Ouagadougou-Le député Lona Charles Ouattara a invité vendredi, le gouvernement burkinabè à bâtir une «armée opérationnelle et plus crédible», en lieu et place d’une «armée mexicaine» que le régime Compaoré aurait laissée au Burkina Faso.
«Le régime défunt (celui de Blaise Compaoré) nous a laissé une armée mexicaine, c’est-à-dire une armée qui aligne plus de chefs que de combattants», a déclaré le député (opposition) Lona Charles Ouattara lors du discours sur la situation de la Nation, livré vendredi par le Premier ministre, Paul Kaba Thiéba.
«Il y a donc eu inversion flagrante de la pyramide des grades, faisant que sur un effectif total de 600 officiers en 2009, il y a plus de colonels que de lieutenant-colonels et de commandants réunis», a assuré le colonel à la retraite, connu pour ses positions critiques envers l’Armée.
«La réforme exigée de l’armée tient-elle compte de cet état de chose? Sinon quand et comment pensez-vous donner à nos forces armées un format opérationnel plus crédible?», a lancé M. Ouattara, par ailleurs 2e vice-président de l’Assemblée nationale, au chef du gouvernement.
«J’ai vérifié moi-même avec le chef d’Etat-major général des Armées (Pingrenooma Zagré). On a regardé un peu les effectifs. Je puis vous assurer que ce n’est pas le cas. Quand vous regardez la proportion des officiers généraux par rapport aux officiers et aux soldats, ce n’est pas du tout le cas. Nous avons une armée normale pas une armée mexicaine (…) Je reconnais l’expertise de l’honorable député sur ces questions, mais il a peut-être oublié les chiffres depuis qu’il a quitté l’armée», a ironisé le Premier ministre.
Dans son discours, M. Thiéba, avait rappelé que son gouvernement a consenti des efforts importants en vue de poursuivre la réforme de l’Armée, d’améliorer son équipement et ses capacités opérationnelles pour lui permettre d’assurer la sécurité intérieure et la défense de l’intégrité territoriale».
«En vue de créer les conditions garantissant le caractère républicain des Forces Armées Nationales et d’affirmer la place et le rôle constitutionnel de l’Armée, le Gouvernement a entrepris de dépolitiser l’environnement militaire et de renforcer la gouvernance de cette institution», a-t-il poursuivi.
Du reste, le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, élu le 29 novembre 2015, a affiché en début février, sa volonté de former «une armée républicaine, apolitique et opérationnelle».
En rappel, la cohésion au sein des Forces armées burkinabè a été mise à mal, notamment lors de violentes mutineries en 2011 et lors du putsch déjoué de septembre 2015.
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