Les échanges directs entre le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré et le monde rural qui se sont déroulés à Tenkodogo, le samedi 30 avril 2015, ont permis, d’une part, de relever les difficultés qui plombent la production, la transformation et l’écoulement des produits et, d’autre part, d’envisager des solutions pérennes.
«Je souhaite que les débats soient francs et ouverts (…) Que nous n’épargnions aucune question ou préoccupation qui entrave vos activités et qui permettra de mettre l’ensemble de votre potentiel au service de la Nation». Sans détour, les producteurs de douze régions, à l’exception du Centre-Sud, ont saisi cette perche tendue par le président Roch Marc Christian Kaboré pour lui décliner les difficultés qu’ils rencontrent au quotidien. Ces contraintes tournent essentiellement autour de l’enclavement de certaines zones, de la délivrance de titres fonciers ruraux, de l’opérationnalisation de la centrale d’achat des intrants et de l’absence de financement et d’unités de transformation. Les producteurs ont également énuméré les conflits entre agriculteurs et éleveurs, ou entre hommes et faune, l’empiètement des forêts classées, l’accaparement des terres, le manque de pâturages et d’aliments pour bétail et la pression démographique sur les terres agricoles. En rappel, le thème de la 19e édition de la Journée nationale du paysan avait trait au rôle de l’entreprenariat agro-sylvo-pastoral, halieutique et faunique dans l’insertion socio-professionnelle des jeunes. Selon le président d’honneur du Réseau des organisations paysannes et des producteurs agricoles de l’Afrique de l’Ouest, Mamadou Sissoko, pour que ce programme réussisse, il faut d’abord l’expérimenter avec les jeunes des campagnes et freiner ainsi l’exode rural. Le président de la Confédération paysanne du Faso, Bassiaka Dao, a particulièrement insisté sur l’adoption du statut de l’agriculteur, la création d’une banque et d’une société d’assurance agricoles. Il a aussi plaidé pour la mise en place de services fonciers ruraux dans toutes les communes rurales et pour des formations au profit des jeunes ENTREPRENEURS agricoles. Notons que l’Union nationale des producteurs semenciers (UNPS) a offert gracieusement aux femmes et aux jeunes, 50 tonnes de semences d’une valeur de 32 millions de FCFA. L’Union a aussi proposé de fournir à l’Etat les semences dont il a besoin pour la campagne 2016 avec la possibilité de payer au cours de l’exercice budgétaire 2017.
Mettre fin à l’accaparement des terres
Le président du Faso Roch Marc Christian Kaboré a vivement remercié l’UNPS pour son geste exemplaire. En outre, il a assuré les producteurs que toutes les préoccupations soulevées seront prises en compte. Toutefois, il a appelé à un changement de mentalité car l’Etat ne peut pas tout faire. De son avis, il faut impérativement une synergie d’actions entre les producteurs, les chercheurs (semences améliorées) et le secteur privé pour que la production et la transformation se fassent aisément. De son côté, le gouvernement prendra des mesures pour favoriser ce partenariat, a promis le chef de l’Etat. Roch Marc Christian Kaboré a également indiqué que le gouvernement va retirer à des particuliers, des centaines d’hectares non mis en valeur pour les donner à ceux qui ont l’amour de la terre. Il a aussi promis 30% de terres aux femmes dans tout nouvel aménagement agricole. Le chef de l’Etat a assuré que des mesures correctives seront prises pour respecter les présents engagements et ceux de 2015. Enfin, le président du Faso a invité les acteurs du monde rural à mettre fin aux conflits entre agriculteurs et éleveurs, en créant des structures de concertation. Le Premier ministre, Paul Kaba Thiéba a soutenu que la banque et l’assurance agricoles seront effectives au plus tard en début 2017. Par ailleurs, il a invité les producteurs à s’approprier ces instruments spécifiques en faisant des dépôts, même minimes. M. Thiéba a rappelé que le programme quinquennal du président Kaboré vise à une transformation structurelle de l’économie burkinabè par la création de chaines de valeurs. Cela passe par le développement de l’entreprenariat, la transformation de produits primaires en produits industrialisés et semi-industrialisés, a-t-il poursuivi. Selon lui, la jeunesse de la population burkinabè et les fortes potentialités des secteurs agro-sylvo-pastoral, halieutique et faunique sont des opportunités à saisir. Le ministre en charge de l’agriculture, Jacob Ouédraogo, a affirmé qu’en attendant la mise en place de la centrale d’achat des intrants, 16 000 tonnes d’engrais seront mises à la disposition des producteurs. Il a aussi fait cas d’un projet d’irrigation pour le grand Ouest, de la relecture de curricula dans les écoles pour introduire la formation agricole et de quatre projets de barrages dans le Mouhoun.
Fermes engagements du gouvernement
Le ministre en charge de l’administration territoriale, Simon Compaoré, a déclaré qu’à l’issue des municipales du 22 mai, les nouveaux conseils municipaux vont se pencher très rapidement sur la question des attestations de titres fonciers ruraux. Le ministre en charge du commerce, Stéphane Sanou, a dit que le gouvernement s’attelle à trouver sept milliards de F CFA pour démarrer les activités de la Société de transformation des fruits et légumes de Loumbila. Il a également mentionné un projet de décret qui fixera aux gros consommateurs publics (casernes, cantines scolaires, prisons, hôpitaux), sept produits locaux à prioriser. Selon le ministre en charge des infrastructures, Eric Bougouma, d’ici la fin du quinquennat, une dizaine de bitumes sera réalisée pour désenclaver des chefs-lieux de provinces et de régions. Le ministre en charge de l’environnement, Batio Nestor Bassière, a indiqué que six guichets du Fonds d’intervention pour l’environnement sont déjà opérationnels. Il a invité les acteurs à soumettre des projets réalistes et réalisables. Le ministre en charge de l’eau et de l’assainissement, Niouga Ambroise Ouédraogo, a exhorté tous les ménages et les structures administratives et informelles qui ne disposent pas de latrines, à prendre attache très rapidement avec ses services centraux et déconcentrés. Selon le ministre, le barrage de Guitti dans la région du Nord est achevé à 99% et il ne reste plus que la mise en eau et le dédommagement des personnes affectées par le projet.
Tilado Apollinaire ABGA
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