Du fait de sa proximité géographique avec la Côte d’Ivoire, l’économie de la région des Cascades a pris un coup sévère avec la crise ivoirienne de 2002 à 2011. Deux ans à peine après la fin de cette crise, la reprise économique est au rendez-vous avec en toile de fond de grands chantiers mis en œuvre par le gouvernement et 9ses partenaires, donnant ainsi aux populations une lueur d’espoir de développement de leur région.
Parmi les projets-phares en chantier dans la région des Cascades, il y a le bitumage de l’axe Banfora-Sindou, un tronçon long de 50,30 km. Les travaux ont été lancés par le Premier ministre, Luc Adolphe Tiao, le 21 février 2013 et les populations de la Comoé ainsi que celles de la Léraba en gardent toujours un bon souvenir. Ce, d’autan que ce projet est demeuré, pendant longtemps, un serpent de mer. Il a été annoncé à maintes reprises, sans être exécuté, si bien que les populations ont fini par tomber dans une certaine désillusion. Maintenant, avec les travaux en cours, on ne parle plus que des retombées de ce futur bitume sur le bien-être des populations et les échanges économiques qu’il va favoriser. Car, en même temps qu’elle constitue la liaison principale entre les deux provinces des Cascades (Comoé et Léraba), cette route, financée à hauteur de 26 572 194,70 de dollars US par le Millemium challenge corporation (MCC), va permettre, une fois construite, de booster les échanges, tout en contribuant à l’intensification des relations commerciales et socioculturelles avec les régions des Hauts-Bassins et du Sud-Ouest. En outre, elle facilitera le transport des productions agricoles ainsi que l’accès aux multiples sites touristiques dont la Léraba regorge. A cela s’ajoutent les échanges avec les pays limitrophes de la sous-région que sont le Mali et la Côte d’Ivoire.
Des ressortissants reviennent investir chez eux
Outre ce projet, il y a également, la réalisation du barrage agropastoral de Nérékorosso, situé à la périphérie Sud-Est de Mangodara, à quelque 110 kilomètres au Sud de Banfora. D’une capacité de 1 060 000 m3, ce barrage à vocation essentiellement pastorale a connu plusieurs péripéties avant la fin des travaux et la mise à eau intervenue à partir de juillet 2012. Son financement a été assuré par le budget national et sa construction est venue répondre à un besoin pressant en eau des éleveurs. Car la localité est propice aux activités agricoles et de l’élevage. Et aussi paradoxal que cela puisse paraître, la zone était, jusqu’à la réalisation de ce barrage, confrontée à un sérieux problème de maîtrise de l’eau. Les rares points d’eau disponibles étaient toujours le théâtre de sanglants conflits et affrontements meurtriers entre éleveurs nomades et agriculteurs locaux. Par conséquent, le barrage a été accueilli comme une bouffée d’oxygène et a réduit considérablement le nombre de conflits.
A cette liste de projets, on ne peut pas occulter la réhabilitation, par la République de Chine TaÏwan du Centre de formation professionnelle de l’ANPE, et des sièges de certains services déconcentrés et décentralisés. C’est ainsi que le site de l’ancien stade au cœur de la ville est, depuis le mois d’août 2012, en plein chantier pour abriter le futur hôtel de ville sur financement du Millemium challenge account Burkina. Initialement prévu pour être financé sur fonds communal avec l’appui de l’Etat, le marché aurait été attribué, dans un premier temps, sans que le chantier ne bouge d’un iota. Cela remonte à des années. Actuellement, c’est un autre cas de figure. Sur le site, se dresse désormais un bâtiment administratif de 13 bureaux et un foyer communal. En plus de cela, on annonce l’aménagement des voies d’accès et voie piétonne, des caniveaux et des latrines. Les travaux sont en phase de finition.
Au nombre des chantiers de la ville, on peut adjoindre, la réhabilitation du stade municipal situé au secteur n°7. Prévu pour huit mois, depuis pratiquement avril 2011, le chantier peine à finir. Pourtant, le projet, selon l’entrepreneur, aurait englouti 333 millions de FCFA, du budget du ministère des Sports et des Loisirs, sans compter les avenants. Lors de notre passage sur le chantier, le mercredi 19 juin, le site présentait un décor de science-fiction. Aucune vie humaine sur les lieux. Sur un pan de mur, un écriteau à peine lisible laisse transparaître la suspension du chantier par les contrôleurs du ministère de l’Habitat et de l’Urbanisme pour non-conformité aux règles de construction. Pourtant, lors du passage des membres du gouvernement sur le site le 12 mai 2012, le chantier était déjà réalisé à 40%. Les gradins, la cafétéria et le magasin avaient pris corps. Seul bémol, les vestiaires avaient été oubliés et ne figuraient pas sur le plan de l’entrepreneur.
En dehors de ces projets et chantiers, la "cité du Paysan noir "vit au rythme d’une certaine effervescence économique. Le petit commerce et les affaires ont refait surface. Il en est de même pour les nouveaux riches. Et comme le dit si bien l’adage, « A quelque chose, malheur est bon ». La crise en Eburnie a conduit bon nombre de fils de la région à revenir s’investir dans l’immobilier. C’est ainsi que les secteurs n°8 et 15, nouvellement lotis, ont vu pousser, comme des champignons, des villas et des maisons d’un grand standing.