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Lignes de force / La dépouille de Papa Wemba a Kinshasa : Un cadavre qui rassemble
Publié le vendredi 29 avril 2016  |  Le Pays
Arrivée
© aOuaga.com par Atapointe
Arrivée de la dépouille de Papa Wemba à Kinshasa en RDC
La dépouille de Papa Wemba est arrivée ce jeudi 28 Avril 2016 à Kinshasa sur ses terres. Des milliers de fans lui ont réservé un chaleureux et vibrant accueil de l`aéroport.




C’est à bord de l’avion Patrice Emery-Lumumba (tout un symbole) spécialement affrété par le gouvernement congolais que la dépouille du célébrissime Papa Wemba est arrivée hier matin à l’aéroport international de Ndjili, à Kinshasa. Des personnalités politiques congolaises de premier rang comme le premier ministre Augustin Matata Ponyo et le président de l’Assemblée nationale Aubin Minakou étaient sur le tarmac, alors qu’à l’extérieur de l’aéroport, un nombre impressionnant de fans de l’artiste attendaient, les visages ravagés par la commisération, le cortège mortuaire qui s’ébranlera ensuite vers la morgue de l’hôpital du Cinquantenaire. Au-delà des trémolos que la mort de ce géant de la musique africaine a suscités, on peut retenir de ce douloureux événement les signes d’œcuménisme manifestés par les Congolais, toutes tendances politiques confondues. Car, même s’il a avoué publiquement son soutien au président Joseph Kabila parce qu’il est le président de tous les Congolais, Papa Wemba n’est pas allé plus loin dans la compromission avec les hommes politiques, comme l’ont fait la « Reine du Mutuashi », Tshala Muana, membre du parti au pouvoir et soutien indéfectible de Joseph Kabila, et le regretté Tabu Ley Rochereau, devenu en 2005 vice-gouverneur de la ville de Kinshasa après son adhésion au " Rassemblement congolais pour la démocratie". En clair, Papa Wemba a su rester à équidistance des forces politiques qui se disputent le Congo, et c’est cette neutralité plus ou moins reconnue par tous qui lui vaut les lauriers post mortem que tous lui jettent aujourd’hui. On dit généralement que les morts triomphent toujours des vivants, mais les éloges faits à l’illustrissime disparu dépassent vraisemblablement cette boutade, puisqu’aucun discours dissonant n’a été entendu à son encontre depuis sa sortie de scène pour le repos éternel le 24 avril dernier.

Papa Wemba se considérait comme Africain avant d’être Congolais

La disparition d’une telle icône donne souvent lieu à des polémiques, souvent puériles, comme celles qu’on entend sur certaines ondes congolaises ou qu’on lit sur les réseaux sociaux faisant croire que la mort du « rossignol de la rumba congolaise » n’est pas si naturelle que ça, et qu’elle aurait été provoquée par un individu en mission commandée et dont les images font actuellement le buzz sur le net. En tout état de cause, la mort de Papa Wemba n’affectera pas visiblement les relations entre son Congo natal et la Côte d’Ivoire où il a « cassé son micro », d’autant que la majorité des deux peuples savent qu’il ne s’agit pas là d’un événement unique dans l’histoire, puisque d’autres artistes tout aussi célèbres comme l’Italien Mango, l’Américain Léonard Warren et dans une certaine mesure la sud-africaine Miriam Makeba se sont eux-aussi effondrés sur scène, foudroyés par une crise cardiaque. A Abidjan comme à Kinshasa, on semble avoir pris rapidement la mesure du risque d’intoxication ou de récupération politicienne et indécente de l’événement, et chacun joue sa partition afin d’empêcher que des pêcheurs en eaux troubles ne viennent ajouter à l’immense douleur de la famille et des fans du défunt, un autre drame, celui de la haine et de la division entre Congolais et Ivoiriens, et entre Congolais eux-mêmes. Et c’est certainement pour éviter que Papa Wemba qui se considérait comme Africain avant d’être Congolais, ne se retourne déjà dans son cercueil, que des démentis sont apportés de part et d’autre suite aux rumeurs persistantes sur l’empoisonnement du chanteur. Espérons que les discours rassembleurs du natif de Lubefu lui survivront, et que ses compatriotes dont beaucoup se regardent en chiens de faïence en cette année électorale, tairont leurs légendaires querelles picrocholines. Ne serait-ce que le temps d’accompagner sa dépouille au stade des martyrs le 2 mai prochain, pour un ultime hommage, avant son inhumation prévue pour le 3 mai, dans les faubourgs de Kinshasa.

Hamadou GADIAGA
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