Alors que l’icône sud-africaine se trouve depuis de longues semaines entre la vie et la mort et que toute l’Afrique du Sud retient son souffle, ses héritiers ne trouvent pas mieux à faire que de se déchirer à propos de viles questions d’héritage et de sous !
Le prétexte ? Une sombre affaire de tombes déplacées sur laquelle se greffe une brumeuse affaire de fondations dont les fonds génèrent des liasses de dollars qui ne sont pas pour déplaire aux héritiers d’un homme dont on retiendra que de toute son existence, il s'est détaché des biens bassement matériels et se sera manifesté par un sens de l’altruisme des plus élevés.
Le conflit familial qui divise les enfants Mandela a connu son faîte avec le dépôt, tout récemment, d’une plainte de la famille contre l’aîné des petits-fils de Madiba «pour manipulation de sépulture». Mais ladite plainte cache mal le conflit qui oppose les membres d’une famille qui se tiraille et se fissure à propos de la gestion de fonds d’investissements qui portent tous l’effigie de Mandela et qui rapportent gros : portraits, posters et empreintes … tout y passe ; les héritiers de Mandela ont choisi de faire feu de tout bois.
Même son numéro matricule mythique de prisonnier à Robben Island, le fameux 46664, est mis à profit et permet de vendre des t-shirts et autres fringues qui rapportent des espèces sonnantes et trébuchantes et épaississent les comptes d’enfants et de petits-enfants qui, pour n’avoir pas vécu les rigueurs du bagne, ne profitent pas moins de l’image du père et du grand-père Mandela.
C'est cependant indécent, tout ça ; surtout en ce moment où le patriarche, pratiquement à l’agonie, lutte pour demeurer en vie, car, enfin, se pose cette terrible interrogation : si les héritiers de Mandela se déchirent tant et sans vergogne pendant que l’homme est en vie, que feront-ils lorsqu’il aura rendu son dernier souffle ?
Il se dit que ce n’est pas là le premier couac qui divise la famille de cet homme qui force l’admiration autant que le respect, mais celui-là est sans doute le plus inopportun parce qu'il intervient au moment même où l’ancêtre peut passer d’un moment à l’autre de vie à trépas. Il est plus qu'indécent de se «bouffer le nez» à propos de sous alors que celui dont l’image les génère se trouve juste à quelques pas de la tombe.
Autant Mandela est un symbole d’altruisme, de générosité et de probité, autant cette portion de sa famille qui se réclame de lui, dans cette sordide affaire de vilains sous, ternit l’image de ce patriarche et se montre quelque part indigne de lui. Dommage, très dommage, car Mandela ne méritait pas cela ; et ce, d’autant plus qu’il vit peut-être ses derniers instants sur la terre.