Sanmatenga : Les koglwéogo de Dansamkandé ‘‘envahissent’’ Dablo

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Publié le vendredi 29 avril 2016 | L`Observateur Paalga

© Autre presse par DR
Koglwéogo, groupe d`auto défense

Dablo, commune rurale de la province du Sanmatenga située à environ 90 kilomètres de Kaya, dispose désormais de 02 groupes d’autodéfense, dénommés « Koglweogo » : en effet, contestant la légalité des groupes d’autodéfense mis en place auparavant et relevant de l’association Tarwendpanga de Mané (initiatrice des Koglweogo dans la province), des chefs coutumiers de la localité, sous la houlette du Naaba Karfo, ont sollicité et obtenu l’implantation d’autres groupes locaux de lutte contre l’insécurité par les ‘‘brigadiers’’ de la province du Ziro. Ces derniers exercent sous l’autorité du Naaba Sonré de Dansamkandé (province du Bazèga).

Un cortège d’une cinquantaine d’éléments des groupes d’autodéfense de la province du Ziro, juchés sur des motocyclettes, grosses cylindrées et en partance pour Dablo ont effectué une escale à Kaya dans l’après-midi du mardi 26 avril 2016.

Habillés en tenue de couleur marron et arborant des fusils de chasse en bandoulière, ceux qu’on appelle communément ‘‘Koglweogo’’ portaient chacun un badge où l’on pouvait lire : Province du Ziro/Sapouy ; Association Koglweogo ; nom et prénoms (…) ; Sécurité 2015-2020. Cette présence des ‘‘brigadiers’’ sur le pont Zargogo du secteur n°6 à proximité de la route du marché de bétail nouvellement bitumée à la faveur des festivités du 11-Décembre a retenu l’attention des Kayalais. Les badauds, fortement mobilisés, ont regardé jusqu’au coucher du soleil les nouveaux ‘‘maîtres’’ de la sécurité.

Qu’est-ce qui peut expliquer l’arrivée des Koglweogo de Dansamkandé dans une commune du Sanmatenga, vu que les responsables de l’Association Tarwendpanga de Mané, initiateurs des groupes d’autodéfense dans la province, s’y opposent ? Des éléments Koglweogo du Ziro que nous avons approchés sur les lieux ont refusé de répondre à nos questions. ‘‘Nos chefs sont chargés de communiquer avec vous, les journalistes’’, nous ont-ils signifié. Des chefs qui, selon leurs propos, se sont rendus au commissariat central pour négocier la rétrocession d’armes à feu retirées à leurs guides venus de Dablo par la police de Kaya. Selon les informations, les fusils en question, saisis pour non-présentation de permis de port d’arme et de pièces justificatives, ont été remis aux Koglweogo dans la même soirée. Nous n’avons pas pu obtenir des explications puisque le cortège s’est aussitôt ébranlé pour Dablo.

Des sources jointes au téléphone à Dablo dans la matinée du mercredi ont indiqué que c’est suite à une requête d’une dizaine de chefs coutumiers, avec à leur tête le Naaba Karfo de la localité, que les Koglweogo du Ziro ont effectué le déplacement. Leur mission, ont-ils précisé, est de superviser la mise en place de groupes d’autodéfense dans les villages de cette commune. Ces derniers seront chargés de collaborer avec les forces de sécurité dans la lutte contre l’insécurité et les vols. A la question de savoir s’il n’y aura pas de friction entre anciens et nouveaux Koglweogo dans la localité, nos sources ont confié que les anciens groupes d’autodéfense avaient été implantés par des politiciens sans l’aval des chefs coutumiers. Selon nos informateurs, la cérémonie d’installation des Koglweogo de Dablo par ceux de Dansamkandé s’est déroulée dans une bonne ambiance et a mobilisé un grand monde.

Face à la situation, les responsables de l’association Tarwendpanga de Mané ont organisé une rencontre de concertation dans le village de Nakomgo le mercredi dernier. Joint au téléphone, le porte-parole de la structure, Youssouf Ouédraogo, dit ‘‘Wintooglongo’’ (ndlr : ravin en plein jour en mooré), dit être inquiet de la venue des Koglweogo relevant de Dansamkandé dans la province. « Nous n’avons pas la même conception des rôles et attributions des groupes d’autodéfense et de sécurité. Ici (ndlr : la province du Sanmatenga), nos adhérents ne portent ni tenues de guerre ni armes à feu. Il y a des gens qui veulent politiser le mouvement, et cela risque de dégénérer si l’on n’y prend garde. Nous avons échangé avec le ministre Simon Compaoré à Boulsa le lundi, mais avec ce fait, nous souhaitons qu’il vienne à Kaya personnellement juguler la crise », a-t-il déclaré. Aux dernières nouvelles, les Koglweogo du Ziro ont passé la nuit du mercredi à Dablo d’où ils poursuivront l’implantation des groupes d’autodéfense dans d’autres localités.

D.D.O.