Depuis 2008, la Journée africaine du paludisme est devenue Journée mondiale du paludisme. Une occasion pour interpeller les populations et les autorités à prendre des mesures idoines pour lutter contre la maladie. Cette année, le thème : « En finir définitivement avec le paludisme », reflète la vision d’un monde exempt de la maladie telle que définie dans la Stratégie technique mondiale contre le paludisme 2016-2030. Qu’à cela ne tienne, l’anophèle frappe toujours des millions de personnes dans le monde.
Chaque année, 300 millions de personnes sont atteintes du paludisme, à en croire les statistiques de l’Organisation mondiale de la santé. Le pire est que cette maladie tue plus de 3000 personnes par jour en Afrique subsaharienne. Le taux de mortalité dû au paludisme est d'au moins 85% en Afrique, 8% en Asie du Sud-Est, 5% dans l'Est de la Méditerranée et 1% dans l'Ouest du Pacifique. Actuellement, environ 40% de la population des pays les plus pauvres du monde est exposée au paludisme. Il est responsable de plus d'1 MILLION de décès d'enfants par an ; la plupart d'entre eux ayant moins de cinq ans. Plus précisément, il faut dire que l’OMS estime à 3,2 milliards, le nombre de personnes exposées au risque du paludisme. En 2015, 438 000 personnes sont mortes de la malaria dans le monde. Première cause de mortalité infantile en Afrique, sur les dizaines de millions qui survivent à cette maladie, un bon nombre est handicapé physiquement et mentalement. Qu’à cela ne tienne, il y a eu beaucoup de progrès dans la lutte contre le paludisme. Entre 2001 et 2013, la forte intensification des interventions de lutte antipaludique a contribué à faire reculer de 47% les taux de mortalité imputable au paludisme au niveau mondial, évitant ainsi, selon la Stratégie technique mondiale contre le paludisme 2016-2030, 4,3 millions de décès. Dans la région africaine de l’OMS, ce taux a baissé de 58% chez les enfants de moins de 5 ans. Dans la même période, l’incidence mondiale du paludisme a reculé de 30%.
De la persistance des cas
Malgré ces progrès, la maladie reste endémique dans les six régions de l’OMS et prélève son plus lourd tribut dans la région africaine où surviennent, selon les estimations, 90% du total des décès par paludisme. Environ 40% de la mortalité imputable au paludisme dans le monde est concentrée dans deux pays, le Nigeria et la République démocratique du Congo. Au Burkina Faso plus particulièrement, le taux a baissé considérablement. En 2015, le taux de décès est passé de plus de 5% à 1,2%. Toutefois, le dilemme dans la lutte contre le paludisme reste l’accès aux soins de santé de qualité et aux médicaments. A travers la planète, des MILLIONS de personnes n’ont toujours pas accès à la prévention et au traitement du paludisme tandis que la plupart des cas et des décès ne sont ni notifiés ni enregistrés. Compte tenu de la croissance de la population mondiale prévue d’ici 2030, davantage de personnes vivront dans des pays exposés au risque de paludisme, accentuant encore la pression sur les systèmes de santé et les budgets des programmes nationaux de lutte contre le paludisme.
Le paludisme demeure un problème de santé publique préoccupant au Burkina Faso ; ce, malgré la mise en œuvre de mesures préventives et curatives. Les statistiques recueillies auprès de la Direction générale de l'information et des statistiques sanitaires (DGISS) indiquent qu'en 2008, le paludisme était responsable dans les formations sanitaires de 43,8% des motifs de consultation ; 60,6% des motifs d'hospitalisation; 40,4% des décès. Les enfants de moins de cinq ans restent les plus touchés ; 52% des motifs de consultation ; 77,8% des hospitalisations; 65% des décès.
Conséquences
Le paludisme a plusieurs conséquences négatives. Son impact négatif porte sur l'espérance de vie (décès prématurés), l'éducation des enfants (absentéisme à l'école, séquelles neurologiques), la productivité (absentéisme au travail, baisse de la force de travail, etc.), l'épargne familiale et nationale (coût des médicaments, des hospitalisations, etc.). Au Burkina Faso, les stratégies de lutte préconisées par le Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP) sont la prise en charge correcte et précoce des cas de paludisme dans les formations sanitaires et au niveau communautaire, la prévention du paludisme chez la femme enceinte par le Traitement préventif intermittent (TPI); la lutte anti-vectorielle : promotion de l'utilisation des Moustiquaires imprégnées d'insecticides à longue durée d'action (MILDA), la Pulvérisation intra-domiciliaire (PID), la Lutte anti-larvaire (LAL) et l'assainissement du milieu; la lutte contre les épidémies de paludisme dans le cadre de la surveillance intégrée des maladies et de la riposte.
Définition
Au niveau des formations sanitaires, un cas de paludisme se définit par une température axillaire supérieure ou égale à 37,5°C ou antécédent de corps chaud dans les 72 dernières heures et la mise en évidence du plasmodium dans le sang par un examen microscopique (goutte épaisse/frottis sanguin) ou par un test de diagnostic rapide. De manière opérationnelle, le paludisme est aujourd'hui classifié sous deux formes cliniques : le paludisme simple et le paludisme grave.
Le paludisme simple se définit par une fièvre (température axillaire supérieure ou égale à 37,5°C ou antécédent de corps chaud dans les 72 dernières heures) et la mise en évidence du plasmodium dans le sang par un examen microscopique (goutte épaisse/frottis sanguin) ou par un test de diagnostic rapide et une absence de signe de gravité.
Le paludisme grave se définit comme étant un cas de paludisme à plasmodium falciparum avec au moins un des signes suivants: troubles de la conscience ou léthargie, convulsions répétées; pâleur sévère (anémie grave); prostration (incapable de boire, manger et s'asseoir), détresse respiratoire (respiration profonde, rapide...); Œdème aigu du poumon (OAP), choc ou collapsus cardio-vasculaire (hypotension, pouls rapide, extrémités froides...), hémoglobinurie (urines foncées ou coca-cola), ictère franc, hémorragie spontanée, oligo-anurie (urines rares, voire absentes).
Au vu de tous ces facteurs, il est conseillé aux Etats d’allouer plus de ressources financières dans les programmes nationaux de lutte contre le paludisme, la promotion et la distribution massive de moustiquaires imprégnées d’insecticides à longue durée d’action, les insecticides domestiques homologués, les traitements dans les lieux d’habitations par la pulvérisation intra-domiciliaire et le traitement larvicide des retenues d’eau stagnantes.
Gaspard BAYALA