Après Roch Marc Christian Kaboré du Burkina Faso et Faustin Archange Touadéra de la République centrafricaine (RCA), c’est au tour du président béninois, Patrice Guillaume Athanase Talon, d’être reçu à l’Elysée. C’était hier, 26 avril 2016. Comme on le sait, c’est devenu la norme pour tout président africain francophone nouvellement élu de réserver sa première visite officielle à l’ancienne puissance coloniale. Autrement dit, après la légitimité populaire, chaque nouveau président africain cherche à se faire adouber par le grand chef des Blancs pour s’assurer du soutien de ce dernier. Pour le cas de Patrice Talon, cette visite valait bien son pesant d’or pour la simple raison que la France, on se rappelle, lui avait accordé l’exil en 2012, lorsque le torchon avait commencé à brûler entre lui et le président d’alors, Boni Yayi, qui l’accusait à tort ou à raison de vouloir attenter à sa vie.
Cette visite devra permettre de réchauffer les relations entre Cotonou et Paris
N’eût été le concours de la France, il n’y avait aucun doute que Patrice Talon serait descendu aux enfers. Toute chose qui aurait pu compromettre ses chances d’être élu à la tête de l’Etat béninois. C’est dire que pour beaucoup, Patrice Talon reste redevable à la France. Mais comme dit l’adage, « l’arbre ne doit pas cacher la forêt ». Car, au fil du temps, les relations entre Paris et Patrice Talon s’étaient dégradées ; ce dernier ayant ouvertement accusé la France d’avoir soutenu son adversaire Lionel Zinsou lors de la présidentielle du 20 mars dernier. Autant dire que cette visite devra permettre de réchauffer les relations entre Cotonou et Paris, surtout que le président François Hollande a annoncé son soutien au numéro un des Béninois dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Et là, Dieu seul sait si Patrice Talon en a besoin, au regard de sa proximité avec le Nigeria en proie aux attaques terroristes du groupe islamiste Boko Haram. « Le Bénin est préoccupé par le terrorisme, mais nos services de renseignements n’ont pas encore les moyens pour y faire face », a reconnu Patrice Talon, tout en souhaitant le renforcement de la coopération entre le Bénin et la France. L’épreuve du terrain inspire bien souvent le réalisme politique !
B.O