Le 27 avril 2016, le Togo, pays des Gnassingbé, a commémoré le 56e anniversaire de son accession à l’indépendance. Comme à l’accoutumée, avant le défilé civil et militaire qui a eu lieu dans la matinée d’hier, le président de la République, Faure Gnassingbé, s’est adressé à la nation à la veille même de l’évènement. A l’occasion, le chef de l’Etat est revenu sur le projet de décentralisation du pays et les élections locales que tous les Togolais veulent voir organisées dans les semaines ou mois à venir. Et ce n’est pas tout. Car, Faure Gnassingbé a rappelé qu’entre 2006 et 2012, une première vague de réformes politiques, économiques et sociales a permis au Togo de réaliser des progrès importants. Faux, rétorque le chef de file de l’opposition, Jean-Pierre Fabre, qui a d’ailleurs boycotté la cérémonie officielle marquant le 56e anniversaire de l’indépendance du pays. Pour lui, le gouvernement n’a pas respecté les engagements pris devant le peuple togolais et auprès de la communauté internationale, concernant la mise en œuvre des réformes politiques et électorales prescrites par l’Accord politique global de Ouagadougou ainsi que l’organisation des élections locales. De plus, poursuit Jean-Pierre Fabre, les démarches du chef de file de l’opposition, effectuées auprès du gouvernement conformément au droit à l’information, notamment les demandes de documents relatifs à la décentralisation et aux élections locales, sont restées vaines. C’est dire donc que le 56e anniversaire de l’indépendance a été commémoré dans la désunion des fils et filles du Togo.
L’opposition togolaise aura attiré l’attention de l’opinion nationale et internationale
De quoi faire retourner le père de l’indépendance, Sylvanus Olympio, dans sa tombe ; lui et ses compagnons qui n’ont ménagé aucun sacrifice pour que naisse la nation togolaise. Car, au-delà des divergences qui les opposent, pouvoir et opposition auraient dû faire l’effort de dépasser leur ego surdimensionné pour donner un cachet particulier à cette date symbole qui marque l’accession du Togo à la souveraineté nationale et internationale. Et dans le cas d’espèce, on ne peut pas accuser l’opposition d’en faire trop, d’autant plus que le pouvoir togolais donne l’impression de faire dans la mauvaise foi. En effet, alors que l’on attendait un calendrier clair et précis concernant la mise en œuvre des réformes politiques et l’organisation des élections locales, le président Faure Gnassingbé, dans son adresse à la nation, a botté en touche, laissant plus d’un Togolais sur sa soif. Ce qui s’apparente à une pure manœuvre dilatoire, visant à gagner du temps, surtout quand il déclare, à la surprise générale, qu’au moment venu, «il appartiendra à l’Assemblée nationale de retenir les options qui (nous) guideront dans le parachèvement du processus de décentralisation et dans l’organisation des élections locales ». En tout état de cause, en décidant de boycotter les festivités du 27 avril dernier, l’opposition togolaise aura réussi un coup ; celui d’avoir attiré l’attention de l’opinion nationale et internationale sur les turpitudes du régime de Faure Gnassingbé, au moment même où, on le sait, ce dernier est sollicité pour jouer le médiateur entre le nouveau président béninois, Patrice Talon, et son prédécesseur, Boni Yayi qui, depuis 2012, ne sont plus en odeur de sainteté.
Boundi OUOBA