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L’élite africaine doit enfin cesser de mépriser les paysans (expert)
Publié le mardi 3 mai 2016  |  AIB
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© aOuaga.com par A.O
Journée nationale du paysan : Tenkodogo a abrité la 19e édition
Samedi 30 avril 2016. Tenkodogo (région du Centre-Est). Le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, a échangé avec les producteurs du Burkina au dernier jour de la 19e édition de la Journée nationale du paysan (JNP) placée sous le thème "Agriculture et lutte contre le chômage : développer et entretenir l’entreprenariat sylvo-agro-pastoral, halieutique et faunique pour l’insertion socio-professionnelle des jeunes"




Ouagadougou- Le labeur des paysans a permis de payer les salaires des fonctionnaires et de réaliser des infrastructures aux lendemains des indépendances. Mais ils n’ont pas encore bénéficié ni de l’Etat, ni de leurs enfants (l’élite), la reconnaissance et le respect qu’ils méritent, a dénoncé samedi l’expert du monde rural Mamadou Cissokho.

Samedi dernier, à l’occasion de la journée nationale du paysan, le président burkinabè Roch Kaboré a souhaité avoir «des débats francs et ouverts» avec les représentants du monde rural.

Le président d’honneur du Réseau des organisations paysannes et des producteurs de l’Afrique de l’Ouest (ROPPA), le Sénégalais Mamadou Cissokho ne s’est pas fait prié.

Selon M. Cissokho, l’absence de statut pour le paysan constitue le socle des difficultés qui plombent l’essor du monde rural.

Si «la majorité de la population» n’a pas encore de statut, cela est dû aux «fractures» qui existent entre l’élite et les agriculteurs, a-t-il estimé.

«La première fracture, c’était à l’époque où l’enseignant disait à l’élève: ‘’si tu ne travailles pas bien, tu iras cultiver’’», a expliqué Mamadou Cissokho.

«L’encadrement drastique» de par le passé, ayant conduit à une «déresponsabilisation» des producteurs, le paysan qui ne savait quoi inscrire dans la case profession, au moment d’établir sa pièce d’identité, constituent pour lui également des «fractures».

L’autre «fracture, quand on demande des statistiques sur nous (les paysans), c’est d’autres qui le présentent», a ajouté M. Cissokho, faisant allusion aux enquêteurs citadins qui «sillonnent les villages».

Toutes ces «fractures» témoignent selon Mamadou Cissokho, de la non reconnaissance de l’Etat et de l’élite, des efforts fournis par le monde rural.

Il a affirmé qu’au moment des indépendances, c’est d’abord la culture du coton qui a permis de payer les salaires des fonctionnaires, de réaliser de nombreuses infrastructures et de financer les études de l’élite avant que d’autres mécanismes ne s’ajoutent.

M. Cissokho a également rappelé que ce sont les paysans qui ont sauvé le Burkina Faso et plusieurs pays sahéliens, en inventant des techniques de fertilisation des sols, lors de la grande sécheresse des années 1970.


L’avenir est au village et non en ville

«Les questions ne se posent pas uniquement en termes de financement et de formation, mais c’est la reconnaissance, le respect envers ceux qui portent la Nation», a-t-il martelé.

En rappel, le thème de la 19eédition de la Journée nationale du paysan avait trait au rôle de l’entreprenariat agro-sylvo-pastoral, halieutique et faunique dans l’insertion socio-professionnelle des jeunes.

Selon Mamadou Cissokho, au risque d’investir des milliards en vain, ce type de projet doit s’adresser en priorité aux jeunes des villages pour d’abord freiner l’exode rural.

Ce sont les jeunes des villes qui ont dit que «le tôt (met principal dans plusieurs contrées africaines), c’est l’Afrique en danger. Alors, comment peut-on vivre avec des gens qui méprisent notre manière de vivre alors que pour nous, le tôt c’est l’honneur, c’est la fierté de la famille?», s’est offusqué le producteur.

Toutefois, M. Cissokho a indiqué que lorsque les jeunes citadins recevront des mandats de la part de leurs cousins ruraux, ayant réussi dans l’entreprenariat agricole, ils rejoindront plus vite les champs.

L’expert du monde rural qui a reconnu que l’Etat ne peut pas tout faire, a exhorté ses pairs à taire leurs divergences pour relever les défis de la production, de la transformation et de l’écoulement des produits.



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