Le haut-commissaire de la Comoé, Casimir B. Séguéda, s’est rendu au Centre médical de Niangoloko le 27 juin 2013 afin d’apaiser la crise qui y sévit depuis décembre 2012 et qui s’est exacerbée ces derniers temps. La concertation qu’il a engagée a permis de mettre à nu tout le malaise au sein des travailleurs, malaise qui a souvent été ressenti par les malades et les accompagnants.
C’est au bout de 5 heures d’intenses tractations que le haut-commissaire de la Comoé, Casimir B. Séguéda, est arrivé à faire fléchir les positions au Centre médical (CM) de Niangoloko le 27 juin 2013. Dans ce centre de référence de la commune, le médecin Dah Kopara et le reste du personnel ne parlent pas le même langage depuis plusieurs mois, si fait que ces derniers temps, le personnel souhaite son départ. Des tracts ont même fait le tour de la ville de Niangoloko pour dénoncer les pratiques du médecin. Ce climat malsain s’est ressenti sur la fréquentation du centre par les malades qui, après avoir observé quelques faits et gestes, préfèrent se rendre dans les Centres sociaux et de promotion sanitaire (CSPS) de la ville pour leurs consultations.
Selon les infirmiers à qui la parole a été donné en premier, leur chef n’a aucune considération pour eux, au point qu’il a unilatéralement mis fin aux différentes rencontres périodiques. Au CM, il n’y a pas de visite des malades comme c’est le cas dans tous les centres de soins, raconte un agent. Et l’infirmier Zouli Zongo de porter à la connaissance du premier responsable de la province, qu’à l’exception de quelques privilégiés, les patients séjournent au CM et sortent sans avoir la chance d’être vus par le médecin. De plus, renchérit-il, le dépôt de médicaments ne fonctionne pas et très souvent, « nous manquons de gants pour travailler ». Il sera soutenu dans ses propos par la sage-femme Owona Félicité, qui déplore l’absence de kits SONU (Soins obstétricaux néonatals d’urgence). Toujours selon le principal porte-parole des infirmiers, Zouli Zongo, le médecin Dah Kopara ne cesse de multiplier injures, insolence et frustrations à leur égard. C’est ainsi, dit-il, que l’ex-major Daniel Yaméogo, malgré la formation qu’il a reçue en matière de prise en charge des personnes vivant avec le VIH (PV/VIH), est écarté au profit d’un jeune du nom de Oscar Ouattara qui, lui, n’est pourtant pas formé. « Son manque de considération à notre égard est allé jusqu’à nous empêcher de voir ce que le Premier ministre a consigné dans le livre d’or du CM, lorsqu’il l’a visité en février 2013 », déplore Doubassi Seynou, un agent itinérant de santé. A les entendre, un climat de suspicion règne au CM, tendant à faire croire aux malades que le sport favori des infirmiers est l’arnaque à tout prix. En effet, selon les infirmiers, Dr Dah enquête auprès des malades pour connaître la provenance des médicaments. En clair, il demande à ceux-ci si ce sont les infirmiers qui les leur vendent.
« Nous avons tous failli »
Contre ces différentes accusations Dr Dah Kopara est en porte-à-faux. Il affirme que c’est depuis la nomination de l’attaché de santé Kassoum Traoré comme coordonnateur des soins, en remplacement de l’infirmier d’Etat Daniel Yaméogo qui a pendant longtemps été le major du CM, que les problèmes ont commencé. « Je reconnais que j’ai des difficultés pour communiquer avec les autres mais cela ne veut pas dire que je suis contre les intérêts de qui que ce soit », a-t-il soutenu l’air visiblement surpris par les accusations des infirmiers. Il précise que le changement de coordonnateur de soins est la mise en œuvre d’une instruction de sa hiérarchie qui n’a pourtant pas été jusqu’au bout car, a souligné Dr Dah, Daniel Yaméogo ne devait plus rester au CM au regard de la responsabilité qu’il y a occupée. « Nous avons tous failli puisque j’ai insisté auprès de vous pour qu’il parte », a-t-il lancé à son médecin-chef de district, Dr Maïga, et au DR de la santé, Théophile Sanou, qui étaient aussi de la mission. D’ailleurs, a-t-il précisé, Daniel Yaméogo n’est inscrit dans aucun programme du CM ; au motif qu’il a été responsable du CM, il ne prend pas la garde.
En quittant le CM, Casimir Séguéda a dit sa satisfaction à l’idée que les protagonistes ont tous déclaré la fin de la discorde. Selon lui, la crise qui sévissait était due à un problème de communication. Il a souligné que collaborer devient difficile lorsqu’on ne communique pas. C’est pourquoi il a demandé et obtenu de l’équipe du CM, la reprise de tous les cadres de concertation qui doivent se tenir dans un CM. « Il faut que des dispositions soient prises pour résoudre ce problème de communication, car c’est à travers la communication que tous les autres problèmes trouveront une solution », a-t-il lancé. Les infirmiers ont pris l’engagement de se remettre au travail et d’occuper un bon rang au prochain concours d’excellence du district. Pour ce nouveau départ, le haut-commissaire a instruit le MCD d’organiser dès le 1er juillet 2013, une visite de contrôle qui fera le point du dépôt pharmaceutique.