpitaux publics.
A la fin de ce grand oral, Paul Kaba Thiéba a indiqué à la représentation nationale et au peuple burkinabè que « l’action gouvernementale au cours de ces quatre derniers mois a été contrainte par la fragilité de la situation économique et financière héritée du gouvernement de la Transition ».
Malgré « ces difficultés », le chef du gouvernement a estimé que la loi rectificative de finance de 2016 adopté en avril dernier permettra de prendre en charge les engagements souscrits au nom de l’Etat et non budgétisé, de poser les bases des réformes structurelles indispensables pour mettre le pays sur une trajectoire de croissance forte et durable et inclusive et de mettre en œuvre les mesures sociales d’urgences du gouvernement.